Au sein des toponymistes anglais du English Place-Name Survey (EPNS) il est évident que depuis les années 1980 il y a eu une réévaluation de la fixation historique de ce projet à longue terme qui débuta en 1923. En 1984, Margaret Gelling déplorait le fait que les toponymistes anglais (dont elle-même) s’étaient concentrés jusqu’aux années 1960 sur les aspects historiques du sujet au détriment de la dimension géographique (ou topographique). Et John Field (1986), un autre toponymiste réformateur anglais, pensait que le but fondamental d’une enquête toponomastique requérait l’inclusion méthodique de l’interprétation des microtoponymes, ce qui impliquait :
“… un élargissement des horizons sémantiques pour inclure des détails de l’histoire agraire et de la pratique agricole, aussi bien que s’adressant aux questions chronologiques des siècles plus récents, et qu’on devait resister à la tentation de limiter son attention au pittoresque ou à l’inhabituel. / … Une étude locale détaillée, à la fois linguistique et topographique, confirmera que tous les noms de champs d’une région méritent d’être collectés et pris en considération … même les noms fréquemment rejetés comme banals, offrent des récompenses au chercheur persévérant … en y ajoutant une dimension intellectuelle importante dans la restauration des paysages historiques.”
À notre avis aussi, la ‘restauration des paysages historiques’ doit être un souci privilégié dans une approche compréhensive à la toponomastique en tant que discipline scientifique ; tout comme des trouvailles archéologiques séparées de leur contextes stratigraphiques, privés de l’optique méthodologique qui vise un traitement compréhensif de tous les toponymes d’une zone délimitée, les analyses étymologiques de toponymes perdent leur ancrage et peuvent pour beaucoup se transformer imperceptiblement en simples jeux de salons.