Prolégomènes
Depuis plusieurs années, l’emploi de symboles phonétiques semble éprouver une certaine mini-crise chez la linguistique en tant que science qui a provoquée une certaine anomie concernant la formulation des buts d’une transcription phonétique. D’un côté, les phonologues, héritiers des dogmes structuralistes, qui ont commencé à devenir dominants vers 1960, ont favorisé une simplification de l’inventaire des symboles phonétiques à transcrire pour décrire la langue de chaque communauté langagière dans le but d’une économie au profit d’une idée chatrée et réductrice de la langue comme s’il ne s’avérait que d’une machine à fonctionnement communicatif ou – plus subtilement – que seuls les aspects systématiques du fonctionnement communicatifs étaient dignes de l’attention des linguistes. D’un autre côté, la montée en puissance de la technologie depuis 1945 qui a crée un nombre croissant adeptes amoureux des moyens instrumentalistes pour analyser les aspects acoustiques de la langue. L’appréciation accrue des capacités croissantes de la technologie – bien justifiées, il faut l’admettre – s’est transformée chez plusieurs en un engouement pour les détails phonétiques, voir ‘micro-phonétiques’, au dépens d’une vue plus large sur la phonétique qui tente de décrire d’une manière pratique la prononciation d’une communauté langagière d’une façon plus intégrale pour secourir ceux qui voudraient employer et/ou comprendre la langue en question. La puissance contemporaine des techniques instrumentalistes d’analyse acoustique a donc amené plusieurs linguistes descriptivistes à se désintéresser des questions de symbolisation phonétique, tant ils sont éblouis par la supériorité des enregistrements et d’autres moyens instrumentaux sur les transcriptions impressionistes. Dans le monde anglo-saxon, du moins, la linguistique de la phonétique est divisée entre des sous-disciplines phonologiques et instrumentalistes (d’ailleurs on à tendance en anglais à désigner ces derniers simplement comme ‘phonéticiens’ comme si la phonétique ne concernait qu’eux seuls) et cette division, hélas, se révèle nuisible à l’intégralité de la discipline.
Le contexte de notre discussion sur la transcription phonétique
Nous nous sommes attelés depuis bientôt 20 ans à comparer l’usage des symboles phonétiques ainsi que les conventions phonologiques utilisés dans les études descriptives dialectologiques relatif aux langues néo-celtiques (soit plus au moins 200 oeuvres) dans un œuvre – toujours en cours de préparation – intitulé An Analysis and Evaluation of IPA Conventions as used with the Celtic Languages (‘Une analyse et une évaluation des conventions de l’API utilisés pour décrire les langues celtiques’). EXPAND un peu.
Ce que représente un symbole phonétique
Nous croyons dans une science de la classification des phones (sons linguistiques) émis par les êtres humains même, s’il peut paraître un peu grandiose d’affubler toutes les approximations qui sont monnaie courante dans la phonétique d’être proprement scientifiques. La phonétique traite de phénomenes non-susceptibles à être analysés encore et toujours dans les mêmes conditions contrôlées exactes comme on peut se le permettre dans les sciences mathématiques. Pour science, entendez l’emploi de méthodologies conduisant à un accroissement progressif des connaissances. On peut se permettre d’analyser la valeur acoustique de phones à l’aide d’instruments techniques, mais l’enseignement de la phonologie nous apprend que l’analyse des valeurs acoustiques se fait par le moyen d’une organisation perceptive du cerveau humain et que la production acoustique et l’organisation de la perception de ces mêmes sons sont élastiques, tout comme l’appareil articulatoire et le cerveau humain sont élastiques. Cette élasticité des sons du langage et de leur organisation fait que nous ne faisons pas face à des produits uniformes issus d’une machine stable mais à des cibles mouvantes, d’où la variation et l’évolution des sons en temps réel, et en un mot – le dynamisme des phones.
A cause du dynamisme du langage, à tous ses niveaux les plus élémentaires, nous sommes forcés d’analyser les phones en termes d’approximations et contextes changeants plutôt qu’en termes absolus. Nous allons donc décrire un phone de la façon qui suit :
Un phone est une station acoustique relativement élastique (produit par un cadre articulatoire) régi dans le contexte d’un ensemble phonologique.
Les stations
Les symboles phonétiques représentent des bornes signalétiques à caractère categorique autour desquels s’identifient approximativent des phones de n’importe quel langue.
Nous préférons ‘phone’ a ‘phonème’ pusique les phonèmes ne sont qu’une interprétation de la réalité phonétique dynamique (donc instable) des phones.