3.00 La science toponymique
La méthode de recueillir des toponymes afin de constituer des listes probantes est aujourd’hui bien établie. Les consignes méthodologiques de la Société francaise d’onomastique (SFO) donnent un aperçu édifiant sur l’état des lieux de la méthodologie toponomastique contemporaine (voir ici).
L’approche étymologique classique à la toponomastique
Evidemment, l’approche le mieux connue depuis le milieu du XIXe siècle et de l’établissement de la toponomastique comme science pour établir une étymologie ou explication d’un nom de lieu est le recours à des formes écrites antérieures. (Notez d’ailleurs, que l’adjectif ‘ancienne’ est un adjectif à géométrie variable en toponomastique, et – suivant la disponibilité les sources documentaires dans une région donnée – une ‘forme ancienne’ peut se reporter aussi bien à la fin du Moyen Age qu’à l’époque de l’Antiquité). Cette approche documentaire à la toponomastique est tout à fait compréhensible et même justifiée et explique en grande partie que la toponomastique en tant que science dérive de l’établissement de l’histoire et la philologie comme sciences en ce XIXe siècle : nous notons les œuvres pionnières d’Ernst Förstemann (1859) en Allemagne ; Auguste Longnon (1920) en France ; et Allen Mawer & Frank Stenton (1924) en Angleterre. La toponomastique en tant que science fut précédé – en France du moins – par la publication depuis les années 1860 de dictionnaires ‘topographiques’ départementaux qui, écrits en majeur partie par des archivistes formés a l’Ecole des chartes de Paris, fournissaient des formes écrites antérieures des noms de lieux tirés de documents historiques (seuls deux départements bretons possedent de tels dictionnaires topographiques : celui de Rosenzweig (1870) pour le Morbihan et Quilgars (1906) pour la Loire-Atlantique). L’importance des formes anciennes pour élucider les toponymes opaques était donc bien comprise des savants européens dès le deuxième moitié du XIX siècle.
Pour une approche toponomastique intégrale
Moins bien connue pour les études toponymiques est l’importance de bien connaître les prononciations traditionnelles des noms de lieux chez les habitants de chaque contrée, prononciations qui déviaient souvent des prononciations officielles basées généralement sur des formes écrites souvent désuètes dans la langue contemporaine et fréquemment prononcées à la lecture.
L’approche étymologique classique de la toponymie se borne à l’origine d’un toponyme et ne s’intéresse que minimalement au parcours ultérieur du nom de lieu. Cela resemble un peu à raconter la naissance d’un individu sans s’interesser à son développement pendant sa vie. Une approche plus intégrale ou d’ensemble s’intéresse – bien sûr – à l’étymologie et à l’origine du toponyme, mais s’intéresse aussi à la façon que ce toponyme se développe et comment il est perçu par les hommes pendant toute son histoire. Et, en fait, loin d’etre une approche en concurrence avec l’approche étymologique classique, l’approche intégrale est une approche accrue de nos connaissances concernant la toponymie.
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POSTÉ mai 2019.