5.01 Terminologie phonétique descriptive
abaissée³ | abaisser⁴ | abaissement⁵ (angl. lowered ~ open) : Un terme descriptif ayant rapport à la qualité des voyelles dûe à la hauteur de la langue sur l’axe vertical de l’espace vocalique. Le terme ‵abaissée′ est communément dit ‵ouverte′ en français mais non seulement nous préférons une analyse qui privilégie les dimensions de l’espace vocalique à une analyse qui privilégie l’ ‵aperture′ de l’articulation, mais l’emploi d’ ‵ouverte′ se prête à la confusion si nous voulons parler de voyelle ‵abaissée′ puisqu’une voyelle ‘ouverte’ peut être comprise comme une voyelle ‵libre′, c’est à dire une voyelle dans une syllabe ‵libre′. Ne pas confondre avec ‵basse′. Anton. haussée.
accentuation⁵ | accentué³ | accentuer⁴ (angl. accent, br. pouez-mouez) : L’ ‵accentuation′ se reporte à la prominence phonétique accordée à un syllabe dans un enoncé. Cette prominence phonétique peut se faire par trois moyens acoustiques : ‵accent intensif′, ‵accent quantitatif′, ‵accent mélodique′. L’adjectif ‵accentué′ (angl. accentuated) se dit d’un syllabe ou un mot qui porte un accent. Préféré à ‵tonique′ (cf. ). Anton. inaccentué.
affrication⁵ | affriqué³ | affriquer⁴ | affricable⁶ (angl. affrication) : L’ ‵affrication′ est l’accompagnement immédiate d’une occlusive par une fricative. L’exemple le plus connu pour les francophones est l’affrication sifflante des t devants voyelles antérieures dans le français québécois (ex. petit tsi au lieu du ti métropolitain) et ce même son se trouve dans l’anglais de Liverpool (ex. tart tsaːt), le russe (ex. царь/tsar tsarʲ). L’affrication chuintante se trouve dans l’anglais (exx. charge tʃaːdʒ | judge dʒədʒ, mots d’origine français médiéval. Nous trouvons cette affrication chuintante dans le Vannetais (ex. kêr tʃe·r | giz dʒis). Nous trouvons aussi une affrication chuintante palatalisée dans la région de Carhaix (ex. kêr ȶɕe·ꝛ | giz ȡʑis) en variation avec variantes palatalisées mais non-affriquées (ex. kêr ce·ꝛ | giz ɟis).
allophone | allophonique³ |(angl. allophone) :
antérieure² : Situation la plus ‵avancée′ d’une voyelle sur l’axe horizontal de l’espace vocalique. Anton. postérieure.
antérieur/postérieur (axe …) (angl. front-back axis) : L’axe ‵antérieur/postérieur′ de l’espace vocalique (aussi l’axe horizontal) est la deuxième axe dimensionnel de l’espace vocalique, se reportant à l’avancement et la rétraction de la langue.
aperture⁵ (angl. aperture) : L’ ‵aperture′ est le degré d’ouverture/fermeture de l’espace buccal situé entre la langue et le dos de la bouche en référence aux qualités vocaliques. Nous préférons nous référer à l’hauteur de la langue plutôt que l’aperture buccal pour désigner la qualité des consonnes, donc nous nous référons à l’axe ‵haut-bas′ pour désigner les changements de qualités des voyelles dans l’ ‵espace vocalique′.
appariement¹ | apparié³ | apparier⁴ (angl. vowel-pair) : Le concept de sons ‵appariés′ est bien connu des phonéticiens descriptifs qui trouvent que dans maintes langues il y a des voyelles ou des consonnes ‵appariées′. L’appariement de versions ‵fortis′/‵lénis′ des occlusives et d’autres consonnes est bien connu en breton (voir ‵archiphonème′ et ‵sandhi′). Le gallois, langue sœur du breton connaît un appariement de versions ‵haussées′/‵abaissées′ des voyelles (Wmffre 2004: 7–8, 29), en distribution complémentaire selon les contextes, que ne connaît pas le breton.
approximante¹ | approximant² (angl. approximant) : Les ‵approximantes′ sont des consonnes dont le relâchement de la langue empêche de les réaliser pleinement comme d’autres consonnes. Il n’y a pas de consensus absolu quant à la définition de consonnes comme approximantes, cela dépend de l’analyse, mais l’aspiration [h/ɦ] n’y est certainement pas inclue par nous sauf dans les versions aspirées des semi-voyelles. Le [l] aussi est classifié comme une approximante, ce qui nous semble justifié, mais nous n’éprouvons pas le besoin d’approximante comme étiquette pour ce que nous désignons ‵nasales′. Les semi-voyelles (dites aussi semi-consonnes) [j-ɥ-w] sont classifiées comme approximantes et cela nous acceptons. Plus clairs pour illustrer le concept d’approximante sont les prononciations bien connues [ɹ-ɻ] (approximante alvéolaire, approximante post-alvéolaire rétroflexe) de l’r anglais qui sont les pendants approximants (ou ‘faibles’) des [r-ɾ] roulés alvéolaires. Ces approximantes rhotiques de l’anglais sont proches du battement rétroflexe [ɽ] du breton trégorrois. Les rhotiques rétroflexes bien qu’approximantes aussi, sont différenciés des autres approximantes par le fait que la langue, en tant qu’organe phonateur, se tend pour retourner sur elle-même. Nous avons aussi les approximantes gutturales (vélaires-uvulaires) [ꭗ-ꝛ] du breton cornouaillais qui sont – phonétiquement parlant – les pendants approximants des fricatives vélaires [x-ɣ] (les deux ne constituant que des allophones contextuelles dans certains dialectes bretons, surtout dans la Basse-Cornouaille). Ces prononciations approximantes et rétroflexes des fricatives vélaires et rhotiques peuvent êtres désignées comme prononciations ‘faibles’ vis-à-vis leurs pendants consonantiques. Préféré à ‵spirante′ ; cf. ‵rétroflexe′, ‵rhotique′.
archiphonème¹ (angl. archiphoneme) : Le concept de l’ ‵archiphonème′ soutenu par Martinet et d’autres ne fait pas l’unanimité chez les linguistes, néanmoins c’est un concept assez utile pour caractériser des phonèmes apparentés dont les traits distinctifs se neutralisent dans certains contextes (‵neutralisation (phonologique)′). L’exemple le plus connu est la neutralisation de la contraste ‵fortis′/‵lénis′ des consonnes – surtout chez les occlusives et les fricatives – en position de pause. Il est d’usage de noter les archiphonèmes en termes phonologiques par des lettres majuscules communs, donc le d-final des mots bretons tad ‘père’, kaled ‘dur’ sera transcrit par l’archiphonème /T/ dans /ta·T/, /ka·lᵊT/, respectivement, l’archiphonème représentant, soit le /d/, soit le /t/ phonémique suivant le contexte et l’interprétation linguistique (pour de détails phonétiques du phénomène, voir ‵sandhi′). Favereau, dans son dictionnaire de 1992 (xii), préféra une convention plus phonétique bien que rédondante, transcrivant les deux mots ci-dessus comme [taːd-t], [kaːləd-t]. Nous voyons l’utilité d’employer le concept d’archiphonème dans un sens un peu plus large et divorcé de ses liens avec la phonémique. Dans cette optique nous voudrions grouper des sons avec des qualités phonétiques rapprochés ensemble sous un symbole phonétique entre barres obliques doubles, p. ex. //e// équivaudrait aux phonèmes /é ~ è ~ ɛ/ sans le besoin de préciser plus, et – pour exemple – le mot tad pourrait être transcrit, soit //ta·T//, soit //ta·d-t//. Nous avons employé la convention des barres obliques doubles avec les voyelles-appariées du gallois (Wmffre 2004: 7–8, 29) mais nous devons admettre que l’emploi de la forme orthographique de la lettre en italiques peut suffire dans la plupart des cas. Néanmoins, l’emploi des barres obliques doubles pourrait se révéler utile dans certaines circonstances.
arrondie³ | arrondir⁴ | arrondissement⁵ : Un terme descriptif ayant rapport à la qualité des voyelles du à la forme des lèvres ; cf. ‵labialisation′. Anton. étirée.
aspiration⁵, voir sous ‘Terminologie phonétique dynamique’.
assourdissement⁵ | sourde² | assourdir⁴ | (angl. unvoiced ~ voiceless) : L ‵assourdissement′ (ou dévoisement) se reporte à une réalisation de consonnes occlusives et fricatives sans vibration des cordes vocales. Les consonnes sourdes sont appariées en tant que formes ‵fortis′ avec des équivalents ‵sonores′ (ou ‵lénis′). Pour la relation de l’aspiration à l’assourdissement, voir ‵sourde-aspirée′. Préféré à ‵dévoisement′. Anton. sonorité.
asyllabique² (angl. syllable) : Adjectif se reportant au manque de La ‵syllabe′ est une unité inintérrompue du langage oral qui conditionne l’ ‵accentuation′. Il se compose fondamentalement du ‵noyau syllabique′ et peut être accompagné d’une ossature consonantique composée d’une ‵attaque′ (consonne(s) précédant le noyau) et/ou d’une ‵coda′ (consonne(s) suivant le noyau) ; cf. ‵rime′. Anton. syllabique.
atone² (angl. atonic), voir inaccentué.
attaque¹ (angl. onset) : Un terme d’analyse de l’ossature syllabique, l’ ‵attaque′ est la consonne ou ‵groupe (consonantique)′ qui précède le ‵noyau′ d’une ‵syllabe′.
attaque¹ (accent d’ …) (angl. onset accent, br. pouez-mouez boulc’ha) : L’accent d’attaque est un ‵accent intensif′, qui se place sur le début du mot (position ‵initiale′) ayant donc la fonction démarcative de délimiter les mots. En breton, l’accent d’attaque revêt une importance dans la Zone Intermédiaire ou il remplace le positionnement pénultième fixe de l’accent intensif du domaine KLT. Du fait que les mots à trois syllabes sont infiniment plus nombreux en breton que les mot à quatre syllabes ou plus, on pourrait mal-identifier l’accent d’attaque à un accent ‵antépénultième′ (‵proparoxytonique′), ce qu’il n’est fondamentalement pas, comme l’illustre l’accentuation dans les mots kanerez ‘chanteuse’ et son dérivé pluriel kanerezed dans le breton du pays Fanch (ˈkɑ͂·nərəz, ˈkɑ͂·nərəzəd [Humphreys 1995: 62]). Dans la Zone Intermédiaire, l’accent d’attaque s’accompagne d’une montée mélodique sur la syllabe finale (pour plus de détails voir ‵accent mélodique′).
avancement⁵ | avancée³ | avancer⁴ | (angl. fronting, fronted²) : Un terme descriptif ayant rapport à la qualité des voyelles du à l’avancement vers l’avant de la cavité buccale de la langue sur l’axe horizontal de l’espace vocalique. Anton. rétraction.
basse² : Situation la plus basse des voyelles sur l’axe vertical de l’espace vocalique. Ne pas confondre avec ‵abaissée′. Anton. haute.
bilabiale² (angl. bilabial) : Une ‵bilabiale′ ou consonne bilabiale inclue les couples ‵fortis′/‵lénis′ [p/b | hm/m] ; cf. ‵labialisation′. Préféré à ‵labio-dentale′.
brève² | brèvité¹ (angl. short) : L’adjectif ‵brève′ est une valeur de ‵quantité′ qui se reporte aux sons ‵brèves′ (soit voyelles, soit consonnes) par opposition aux sons ‵longues′ ; cf. ‵raccourcissement′. Anton. longue.
centrale² | centralisé³ | centraliser⁴ | centralisation⁵ | centralisant⁶ (angl. centralisation) : L’adjectif ‵centrale′ désigne la zone intérieure de l’espace vocalique, ni ‵haute′, ni ‵basse′, ni ‵antérieure′, ni ‵postérieure′. Le schwa, autrement la voyelle centrale ou neutre [ə], est au centre même de la zone centrale de l’espace vocalique. Ne pas confondre avec ‵médiane′ ni ‵moyenne′. Il est aussi un terme descriptif ayant rapport à la qualité des voyelles vis-à-vis la zone centrale de l’espace vocalique ; cf. ‵décentralisation′. Préféré à ‵neutralisation′. Anton. colorée & colorisation.
chuintante¹ | chuintant² | chuinter⁴ | chuintement⁵ (angl. shibilant ou hush sibilant) : Une ‵chuintante′ ou consonne chuintante est une fricative alvéolaire de type ‵sibilante′ semblable à une ‵consonne sifflante′ sauf que l’arrière de la langue est cette fois-ci à une forme plus applatie et le flux d’air en est moins intense. Les lettres chuintantes typiques sont ch-j [ʃ-ʒ].
close³ | clore⁴ | closure⁵ (angl. checked ~ closed) : Un terme contextuel décrivant la ‘fermeture’ d’une syllabe finale par une consonne ou ‵groupe (consonantique)′. L’emploi de ‵fermé′ se prête à la confusion si nous voulons parler de voyelle ‵close′ puisqu’une voyelle ‘fermée’ peut être compris comme une voyelle ‵haussée′. Préféré à ‵fermée′, ‵bloquée′, ‵entravée′, ‵bridée′, ‵couverte′. Anton. libre.
coda¹ (angl. coda) : Un terme d’analyse de l’ossature syllabique, la ‵coda′ est la consonne ou ‵groupe (consonantique)′ qui suit le ‵noyau′ d’une ‵syllabe′ ; cf. ‵rime′.
consonantique² | consonantisme⁵ : On parle de ‵consonantisme′ quand on veut se reporter à une consonne ou un ‵groupe (consonantique)′ quelconque sans pour autant préciser les détails phonétiques.
contexte¹ | contextuel² (angl. context) : Le ‵contexte′ des sons est, fondamentalement, le positionnement et le conditionnement syllabique d’un son dans un mot/nom vis-à-vis du mot, de l’ensemble accentué, ou du mot suivant. Des exemples de termes contextuels sont : (syllabes) ‵close′ | ‵libre′ ; (positions syllabiques) ‵initiale′ | ‵médiale′ | ‵finale′ | ‵pénultième′ ; (situations) ‵pausale′ | ‵sandhi′ | ‵intervocalique′ ; (mutations) ‵lénition′ | ‵spirantisation′ | ‵provection′ | ‵nasalisation′ | ‵aspiration′ | ‵léniprovection′ | ‵radicale′.
court², voir raccourcissement.
dégagée², voir libre.
dentale¹ | dental² | dentaliser⁴ | dentalisation⁵ (angl. dental) : Les ‵dentales′ sont toute consonne qui montre une articulation dentale [t/d | θ/ð | hn/n] ; cf. ‵fricative dentale′.
dentale² (fricative¹ …) (angl. dental fricative) : Les ‵fricatives dentales′ [θ/ð] sont des sons qui se trouvaient dans le breton (comme en gallois aujourd’hui). Nous employons la convention mimétique <th, dh> pour les écrire. Ils ont perdurés dans le Sud bretonnant jusqu’au XVIIIe siècle d’après Lhuyd (1709) et jusqu’au tournant du XXe siècle dans le haut-vannetais en tant que lénition et spiratisation d’après Guillevic & Le Goff (1902: 7). Si l’existence de la fricative dentale lénis [ð] est autrement attesté dans le breton du XXe siècle dans certains dialectes haut-vannetais en tant que lénition (ex. de dheskeyn (st. da ziski) [LOIC; (Baud) pc. Humphreys]), il n’en va pas de même pour la fricative dentale fortis [θ] ce qui laisse planer une doute sur le témoignage par trop laconique de Guillevic & Le Goff qaunt à son existence. Il est certain que la fricative dentale lénis est un trait phonétique ‵rcessif′ en haut-vannetais où il est remplacé par un [z] ou par un ‵rhotacisme′ [r] (ex. de reskeyn < de dheskeyn). Il semble bien probable que c’est la perduration du dh jusqu’à une date moins reculée qui explique le d en tant que ‵défriqué′ en position intervocalique à Sein (ex. boudar < *boudhar (st. bouƶar) | badidi < *badedhi (st. badeƶi)) (Fagon & Riou 2015: 14) et certains classes de non-lénition dans trégorrois (ex. me a debr < *me a dhebr) (Hewitt 2001).
dévoisement⁵ | dévoisée² | dévoiser⁴, voir assourdissement.
diagonal (axe …) (angl. horizontal axis), voir étirée-arrondie.
diphtongue¹ | diphtongal² | diphtongué³ | diphtonguer⁴ | diphtongaison⁵ (angl. diphthong) : Une diphtongue se reporte à un noyau syllabique qui contient une voyelle et une ‵semi-voyelle′. Il y a deux types de diphtongues, la ‵diphtongue fermante′ et la ‵diphtongue ouvrante′, dont le premier est le diphtongue par excellence, la ‵diphtongue ouvrante′ étant susceptible d’être interprétée comme simplement une consonne suivi d’une voyelle. Au contraire des diphtongues qui sont monosyllabiques, les soi-disants ‵diphtongues centralisantes′ sont en fait des suites vocaliques que nous désignons ‵hiatismes′ ; cf. ‵monophtongue′, ‵coalescence′.
diphtongue¹ centralisante (angl. centring diphthong), voir diphtongue & hiatisme.
disyllabe¹ | disyllabique² | disyllabisé³ | disyllabiser⁴ | disyllabisation⁵ (angl. disyllable) : Ce terme a deux acceptations :
- Primo, un mot ou suite de sons contenant deux syllabes, cf. ‵monosyllabe′, ‵trisyllabe′, ‵tétrasyllabe′, ‵pentasyllabe′ ;
- Secundo, et plus précisément, à un ‵disyllabe hiatique′ que nous désignons ‵hiatisme′ , là où deux voyelles ‘syllabiques’ sont consécutives.
La disyllabification décrit un changement phonétique s’appliquant soit à :
- des monosyllabes comme falc’h ‘faux (agr.)’ skoulm ‘nœud’ qui dans certains dialectes bretons se disyllabisent en ˈfaləx ~ ˈfalax et ˈskulum (pour la précision on préférera ‵svarabhakti′ pour ce type de disyllabification) ;
- ou, des monosyllabes comme kêr ‘ville’, pell ‘loin’ qui dans certains dialectes bretons se disyllabisent en ˈke·ər ~ ˈke·ar et ˈpi·əl ~ ˈpi·ɛl (pour la précision on préférera ‵fracture′ pour ce type de disyllabification).
disyllabe¹ hiatique (angl. hiatic disyllable), voir hiatisme.
douce², voir lénis.
durée⁵ (angl. duration) : Le dérivé abstrait ‵durée′ s’emploie dans des contextes phonétiques précis, issus de mesures instrumentales, plutôt que dans des contextes phonétiques impressionistes ou phonémiques où l’on préfèrera le terme ‵longueur′ ; cf. ‵quantité′.
durée⁵ (accent de …), voir accent quantitatif.
espace¹ vocalique : Concept schématique pratique permettant de situer toute voyelle dans un cadre unique. Il faut toujours garder en tête que, tout en étant rapproché aux positions articulatoires de la langue pour produire des effets vocaliques, l’ordonnement tridimensionnel de l’espace vocalique n’équivaut pas à 100% au positionnement articulatoire de la langue ; la forme et la position des lèvres y est contributeur. Le cadre de l’espace vocalique prend, en premier lieu, pour modèle, le positionnement articulatoire du haut de la langue sur deux axes : vertical (‵haut-bas′), et horizontal (‵antérieur/postérieur′), et intègre un troisième axe ‘diagonal’ qui représente un tout autre aspect articulatoire, la forme des lèvres (‵étirée-arrondie′). Cet espace vocalique ‘à trois dimensions’ se présente en forme schématique bidimensionnelle comme un triangle reliant les trois voyelles polaires [i–a–u]. L’espace vocalique est illustré sur 5.03 L’espace vocalique, et nous justifions aussi là le choix d’un espace vocalique triangulaire plutôt que quadrilatéral (voir aussi 7.01 Geoff Lindsey ‘L’espace vocalique’ 2013).
étirée³ | étirer⁴ | étirement⁵ (angl. spread) Un terme descriptif ayant rapport à la qualité des voyelles du à la forme des lèvres ; cf. ‵labialisation′. Anton. arrondie.
étiré-arrondi (axe …) (angl. spread-rounded axis) : L’axe ‵étiré-arrondi′ de l’espace vocalique (aussi l’axe ‘diagonal’) est le troisième axe dimensionnel de l’espace vocalique, se reportant à la forme des lèvres.
étroite² (transcription …) (angl. narrow transcription) : Se dit d’une transcription phonétique qui tient en compte les réalisations phonétiques précises. Une transcription étroite peut couvrir plusieurs degrés de précision. Les symboles phonétiques sont transcrites par nous toujours en caractères gras (même dans les citations d’œuvres où ils ne sont pas en caractères gras, nous justifions cette rédaction ‘voilée’ (angl. silent editing) par des raisons de cohérence pour faciliter la lecture). Hors cas spécifiques où une transcription étroite côtoie une transcription ‵large′ du même mot/nom/locution/ phrase, nous ne mettons de ‵crochets′ qu’autour d’un son/de sons pures (ceux qui ne sont ni mots/noms ni suffixes/préfixes), donc [a] pour le son, mais a pour le mot (ici, breton ha). On ne manquera pas de remarquer que la transcriptions des mots/noms/locutions/phrases sans crochets n’éclaire pas au lecteur si la transcription est censée être ‵phonétique′ ou ‵phonémique′ ; la réponse est que les transcriptions phonétiques sans aucun type de parenthèses sont en fait censés êtres des transcriptions phonétiques assez étroites sans l’être trop. En bref et sans dévelopepr trop : nous nous refusons dans le HLBI à une dichotomie méchaniste et largement superflue qui voudrait qu’il y ait toujours une transcription phonémique correspondant à toute transcription phonétique et nous penchons pour l’utilisation d’une transcription ‵supra-oppositionnelle′ qui retient compte – à tout moment – des oppositions phonémiques existantes mais qui inclut, en plus, la transcription de sons allophoniques existants (Wmffre 2013a: 510–13). Se dit aussi ‵transcription fine′ ; cf. ‵crochets′, ‵phonétique′. Ant. transcription large.
fermante² (diphtongue¹… ) (angl. falling diphthong) : La ‵diphtongue fermante′ est la diphtongue par excellence, une diphtongue où le premier élément est vocalique (syllabique) et le deuxième élément une ‵fermeture′ (semi-voyelle non-syllabique). Préféré à ‵descendante′ & ‵décroissante′ ; cf. ‵glissante de fuite′. Ant. diphtongue ouvrante.
fermée¹ (angl. closed), voir haussée (qualité vocalique) et close (contexte syllabique).
fermeture¹ (glide¹ de) (angl. off-glide) : Ce terme signifie un ‵glide de fermeture′ (semi-voyelle non-syllabique) qui suit l’élément vocalique (syllabique) de la diphtongue dans une ‵diphtongue fermante′. Préféré à ‵glissante de fuite′.
finale² (angl. final) : Position syllabique correspondant à la dernière syllabe d’un mot. Préféré à ‵oxyton′, ‵ultième′.
forte, voir fortis.
fortis (angl. lenis) : Terme phonologique qui permet de traiter d’une façon un peu plus abstrait une opposition binaire entre consonnes ‵fortis′/‵lénis′. Pour plus de détails, voir ‵lénis′. Préféré à ‵douce′. Anton. lénis.
fricative¹ | fricatif² | fricatiser⁴ | frication⁵ (angl. fricative) : Les ‵fricatives′ sont toute consonne qui présente une frication [f/v | θ/ð | χ/ʁ | x/ɣ | ꭗ/ꝛ | ç/ʝ | ɕ/ʑ | s/z | ʃ/ʒ] . On peut regrouper certaines fricatives sous les catégorisations génériques de ‵sibilantes′, ‵gutturales′. Nous préférons fricatiser à fricativiser bien que ce dernier est plus commun en français ; cf. ‵défrication′, ‵fricative dentale′, ‵fricative vélaire′.
glide¹ (angl. glide). Nous préférons l’emploi de ‵glide au lieu de ‵semi-voyelle′ dans les contextes positionnels qui différencient un ‵glide de fermeture′ d’ ‵un glide d’ouverture′, voir sous ces termes. Cet emprunt récent de ce terme de linguistique anglais est à prononcer [glid], bien que beaucoup de linguistes français le prononcent à l’anglaise [glajd] (on a aussi essayer de lancer le mot correspondant français à sa place ‵glissement′ et ‵glissante′, mais sans succès apparent à notre connaissance).
glissante¹, voir glide.
glissante¹ d’attaque, voir glide d’ouverture.
glissante¹ de fuite, voir glide de fermeture.
glissement¹, voir glide.
groupe⁵ consonantique (angl. (consonant) cluster) : Les ‵groupes consonantiques′, un suite ou groupe de consonnes ‘entassés’ ensemble, sont aux consonnes un peu ce que sont les ‵diphtongues′ aux voyelles. Une tendance de longue date de la langue bretonne est de ne pas tolérer les groupes consonantiques, surtout en position finale, et de les désagréger. Ceci se voit en comparant des mots bretons avec des groupes consonantiques comprenant d + sonantes à leurs cognats gallois qui sont – eux – plus proches du consonantisme d’origine : br. gwer – gall. gwydr | br. loen – gall. llwdn | br. seul – gall. sawdl | br. moereb – gall. modryb | np. br. Kanou – gall. cadno | br. banal – gall. banadl | br. arar – gall. aradr.1Il importe de dire que nous avons présenté les formes standards galloises et que les dialectes de cette langue montrent un nombre de façons de simplifier ces groupes consonantiques par désagrégation de type ‵amuïssement′ ou ‵svarabhakti′ (Wmffre 2003: 314–33). Aux amuïssements historiques établis dans ces mots on peut comparer les ‵désagrégations′ en position finale (‵apocopes consonantiques′) en breton parlé dans des mots contenant des groupes consonantiques comme tr–str et bl : pôtr (st. paotr) > pôt’ | mestr > mest’ > mes’ | pobl > pob’ | posubl > posub’ ; cf. ‵désagrégation′. Préféré à ‵agrégat consonantique′.
gutturale¹| guttural² | gutturalisation⁵ (angl. guttural) : Une ‵gutturale′ ou consonne gutturale est une catégorisation générique utile regroupant certains sons fricatifs domaux (la partie arrière du palais se décrit ‵domal′ et s’oppose à la partie ‵denti-alvéolaire′ avant du palais) proches phonétiquement l’un de l’autre nous permettant ainsi d’éviter de trop préciser entre fricatives ‵uvulaires′ [χ/ʁ], ‵vélaires′ [x/ɣ], ‵vélaires palatalisées′ [ç/ʝ] ou ‵approximantes gutturales′ [ꭗ/ꝛ], qui tous s’opposent aux autres fricatives (les sibilantes [s/z | ʃ/ʒ | ɕ/ʑ], les dentales [θ/ð], et les labiodentales [f/ꝩ/v]) ainsi qu’aux ‵aspirées′ non-fricatives [h/ɦ].
haussée³ | hausser⁴ | haussement⁵ (angl. raised ~ closed) : Un terme descriptif ayant rapport à la qualité des voyelles du à la hauteur de la langue sur l’axe vertical de l’espace vocalique. Le terme ‵haussée′ est communément dit ‵fermée′ en français mais non seulement nous préférons une analyse qui privilégie les dimensions de l’espace vocalique à une analyse qui privilégie l’ ‵aperture′ de l’articulation, mais l’emploi de ‵fermée′ se prête à la confusion si nous voulons parler de voyelle ‵haussée′ puisqu’une voyelle ‘fermée’ peut être comprise comme une voyelle ‵close′, c’est-à-dire une voyelle dans une syllabe ‵close′. Ne pas confondre avec ‵haute′. Anton. abaissée.
haute² : Situation la plus basse d’une voyelle sur l’axe vertical de l’espace vocalique. Les voyelles hautes sont intiment liées à des pendants non-vocaliques appelés ‵semi-voyelles′. Ne pas confondre avec ‵haussée′. Anton. basse.
haut-bas (axe …) (angl. high-low axis) : L’axe ‵haut-bas′ de l’espace vocalique (aussi l’axe vertical) est la première axe dimensionnel de l’espace vocalique, se reportant à la hauteur de la langue et la fermeture de l’ ‵aperture′.
hauteur⁵ (accent de …), voir accent mélodique.
hiatisme⁵ | hiatiques² (angl. hiatism) : Un ‵hiatisme′ est une suite vocalique composée de deux voyelles sans autre élément intervenant. L’origine des hiatismes se trouve, soit dans l’amuïssement d’une consonne intermédiaire, soit dans la ‵fracture′ vocalique d’une voyelle monophtongue. L’emploi généralisé – même chez les linguistes – de l’unique terme ‵diphtongue′ pour deux types de réalisations bien distinctes est d’un ordre d’ambiguité inacceptable pour les besoins de l’analyse linguistique et de fait nous distinguons la diphtongue qui est monosyllabique de l’ ‵hiatisme′ qui, lui, est disyllabique. En accord avec nos préférences générales, nous avons préféré employer un mot unique, un néologisme, ‵hiatisme′ à la locution plus transparente ‵disyllabe hiatique′. Le disyllabe hiatique (hiatisme) se distingue de ‵disyllabe′ dans son application phonétique pour deux voyelles consécutives séparés par une consonne. La ‘diphtongue centralisante’ est un ‘hiatisme’ avec la voyelle centrale [ə] comme deuxième voyelle. Préféré à ‵diérèse′.
hiatisme⁵ diphtongué (angl. diphthongised hiatism) : Un ‵hiatisme diphtongué′ n’est ni à proprement parlé un ‵hiatisme′ ni un ‵diphtongue′ mais le résultat d’un hiatisme où le première voyelle s’est diphtonguée. Nous pouvons donner pour exemple la prononciation du breton central Youan vian comme juwən ˈvijən où les semi-voyelles antihiatiques sont apparues pour contrer la tendance des prononciations antrieures en hiatus (ju·ən ˈvi·ən) à se monophtonguer (ju·n ˈvi·n). Dans ce cas précis la diphtongaison semble se développer en parallèle avec la réduction de la deuxième voyelle du hiatisme.
hiatus¹ | hiatique² (angl. hiatus) : Le hiatus est simplement l’absence de son/consonne entre deux voyelles contiguës. En anglais hiatus s’emploi aussi pour désigner les deux voyelles contiguës séparées par un hiatus dans notre sens, ce qui nous à amener à préférer un terme désambiguant hiatic disyllable ; cf. ‵hiatisme′ & ‵antihiatique′.
horizontal (axe …) (angl. horizontal axis), voir antérieur/postérieur.
ich-Laut¹ (angl. ich-Laut) : Le ‵ich-Laut′ est le nom de la fricative vélaire palatalisée sourde (transcrit [ç]). Il est très semblable à l’approximante palatale aspirée (transcrit [hj] ou [j̊]), la différence entre eux étant se resumant à une question de frication ou manque de frication. Les degrés possibles de frication font que la distinction entre ces deux sons ne sont pas toujours aisés à faire, et cela se voit dans le fait que Plourin (HP-SEIG 2014: 43) le décrit comme un “yod sourd” et dans la convention du HLBI de noter ce son orthographiquement par le digraphe <hy>.
inaccentué² (angl. unstressed, br. dibouez-mouez) : Se dit d’une syllabe ou un mot qui ne porte aucun accent. Préféré à ‵non-accentué′ et ‵atone′. Anton. accentué.
initiale² (angl. initial) : Position syllabique correspondant à la première syllabe d’un mot ; cf. ‵accent d’attaque′.
intensif² (accent …) | intensité⁵ (angl. stress accent, br. taol-mouez) : Une mise-en-valeur de la syllabe accentuée par une intensification supérieure de la phonation. Les phonéticiens français en général emploient l’adjectif ‵tonique′ pour dénommer un accent intensif en dépit du fait que l’adjectif ‵tonique′ se reportait à l’origine à l’ ‵accent mélodique′ (voir Mounin 1974: 115, 326). À cause de l’ambiguïté qui en résulte, nous préférons l’adjectif ‵intensif′ à ‵tonique′ (nous avons néanmoins conservé ‵tonique′ dans le sens d’ ‵accentué′ dans les dérivés ‵prétonique′ et ‵post-tonique′ pour les besoins du HLBI). Cette ambiguïté lié à ‵tonique′ explique aussi notre préférence pour ‵inaccentuée′, ‵finale′ et ‵pénultième′ au lieu d’ ‵atone′, ‵oxytonique′ et ‵paroxytonique′ pour les positions accentuelles. En breton, l’accent intensif est, typiquement, sur la penultième syllabe d’un mot en domaine KLT (pedenn, pedennou), sur la première syllabe dans la Zone Intermédiaire (pedenn, pedennaou) et sur la dernière syllabe en haut-vannetais (pedenn, pedenneu). Préféré à ‵accent d’intensité′ | ‵accent tonique′ | ‵accent dynamique′ | ‵accent d’énergie′.
intervocalique² (angl. intervocalic) : Une situation consonantique se reportant à une consonne située entre deux syllabes (voyelles, diphtongues) ; cf. ‵contexte′. Sauf coïncidence, ne pas confondre avec ‵médiale′.
labiale², voir labialisation.
labialisation⁵ | labial² | labialisé³ | labialiser⁴ (angl. labialisation) : Ce terme a deux acceptations :
- Primo, comme terme de phonétique articulatoire concernant la qualité des voyelles (surtout à ne pas confondre – comme il arrive communément – avec ‵labiovélarisation′). La labialisation constitue un troisième axe transversal (ajouté aux axes ‵antérieur/postérieur′ et ‵haut-bas′), basé, non sur la position de la langue comme eux, mais sur la forme des lèvres. On distingue, en général, trois formes de lèvres qui sont : ‵étirée′ | ‵neutre′ | ‵arrondie′.
- Secundo, comme terme décrivant des consonnes, l’adjectif ‵labiale′, se trouve dans les termes composés : ‵bilabiale′, ‵labiodentale′, ‵labiovélaire′, ‵labiopalatale′.
labiodentale² (angl. labiodental) : Une ‵labiodentale′ ou consonne labiodentale inclue le couple ‵fortis′/‵lénis′ [f/v] ; cf. ‵labiodentalisation′, ‵labialisation′. Préféré à ‵labio-palatale′.
labiopalatale² (angl. labiopalatal) : Une ‵labiopalatale′ ou consonne labiopalatale inclue le couple ‵fortis′/‵lénis′ [hɥ/ɥ] ; cf. ‵labiopalatalisation′, ‵labialisation′.
labiovélaire² (angl. labiovelar) : Une ‵labiovélaire′ ou consonne labiovélaire inclue le couple ‵fortis′/‵lénis′ [hw/w] ; cf. ‵labiovélarisation′, ‵labialisation′. Préféré à ‵labio-vélaire′.
large² (transcription …) (angl. broad transcription) : Se dit d’une transcription phonétique qui tient en compte les réalisations phonétiques les plus saillants sans se perdre en détail. Ce terme équivaut, grosso modo, à une transcription dite ‵phonémique′, sauf à la différence qu’une transcription large peut couvrir plusieurs degrés de précision ; cf. ‵barres obliques′, ‵phonémique′. Nous préférons généralement l’utilisation une ‵transcription supra-oppositionnelle′. Ant. transcription étroite.
lénis (angl. lenis) : Terme phonologique qui permet de traiter d’une façon un peu plus abstrait une opposition binaire entre consonnes ‵fortis′/‵lénis′ qui existe (ou existait) à divers degrés dans tous les langues celtiques. En breton l’opposition ‵fortis′/‵lénis′ équivaut à une opposition ‵sourde′/‵sonore′ chez les occlusives et les fricatives, mais à une opposition d’aspiration ou de longueur chez les sonantes, et d’aspiration chez les semi-voyelles. On peut postuler, qu’à l’origine, l’opposition de ‵fortis′/‵lénis′ entre occlusives en breton mettait l’emphase sur l’aspiration – comme dans le gallois et les langues gaéliques – plutôt que sur la sonorité, mais il ne semble pas qu’il reste de traces d’aspiration d’occlusives en breton sauf – peut être – dans certaines prononciations emphatiques, p. ex. breton central peter ! (< st. petra) ! pɛtʰəꝛ ! . Préféré à ‵douce′. Anton. fortis.
libre² | libérer⁴ | libération⁵ (angl. unchecked ~ open) : Un terme contextuel décrivant une syllabe finale qui finit par voyelle ou diphtongue. L’emploi d’ ‵ouverte′ pour ‵libre′ se prête à la confusion si nous voulons parler de voyelle ‵libre′ puisqu’une voyelle ‘ouverte’ peut être compris comme une voyelle ‵abaissée′. Préféré à ‵ouverte′, ‵dégagée′, ‵non-bloquée′, ‵non-close′. Anton. close.
liquide¹ | liquide² (angl. liquid) : Le terme ‵liquides′ (ou consonnes liquides) est un terme parapluie qui recouvre les deux sonantes l et r.
localisation¹ | localisationnel² | localisé³ | localiser⁴ (angl. location) : La ‵localisation′ des voyelles dans l’espace vocalique est important pour comprendre l’évolution et la correspondance des voyelles et des diphtongues. Il faut toujours garder en tête que, tout en étant rapproché aux positions articulatoires de la langue pour produire des effets vocaliques, l’ordonnement tridimensionnel de l’espace vocalique n’équivaut pas complètement à l’emplacement articulatoire de la langue, la forme et la position des lèvres y est contributeur. Nous préférons restreindre l’emploi de ‵position′ pour le positionnement des syllabes dans les mots.
longue² | longueur¹ (angl. long) : L’adjectif ‵longue′ est une valeur de ‵quantité′ qui se reporte aux sons ‵longues′ (soit voyelle, soit consonne) par opposition aux sons ‵brèves′. Le dérivé abstrait ‵longueur′ s’emploie dans des contextes phonétiques impressionistes plutôt que dans des contextes phonétiques précis, issus de mesures instrumentales ou l’on préfèrera le terme ‵durée′ ; cf. ‵allongement′. Anton. brève.
médiale² (angl. medial) : Le terme ‵médiale′ se reporte à la position syllabique correspondante à une syllabe à l’intérieur d’un mot qui ne se trouve ni à l’ ‵initiale′ ni à la ‵finale′ d’un mot ; cf. ‵pénultième′. Ne pas confondre avec ‵médiane′ et, sauf coïncidence, ne pas confondre avec ‵intervocalique′.
médiane² (angl. medial) : Le terme ‵médiane′ se reporte à la situation à mi-chemin sur l’axe horizontal entre ‵antérieure′ et ‵postérieure′ dans l’espace vocalique. Ne pas confondre avec ‵moyenne′ & ‵centrale′ & ‵médiale′.
mélodique² (accent …) | mélodie⁵ (angl. pitch accent, br. ton-mouez) : L’ ‵accent mélodique′ est une mise-en-valeur de la syllabe accentuée par une montée du ton mélodique de la phonation. En breton, l’accent mélodique semble exister dans la dernière syllabe en ‵pause′ du breton de la Zone Intermédiaire – dans le Pays Fanch du moins (Humphreys 1995: 58, 65–67) – coexistant avec un ‵accent intensif′ sur la première syllabe (ici un ‵accent d’attaque′ plutôt qu’un accent fixe lié aux nombres de syllabes dans un mot). L’accent d’attaque à l’initiale est accompagné par l’accent mélodique à la finale, que ce soit une disyllabe (ex. pennaou ˈpɛnʌ́w ‘têtes’) ou une polysyllabe (ex. azĕnaou ˈa·zənʌ́w ‘ânes’). Notez que dans les trisyllabes, la syllabe médiale se réduit en [ə] très souvent et peut aussi s’amuïr résultant en doublets à contraste syllabique (ex. brezĕneg ˈbrɛzənə́g ~ breznegˈbreznə́g). Cette réduction est une des signes les plus caractéristiques de l’accent dans la Zone Intermédiaire, et nous le notons dans l’orthographe dans les régions KLT par moyen de <ĕ> (ex. Zanĕgant ˈzɑ͂nəgɑ͂n (Kerien) pour le Saint-Norgant officiel). Préféré à ‵accent tonal′ | ‵accent de hauteur′ | ‵accent chromatique′.
mimétisme¹ | mimétique² (angl. mimetics) : Le ‵mimétisme′ est la qualité concrète d’une convention orthographique à suggérer la qualité d’un son sans ambiguïté (pour en savoir plus, se reporter à la rubrique 7.03). Préféré à ‵phonographie′ qui se confond avec ‵phonographe′ et ‵phonographie′ dans des sens non-linguistiques.
monophtongue¹ | monophtongal² | monophtongué³ | monophtonguer⁴ | monophtongaison⁵ (angl. monophthong) : Une voyelle pure sans diphtongaison, c’est-à-dire un noyau syllabique qui contient qu’une voyelle sans aucune trace de ‵semi-voyelle′ à la différence d’une ‵diphtongue′ qui en contient. La monophtongaison décrit un processus phonétique par lequel : une diphtongue devient une voyelle simple | un mot disyllabique devient monosyllabique suite à la perte d’un noyau vocalique (‵compression′) | un ‵hiatisme′ devient une monophtongue (‵fusion′) | un ‵hiatisme′ devient une ‵diphtongue fermante′ (‵coalescence′) ; cf. ‵monosyllabe′. Anton. diphtongue.
monosyllabe¹ | monosyllabique² | monosyllabisé³ | monosyllabiser⁴ | monosyllabisation⁵ (angl. monosyllable) : Ce terme a deux acceptations :
- Primo, un mot contenant une syllabe, cf. ‵disyllabe′, ‵trisyllabe′, ‵tétrasyllabe′, ‵pentasyllabe′.
- Secundo, une application phonétique se reportant à une voyelle ou une diphtongue formant qu’une syllabe. La monosyllabification décrit un processus phonétique par lequel un mot à plusieurs syllabes se réduit à une; cf. ‵monophtongue′.
mouillure⁵ | mouillé³ | mouiller⁴, voir palatalisation.
moyenne² : Situation à mi-chemin sur l’axe vertical entre ‵haute′ et ‵basse′ dans l’espace vocalique. Ne pas confondre avec ‵médiane′ ni ‵centrale′.
neutre² | neutralisé³ | neutraliser⁴ | neutralisation⁵ (angl. neutralisation) : Ce terme a trois acceptations :
- Primo, un terme descriptif ayant rapport à la qualité des voyelles due à leur qualité réduite quand ils se situent dans la zone centrale de l’espace vocalique ; équivalent à ‵centrale′ (voir sous ‵centralisation′, terme que nous préférons) ;
- Secundo, plus proprement la ‵neutralisation¹ (phonologique)′ (angl. phonological neutralisation), voir ‵archiphonème′ ;
- Tertio, un terme descriptif ayant rapport à la qualité- des voyelles du à la forme des lèvres ; cf. ‵labialisation′
non-accentué², voir inaccentué.
noyau¹ (syllabique) (angl. syllabic nucleus) : Un terme syllabique, le ‵noyau′ est constitué soit d’une voyelle ou d’une diphtongue ; cf. ‵rime′.
occlusive¹ | occlusif² | occlure⁴ | occlusion⁵ (angl. stop ~ plosive) : Les occlusives sont toute consonne qui montre une occlusion [p/b | t/d | k/g | c/ɟ]. Préféré à ‵plosive′.
ouverte² (angl. open), voir abaissée (qualité vocalique) et libre (contexte syllabique).
ouverture¹ (glide d’¹) (angl. on-glide) : Ce terme signifie un ‵glide d’ouverture′ d’attaque (semi-voyelle non-syllabique) qui précède l’élément vocalique (syllabique) de la diphtongue dans une ‵diphtongue ouvrante′. Préféré à ‵glissante d’attaque′.
ouvrante² (diphtongue¹… ) (angl. rising diphthong) : Une ‵diphtongue ouvrante′ est une diphtongue où le premier élément est une ‵glide d’ouverture′ (semi-voyelle non-syllabique) et le deuxième élément est vocalique (syllabique). Une diphtongue ouvrante est susceptible d’être interprétée comme simplement une consonne suivi d’une voyelle plutôt qu’un ensemble diphtongal. Préféré à ‵ascendante′ & ‵croissante′ ; cf. ‵glissante d’attaque′. Ant. diphtongue fermante.
oxyton¹ | oxytonique² (angl. oxytone), voir finale.
paire¹ minimale (angl. minimal pair) : Une ‵paire minimale′ est l’établissement d’une opposition de sens entre deux sons dans un procédé de ‵commutation′ ou deux mots sont contrastés l’un avec l’autre pour repérer les sons oppositionnelles pour établir le sens dans une langue, p. ex. : la commutation qui analyse la différence en breton entre piz pi·z ‘pois’ ≠ poz po·z ‘mot’ nous montre que /i·/ et /o·/ ne sont pas les mêmes phonèmes ; une commutation de plus piz pi·z ‘pois’ ≠ biz bi·z ‘doigt’ nous montre que /p/ et /b/ ne sont pas les mêmes phonèmes, et ainsi de suite pour d’autres mots afin d’établir d’autres non-équivalences. Le procédé d’établir des paires minimales doit s’appliquer à maintes autres mots avant de permettre l’établissement d’une inventaire des phonèmes d’une langue (les sons oppositionnels ou contrastifs). Bien que ce procédé de commutation établissant des paires minimales demande des approches supplémentaires pour suppléer à ses manques, c’est effectivement la méthode fondamentale afin d’établir une inventaire des phonèmes ou sons basiques pour permettre la communication.
palatale² (angl. palatal) : Une classe de consonnes défini par leur place d’articulation, incluant [hj/j | c/ɟ | ʎ-ɲ]. Ne pas confondre avec ‵palatalisé′ (sous ‵palatalisation′)
palatalisation⁵ | palatalisé³ | palataliser⁴ (angl. palatalisation) : Surtout ne pas confondre avec ‵palatale′, les consonnes palatalisées sont des consonnes qui s’approchent mais ne se confondent pas avec l’articulation palatale. Ces consonnes sont les palatochuintantes [ɕ/ʑ], les palatodentales [ȶ/ȡ], plus antérieurs en termes d’articulation, et les palatovélaires [ќ/ǵ | ç/ʝ | hꬼ/ꬼ] et les palatolabiales [hɥ/ɥ] plus postérieurs en termes d’articulation. Il semble que dans le cas du couple [ç/ʝ] il n’est pas aisé de séparer une articulation palatovélaire d’une articulation palatale, et que dans beaucoup de langues les symboles transcrits [ç/ʝ] ont tendance à se prononcer [hj/j] (irlandais, allemand) ou [ʃ/ʒ] allemand. Notons que l’API ne distingue pas bien une catégorie palatovélaire située entre palatal et vélaire et que le symbole [ɲ] est employe pour les consonnes <inn> [ɲ] aussi bien que <ing> [ꬼ], pourtant bien distingués en gaélique ; cf. ‵yodisation′. Préféré à ‵mouillure′.
paroxyton¹ | paroxytonique² (angl. paroxytone), voir pénultième.
pentasyllabe¹ (angl. pentasyllable) : Un mot contenant cinq syllabes ; cf. ‵monosyllabe′, ‵disyllabe′, ‵trisyllabe′, ‵tétrasyllabe′.
pénultième² (angl. penultimate) : Position syllabique corespondant à l’avant-dernière syllabe d’un mot. Suivant le nombre de syllabes dans un mot, la pénultième peut équivaloir à une syllabe ‵médiale′ dans un mot à trois syllabes ou ‵initiale′ dans un mot à deux syllabes. Préféré à ‵paroxyton′.
phone (angl. phone) : Terme employé pour une unité de son langagier, qu’il soit ‵phonétique′ où ‵phonémique′. Il a pour équivalent technique le terme ‵segment (phonétique)′. Préféré à ‵son′ puisque ce dernier terme peut s’employer pour des bruits non-linguistiques.
phonème¹ (angl. phoneme) : Le phonème est une unité de son langagier dont l’importance en vue de distinguer le sens dans un dialecte ou une langue particulière a été établi par la méthode de commutation de ‵paires minimales′. Les phonèmes sont notés entre ‵barres obliques′ /◌/. Équivalent : ‵segment (phonétique)′.
phonémique¹ | phonémique² (angl. phonemics) : La ‵phonémique′ est une domaine de la phonologie qui s’attèle à inventorier les sons du langage en phonèmes distincts par la méthode de commutation contrastant des ‵paires minimales′ (pour plus de détails voir ‵phonétique′). Il est plus correct de parler d’une transcription phonémique que d’une transcription ‵phonologique′.
phonétique¹ | phonétique² (angl. phonetics) : Notre approche de la description linguistique nous incite à nous méfier de l’utilisation trop large des termes ‵phonologie′ et ‵phonémique′, concepts qui ont étés réifiés par la linguistique structuraliste au point qu’il sont devenus plus privilégies que le terme ‵phonétique′, l’évincant de l’usage commun. Ce développement est allé de pair avec une restriction concomitante du terme phonétique pour décrire une approche phonétique qui se restreint seulement à une analyse instrumentale des sons. Cet emploi de termes savants apparentés phonétique, phonologie, phonémique – qui reflète bien l’usage érudit anglo-saxon du dernier demi-siècle – s’immisce de plus en plus dans l’usage des linguistes français.
Il sied d’expliquer, en bref, pourquoi nous refusons ces nouveaux usages. N’importe quel linguiste qui s’est attelé sérieusement à décrire un parler qui ne lui est pas propre comprend que l’analyse de base au commencement est phonétique et que l’analyse phonémique survient après que l’on s’est familiarisé quelque peu avec la langue cible. Évidemment, le carcan phonologique de sa langue d’origine influe le chercheur et non moindres au nombre de ses buts est de discerner le carcan phonologique propre au parler que l’on s’efforce de décrire. Sans qu’on puisse développer ici les maintes arguments qui soutiennent notre position, l’analyse phonémique – clé de voûte de la phonologie – à elle toute seule ne suffit pas pour décrire une langue ; sa portée comme instrument d’analyse à été exaggérée et si nous croyons biens à la réalité des paires minimales (gain indéniable de l’approche structuraliste) nous sommes contraints aussi de constater qu’une analyse par paires minimales ne peut s’appliquer à tout les sons en usage et perd un peu de son poids dans la situation dynamique réelle du langage. En vérité, toute transcription dite phonémique, tend à la simplification et même à l’obfuscation des réalités phonétiques. Si une approche phonémique convient plus à une analyse statique du langage comme simplement une machine conçu pour communiquer, il ne convient pas du tout à un travail géolinguistique (comme celle du HLBI) qui non seulement traite plusieurs dialectes, donc plusieurs ‵structures′ phonétiques, mais n’a pas les moyens logistiques d’analyser à fond le parler de chaque locuteur rencontré. Si, dans un perspective phonémique, des phonéticiens descriptivistes, à la suite de Falc’hun (1951), se sont mis à rendre équivalents les h et les c’h bretons en les transcrivant en un un phonémique dans chaque contexte positionnel (soit [h] soit [x]), arguant que leur position clarifie leur réalisation phonétique, cela soulève plusieurs problèmes. D’abord [h] et [x] ne sont pas apparentés phonétiquement comme lénis et fortis comme tant d’autres consonnes bretonnes en dépit des doctrines de Falc’hun.
- Secundo, le choix de [h] ou d’ [x] ne peut qu’impliquer le linguiste dans une querelle orthographique à aspects idéologiques.
- Tertio, l’intégration de [h] et d’ [x] en un phonème ne peut se justifier dans ces régions où un [x] initial se réalise effectivement. Pour ce qui est de la troisième critique, il s’applique même en dehors de ces régions, à Cléden-Poher, on a entendu la phrase suivante : ba Speyed ve lâred ‵ar c’haz′ hag ‵ar c’hi′ vid ‵ar haz′ hag ‵ar hi′ ba duma ‘à Spézet (commune limitrophe) on dit ar c’haz et ar c’hi pour ar haz et ar hi chez nous’. On croit déjà entendre la réplique des structuralistes qui clament que c’est là un usage méta-linguistique et que la phonémique se réclame seulement de l’aspect communicatif du langage, mais cela ne peut obscurir le fait que les locuteurs peuvent appréhender une différence phonétique que certains phonologistes refusent à transcrire. La seule démarche permise à un géolinguiste est de transcrire comme tels ces deux sons bien distincts.2Même hors l’aspect géolinguistique la même critique de l’analyse phonémique peut être faite. Toute description du polonais souligne que les voyelles longues n’existent pas dans cette langue, pourtant les affiches publicitaires de ce pays ne manquent pas d’écrire tak ‘oui’, et jest ‘il y a’ comme Taaak ! et Jeeest ! pour exprimer l’emphase qui demande un allongement de la voyelle. Les structuralistes orthodoxes contrecarreront que l’emphase ne fait pas proprement partie de la fonction communicatif du langage, seul facteur déterminant du status phonémique d’un mot … On peut se perdre à déterminer au juste où se trouvent les paramètres du concept de ‘communication’ mais il nous semble que, dans la situation décrite ci-dessus pour le polonais, le linguiste descriptiviste est bien contraint à noter ces formes emphatiques comme taːk et jeːst, fi de toute idéologie structuraliste.
Si, au HLBI, nous pouvons justifier à un certain degré les faits phonétiques que nous rencontrons, nous sommes généralement moins bien placés pour analyser le carcan phonologique sauf exception où il existe déjà au préalable une description assez poussée du dialecte. Bien sûr, en matière de perception phonétique, nul ne peut se soustraire complètement des influences de quelconque carcan phonologique. Tout cela n’est pas pour dire que nous évitons d’aborder des questions et des phénomènes phonologiques, mais, en termes de transcription, nous préférons l’usage de ‵transcription étroite′/ ‵transcription large′ à ‵transcription phonétique′/ ‵transcription phonémique′ ; cf. ‵transcription supra-oppositionnelle′, ‵mimétique′.
phonographie¹ | phonographique², voir sous mimétisme.
phonologie¹ | phonologique² (angl. phonology) : La phonologie se rapporte à la façon dont les sons sont organisés dans un dialecte ou une langue particulière. Nous ne reconaissons pas l’emploi de phonologique comme équivalent à ‵phonémique′, ce dernier étant une manisfestation particulière de la phonologie ; cf. ‵phonétique′, ‵transcription supra-oppositionnelle′ .
position¹ | positionné³ | positionner⁴ | positionnement⁵ (angl. position) : Ce terme à deux acceptations :
- Primo, les ‵positions′ syllabiques qui sont important pour comprendre l’évolution et la correspondance des sons. On parle des catégories suivantes de positions syllabiques : ‵initiale′ | ‵médiale′ | ‵finale′ | ‵pénultième′ ; cf. ‵sandhi′ ;
- Secundo, ‵position′ a un usage articulatoire, se reportant à l’emplacement de la langue, de certaines parties de celle-ci (pointe, dos, bords), et d’autres parties mouvantes de l’articulation physique des sons comme les lèvres, luette, pharynx, larynx. Pour les ‘positions’ dans l’espace vocalique, nous préférons employer ‵situation′.
postérieure² : Situation la plus ‵rétractée′ d’une voyelle sur l’axe horizontal de l’espace vocalique. Anton. antérieure.
post-tonique² (angl. post-stress syllable) : Un terme se reportant au statut d’accentuation d’une syllabe, plus précisément, dans ce cas, à une syllabe qui suit l’accent intensif dans un mot, comme la dernière syllabe du KLT brezoneg ou la dernière syllabe de kazeg dans la Zone Intermédiaire.
prétonique² (angl. pre-stress syllable) : Un terme se reportant au statut d’accentuation d’une syllabe, plus précisément, dans ce cas, à une syllabe qui précède l’ ‵accent intensif′ qui tend à se réduire, comme la première syllabe du KLT brezoneg où la première syllabe de melen en vannetais. La réduction vocalique qui dans la Zone Intermédiaire précède la derniere syllabe accentuée qui elle porte un ‵accent mélodique′ (comme dans la syllabe médiale de brezĕneg (litt. brezoneg) de la partie nord de la Zone Intermédaire) n’est sans doute pas à classer comme un exemple de réduction prétonique puisque dans plus ou moins tous les cas cette réduction vocalique suit aussi la syllabe initiale accentuée, qui elle porte un ‵accent intensif′ et donc peut se classifier tout aussi bien comme réduction ‵post-tonique′ que réduction prétonique. L’amuïssement des syllabes médiales de ostaleri jusqu’en ˈɔstri dans le Pays Fanch (Humphreys 1995: 67) montre que toute syllabe médiale inaccentuée est soumise à une réduction dans ce breton intermédiaire et que la part de la réduction due au fait qu’elle suit ou qu’elle précède une syllabe accentuée n’est pas facile à déterminer.
proparoxyton¹ | proparoxytonique² (angl. proparoxytone) : Le terme ‵proparoxyton′ se reporte à un accent positionnel qui se réalise sur la syllabe ‵antépénultième′. Il n’y a pas, à vrai parler, un accent antépénultième en breton, seulement une corrélation conjoncturelle dans la Zone Intermédiaire avec l’ ‵accent d’attaque′ qui se réalise sur la syllabe initiale des mots.
qualité¹ (phonétique) (angl. phonetic quality) : La ‵qualité (phonétique)′ se reporte aux aspects acoustiques d’un son (soit voyelle, soit consonne) provenant de différences d’articulatoires qui les réalisent. Ces qualités articulatoires se reportent ; à la forme de la cavité buccale | aux position et la forme de la langue et des lèvres (cf. ‵espace vocalique′) | aux traits caractéristiques du flux d’air (cf. ‵nasalisation′). Anton. quantité.
quantitatif² (accent …) | quantité⁵ (angl. length accent) : L’ ‵accent quantitatif′ est une mise-en-valeur de la syllabe accentuée par l’ ‵allongement′ de la ‵quantité′ du son (soit voyelle, soit consonne sonore), exemplifié le plus souvent dans la longueur qu’on peut percevoir parfois dans la réalisation de voyelles. Préféré à ‵accent de longueur′, ‵accent de durée′.
quantité¹ (phonétique) (angl. phonetic quantity) : La ‵quantité (phonétique)′ est l’aspect acoustique de durée temporelle d’un son (soit voyelle, soit consonne) non-lié à des différences articulatoires. La quantité est désignée ‵durée′ en termes phonétiques précis, issus de mesures instrumentales, mais est désignée ‵longueur′ en termes phonétiques impressionistes ou phonémiques. La ‵quantité′ est typiquement un trait de voyelles ou de consonnes dans un système phonémique, mais fonctionne aussi comme trait d’ ‵accentuation′ (désigné alors ‵quantitatif′ ), par exemple en polonais qui ne connaît pas de longueur vocalique dans son système phonémique, les voyelles longues peuvent exister pour souligner l’expressivité d’un mot, donc les mots tak ‘oui’, jest ‘est’ (utilisé aussi pour exprimer ‘oui’) qui ont des voyelles courtes se retrouvent souvent sur les affiches publicitaires comme Taaakk ! ou Jeeest ! pour exprimer avec voyelles longues ‘Mais oui, bien sûr !’, ce qui a pour but de souligner que, soit les prix affichés sont les plus bas, soit que la qualité de la marchandise est exceptionnelle [VOIR NOTE 2]. Anton. qualité.
racine¹ (lexicale) (angl. root) : La ‵racine (lexicale)′ est la partie lexicale de base sur laquelle d’autres mots complexes sont élaborés. Préféré à ‵radical′. Ne pas confondre avec ‵(forme) radicale′ .
rétraction⁵ | rétractée³ | rétracter⁴ | (angl. backing, retracted²) : Un terme descriptif ayant rapport à la qualité des voyelles du à la rétraction de la langue vers l’arrière de la cavité buccale sur l’axe horizontal de l’espace vocalique. Anton. avancée.
rétroflexe² (angl. retroflex) : Une consonne ‵rétroflexe′ se reporte à une consonne articulée avec la langue – en tant qu’organe phonateur – se retournant sur elle-même, ce qui amène à un mouvement de rétraction de l’organe phonatoire. La rétroflexion peut modifier des consonnes dentales [n-d-t], sifflantes [s-z], et d’autres, mais nous nous reportons aux rhotiques rétroflexes puisque nous avons une rhotique rétroflexe dans le breton trégorrois. D’après Le Dû (2001), la rhotique rétroflexe du breton trégorrois se transcrit [ɽ], un battement rétroflexe, bien qu’il l’identifie à l’approximante rétroflexe [ɻ] de l’anglais américain et du sud-ouest de l’Angleterre. Mais ils ne sont pas identiques, d’ailleurs le breton trégorrois présente les variantes rhotiques de [ɾ–ɽ-ɻ] qui s’ ‘affaiblissent’ en allant du battement alvéolaire [ɾ], au battement rétroflexe [ɽ], à l’approximante rétroflexe [ɻ], et même dans certains contextes particuliers de s’amuïr complètement (exs. sadorn za·ɳ | Gardennbik ga·ɳˈbic | pardon Zand Erwan pa·ɳ zɑ͂nˈdɛɽwɑ͂n [CHK Hewitt : [ɳ]] [Le Dû 2010a: 252, 396, 439]). Les rhotiques rétroflexes aussi bien que les rhotiques approximantes sont les pendants approximants (ou ‘faibles’) des [r-ɾ] roulés alvéolaires ; cf. ‵approximante′.
rhotique¹ | rhotique² (angl. rhotic) : Le terme ‵rhotique′ est une catégorisation générique qui dans son acceptation restreinte regroupe tous les sons proches phonétiquement du roulement alvéolaire [r] (battement alvéolaire [ɾ], approximante alvéolaire [ɹ], battement rétroflexe [ɽ], approximante rétroflexe [ɻ]) nous permettant ainsi d’éviter de trop préciser entre eux. Dans une acceptation plus étendue – déconseillé du point de vue phonétique – le terme ‵rhotique′ recouvre ces sons et toute ‵gutturale′ dérivée de rhotiques (dans le sens restreint), c’est à dire surtout des fricatives uvulaires et fricatives vélaires (roulement uvulaire [hʀ/ʀ], battement uvulaire [?/?], fricatives uvulaires [ʁ/χ], fricatives vélaires [x/ɣ], approximantes gutturales [ꭗ/ꝛ], fricatives palatales [ç/ʝ]) ; cf. ‵rhotacisme′.
rime¹ (angl. rime) : Un terme de poésie, la ‵rime′ se constitue, soit du ‵noyau (syllabique)′ seul (voyelle ou diphtongue), soit le noyau avec la ‵coda′ (consonne ou ‵groupe (consonantique)′ qui ferme la syllabe).
schwa¹ (angl. schwa) : Le ‵schwa′ est le nom de la voyelle centrale ou neutre (transcrit [ə]) qui est la voyelle la plus réduite qu’il y ait dans l’espace vocalique. Très présent dans la majorité des dialectes bretons dans la syllabe finale post-tonique, ce son n’est pas facilement acquérable par un francophone moyen, habitué à un ‵accent intensif′ sur la syllabe finale des mots, bien que semblable à la prononciation usuelle allemande et anglaise.
segment¹ (phonétique) | segmental² | segmentation⁵ | (angl. segment) : Techniquement l’équivalent d’un ‵phonème′ en tant qu’unité ‵phonémique′, mais, dans notre usage, équivalant aussi à une unité ‵phonétique′. Puisque les prononciations fournies par le HLBI (mots dialectaux, toponymes) sont faits dans le cadre d’une enquête géolinguistique, nous ne pouvons que privilégier une approche ‵supra-oppositionnelle′ à la transcription, qui dépasse la dichotomie ‵phonèmique′/‵phonètique′. Équivalent non-technique : ‵son′.
semi-consonne¹ (angl. semiconsonant), voir semi-voyelle.
semi-voyelle¹ (angl. semivowel) : Les semi-voyelles (dite aussi bien ‵semi-consonnes′) sont des sons intermédiaires entre consonnes et voyelles qui ont une qualité qui touche aux voyelles hautes tout en n’étant pas syllabiques. Trois semi-voyelles sont connues en breton [i-ɥ-w] liées aux voyelles correspondantes [i-y-u]. Préféré à ‵semi-consonne′, ‵glide′ (mais nous conservons ce dernier au lieu de ‵semi-voyelle′ dans les contextes positionnels qui différencient un ‵glide de fermeture′ d’ ‵un glide d’ouverture′, voir sous ces termes). ; cf. ‵glissante d’attaque′/‵diphtongue ouvrante′ & ‵glissante de fuite′/‵diphtongue fermante′.
sibilante¹ | sibilant² | sibilation⁵ (angl. sibilant) : Une ‵sibilante′ ou consonne sibilante est une catégorisation générique regroupant certains sons proches phonétiquement l’un de l’autre nous permettant ainsi d’éviter de trop préciser entre versions ‵sifflantes′ et ‵chuintantes′.
sifflante¹ | sifflant² | siffler⁴ | sifflement⁵ (angl. sibilant ou hiss sibilant) : Une ‵sifflante′ ou consonne sifflante est une fricative alvéolaire de type ‵sibilante′ dont l’arrière de la langue forme un sillon étroit qui achemine un flux continu d’air semblable à un sifflement. Les lettres sifflantes typiques sont s-z [s-z].
son (angl. sound), voir phone.
sonorité⁵ | sonore² | sonoriser⁴ (angl. voiced) : La ‵sonorité′ (ou voisement) se reporte à une réalisation de consonnes occlusives et fricatives avec vibration des cordes vocales. Les consonnes sonores sont appariées en tant que formes ‵lénis′ avec des équivalents ‵sourdes′ (ou ‵fortis′). Préféré à ‵voisement′. Anton. assourdissement.
sourde², voir assourdissement.
sourde-aspirée² | sourde-aspirée³ (angl. devoiced-aspirated) : Les occlusives sourdes-aspirées qu’on pourrait qualifier non-techniquement de ‘super-fortis’ se transcrivent [pʰ | tʰ | kʰ]. Ils sont typiques des occlusives fortis gallois tandis que les occlusives fortis bretons ne sont généralement pas ‵aspirées′. Cette différence de réalisations coïncide avec les réalisations anglais et gaélique irlandais aspirées des occlusives fortis pour le gallois, et avec les réalisations français non-aspirées des occlusives fortis pour le breton, ce qui nous amène à nous interroger quand à l’existence d’occlusives sourdes-aspirées en breton à l’origine, avant une éventuel conformité au français. Cela reste au stade de hypothèse, mais notons quand même la possibilité d’une prononciation sourde-aspirée emphatique en breton central dans l’exclamation petra !? ‘quoi !?’ comme ˈpʰetᵊꝛ ! au lieu de la réalisation usuelle ˈpetᵊꝛ. Tel est le degré d’imbrication des qualités phonétiques de assourdissement et aspiration chez les occlusives dans leur langue, les gallois, habitués à l’aspiration concomitante de leurs occlusives sourdes peuvent entendre des occlusives sourdes non-aspirées du français et du breton comme <b-d-g> plutôt que <p-t-k>. Dans ce contexte, il est intéressant que certains emprunts du français en breton montre un assourdissement apparent krant < fr. grand (tout comme le gallois crand < angl. grand d’ailleurs). La question est trop complexe pour pouvoir l’aborder de manière satisfaisant ici.
spirante⁵, voir approximante.
supra-oppositionnelle² (transcription …) (angl. supra-oppositional transcription) : Une transcription ‵supra-oppositionnelle′ est une transcription de sons langagiers qui n’est ni purement ‵phonétique′, ni purement ‵phonémique′, dans le sens structurel classique, mais une transcription phonétique qui supprime, à un certain degré, cette opposition dichotomique (Wmffre 2013a: 510–13). On pourrait dire qu’une transcription supra-oppositionnelle inclut aussi bien les ‵allophones′ que les ‵phonémes′, Puisque les prononciations fournies par le HLBI (mots dialectaux, toponymes) sont faits dans le cadre d’une enquête géolinguistique, nous ne pouvons que privilégier une approche ‵supra-oppositionnelle′ à la transcription, qui non seulement dépasse la dichotomie ‵phonèmique′/‵phonètique′, mais depasse de loin l’idée à la base de la phonémique classique de structures langagières étanches coupés de toute autre structure langagière (Wmffre 2013a: 375–445). Pour notre critique nuancée de l’opposition phonétique/ phonémique, se reporter à ‵phonétique′, ci-dessus ; cf. ‵transcription étroite′.
syllabe¹ | syllabique² | syllabisation⁵ (angl. syllable) : La ‵syllabe′ est une unité inintérrompue du langage oral qui conditionne l’ ‵accentuation′. Il se compose fondamentalement du ‵noyau syllabique′ et peut être accompagné d’une ossature consonantique composée d’une ‵attaque′ (consonne(s) précédant le noyau) et/ou d’une ‵coda′ (consonne(s) suivant le noyau) ; cf. ‵rime′. Anton. (adjectival) asyllabique.
tétrasyllabe¹ (angl. tetrasyllable) : Un mot contenant quatre syllabes ; cf. ‵monosyllabe′, ‵disyllabe′, ‵trisyllabe′, ‵pentasyllabe′.
tonique⁵ (accent …), voir accentué, accent intensif.
trisyllabe¹ (angl. trisyllable) : Un mot contenant trois syllabes ; cf. ‵monosyllabe′, ‵disyllabe′, ‵tétrasyllabe′, ‵pentasyllabe′.
ultième², voir finale.
vélaire² (fricative¹ …) (angl. velar fricative) : Les ‵fricatives vélaires′ [x/ɣ] (et leurs pendants uvulaires [χ/ʁ]) sont des sons apparentés qui se trouvent dans le breton mais avec des distributions et des réalisations très différentes. Sans entrer dans les détails de la diffusion géographique ni la distribution contextuelle, nous noterons que la fricative vélaire fortis [x] a tendance à affaiblir en approximante [ꭗ], jusqu’à devenir un simple aspirée fortis [h] puis aspirée modérée [ɦ] puis s’amuïr complètement. En termes pratiques cela signifie qu’il est souvent difficile de représenter correctement la gamme des sons par l’écriture et qu’on peut hésiter entre c’h et h dans plusieurs cas. La fricative vélaire lénis [ɣ] n’a perdurée que dans le Sud-Finistère, l’Entre-Odet-et-Ellé, et une frange maritime du nord-ouest du Léon (Portsal). Partout ailleurs elle a été remplacée par [h]. Nous employons la convention mimétique <gh> pour l’écrire, ex. : ar ghaor ‘la chèvre’ là où il se prononce ainsi pour le standard ar haor (notez que le standard KLT écrit ar c’haor employant <c’h> qui est une graphie qui ne représente aucune prononciation actuelle ni historique). Dans les régions où elle à perdurée la fricative vélaire lénis se trouve surtout à l’initiale et parfois à la médiale.
vertical (axe …) (angl. horizontal axis), voir haut-bas.
vocalisme¹ | vocalique² : On parle de ‵vocalisme′ quand on veut se reporter à une voyelle ou une diphtongue quelconque sans pour autant préciser les détails phonétiques.
voisement⁵ | voisée² | voiser⁴, voir sonorité.
yeismo¹, voir yodisation.
yod¹ (angl. yod) : Le ‵yod′ est le nom de l’approximante palatale non-aspirée (transcrit [j]). C’est une semi-voyelle, le pendant consonantique de la voyelle [i].
yodisation¹ | yodisé³ | yodiser⁴ (angl. yodisation) : Comme en français, le breton connait la yodisation des l-palatalisés mais pas partout et surtout dans l’Est bretonnant (hors le sud du Haut-Vannetais) et dans la partie de la Basse-Cornouaille située entre Douarnenez-Châteaulin-Quimper (Wmffre 2007: 62). La yodisation n’affecte pas le n-palatalisé à un tel degré, sauf si la palatalisation à sa source suivant le n (cf. br. central keyn kɛjn ~ kɛɲ vs heni hɛ͂·j) mais il y a une tendance à la préservation du n-palatalisé due à l’influence de la racine (exx. br. central keyn kɛjn ~ kɛɲ pl. keynyou ˈkɛɲʊ, mais poanya ˈpwɑ͂·jᵊ en dépit de la racine poan pwɑ͂·n). Ces qualifications déclarés, on trouve en breton central onyon ˈo͂·jᵊn, manyer ˈmɑ͂·jᵊꝛ (emprunts du français) et dans la toponymie : an Henyer ˈnɛ͂jəꝛ (Spézet) |. En breton central, la yodisation affecte d’autres consonnes intervocaliques dans des contextes palatalisés, exx. : pl. kadoryer kaˈdo·jᵊꝛ (sg. kador ˈka·dᵊꝛ) | brigadyer bɣiˈga·jᵊꝛ. Ce processus à du être assez commun puisque la yodisation est admise d’un façon pas touut-à-fait cohérent dans la langue littéraire dans le contexte de consonnes auxquelles on a ajouté le suffixe pluriel –yer ou –yen, exx. : reyer (sg. roc’h) | geyer (sg. gaou)3La forme geyer n’est généralement pas admise dans les standards contemporains, mais on trouve geier souvent depuis la deuxième moitié du XIXe siècle en dehors des sources lexicographiques [Devri s.v. gaou]. Le fait que le trégorrois prononçait ce pluriel comme gewyer à sans doute influencer les écrivains après l’entente du KLT de 1907 qui visait justement à accorder une place plus importants aux faits trégorrois dans la langue littéraire. Contrairement à l’indication de Favereau [1992 s.v. gaou] qu’on dit ˈgɛvjɛr en Léon et ˈgɛjər en Cornouaille, Sommerfelt [1920/1978²: 81] a bien noté le pluriel à St-Pol-de-Léon comme ˈgɛjɛr. | beleyen (sg. beleg). Préféré à ‵yeismo′.
5.02 Terminologie phonétique dynamique
abrègement⁵ | abrégé³ | abréger⁴ (angl. abridgement) : L’ ‵abrègement′ se reporte à la disparition de mots entiers d’un toponyme. Des exemples d’abrègements sonts : am Maogwenn (St-Yvi 29), Knech an Mauguen 1707 | Goenou (= Gouesnou 29), Langoeznou 1420, Lannoznou 1551 | Pabu (22), Chap. Sainct Pabu 1532 (contrastant avec Sant Pabu (= St-Pabu 29)). Les toponymes composés seulement d’un nom d’homme doivent tous être des abrègements sans qu’on puisse être sûr quant au composant écarté. L’abrègement classique dans la toponymie est l’écartement d’un ‵qualifieur′ pour ne laisser que le ‵référenteur′, exx. : an Enezradeneg > an Enez (Penmarch) | Kastellôdren (= Châtelaudren 22) > ar Hastell. D’autres abrègements amuïssent le composant médial, exx. : Pontreyn (Scrignac), Pont roudou dreign 1834 | Penndreyn (Spézet), Penquer andrein 1820. Nous distinguons l’‵abrègement′ de l’‵abréviation′ qui lui est un abrègement graphique comme St. ou St– pour Sant dans les toponymes. Ne pas confondre avec ‵amuïssement′, ‵troncation′. Préféré à ‵ellipse′.
l’écartement d’un ‵spécifieur′ pour ne laisser que le toponyme de base – exx. : –
absolue¹ (forme …), voir pausale et forme radicale.
actualisation⁵ | actualisant² | actualiser⁴ (angl. actualisation) : Processus syntactique où un segment lexicale s’ajoute à un mot ou une phrase (à distinguer d’ ‵intrusion′ qui est une intrusion phonétique). L’actualisation d’un article défini dans un toponyme est souvent due à une réanalyse lexicale, p. ex. : Stangier (Kergloff, Plouguer) ‘vallee de l’Hyères (Ier)’ devient compris comme ar Stankhir ‘l’étang long’ (le sens de ‘vallée’ de stank s’étant éclipsé dans le breton du Poher devant celui d’ ‘étang’). Anton. amuïssement.
adoucissement¹, voir lénition.
affaiblissement⁵ | affaiblé³ | affaiblir⁴ (angl. weakening) : L’ ‵affaiblissement′ est un phénomène dynamique semblable à la ‵lénition′ qui se reporte au degré de diminution de la frication qui s’affaiblit progressivement de [χ/ʁ] uvulaire > [x/ɣ] vélaire > [ꭗ/ꝛ] approximant (et même parfois jusqu’à la vocalisation > [ɐ], et à l’amuïssement complet > [Ø]). L’ ‵affaiblissement′ peut aussi se reporter au degré de diminution de la vibration des rhotiques qui s’affaiblit progressivement de [r], la vibration apicale de la langue au point d’articulation alvéolaire. Ne pas confondre avec ‵lénition′. Anton. affermissement.
affection¹ (vocalique) | affecté² | affecter⁴ (angl. vowel affection ~ umlaut) : L’ ‵affection vocalique′ est un type de ‵assimilation′ vocalique de type ‵non-contiguë′ qui voit une voyelle rapprocher sa qualité de la voyelle dans la syllabe suivante, quand bien même qu’ils soient sepárées par des consonnes, exx. : achu > echu | arru > erru | np. Yagu > Yegu. Le brittonique connaissait une affection vocalique d’un a ou un o devenant e devant i ou y, exx. : gaor pl. geor | *gwlad ‘pays’ > gwledig ‘souverain’ | *molin > melin ‘moulin’ | *bowin > bevin ‘bœuf’ | lat. Marianus > Meryen. Il y a des exceptions à l’affection vocalique d’où des doublets comme hañval ~ heñvel dans le breton moderne. Jackson (1967: 286–306) distingue bien l’affection vocalique primaire du brittonique présent en breton dès leur arrivée en Armorique de l’affection vocalique secondaire qui est propre au breton seul et qui date d’autour de l’an 1000 de l’ère chrétienne ; cf. ‵alternance vocalique′, ‵harmonie vocalique′. Préféré à ‵métaphonie′, ‵assimilation vocalique′, ‵contamination′, ‵umlaut′.
affermissement⁵ | affermé³ | affermir⁴ (angl. strengthening) : L’ ‵affermissement′ est un phénomène dynamique semblable à la ‵fortition′ qui se reporte au degré de progression du renforcement de la frication qui se renforce progressivement de [ꭗ/ꝛ] approximant > [x/ɣ] vélaire > [χ/ʁ] uvulaire. Ne pas confondre avec ‵fortition′. Anton. affaiblissement.
agglutination⁵ (angl. agglutination) : L’ ‵agglutination′ – qui est un type de ‵fausse coupe′ – est la fusion de la partie d’un mot avec un autre (à ne pas confondre avec ‵composé′). Le type d’agglutination typique est la migration de la consonne finale de l’article défini au mot défini, compris comme faisant partie intégrale du mot. Ce type d’agglutination qu’on trouve dans les formes officielles francisés des noms de familles bretons (comme Le Naour, Le Nigen, Le Noac’h, Le Noan) ne représente pas le breton où on voit plutôt la ‵déglutination′ d’un n-initial, compris comme appartenant à l’article défini. Anton. déglutination.
allongement⁵ | allongé³ | allonger⁴ (angl. lengthening) : Se reporte au changement de ‵longueur′ d’une voyelle ou une consonne ‵brève′ ; cf. ‵longue′. Anton. raccourcissement.
alternance¹ vocalique (angl. vowel alternation) : L’ ‵alternance vocalique′ est l’ ‵affection vocalique′ appliqué aux dérivés de mots du type qu’on connaît en anglais : sg. mouse → pl. mice ‘souris’. Des exemples bretons sont : sg. sant → pl. sent | sg. gaor → pl. geor ‘chèvres’ | PRÉS 2Sg karez ~ kerez ‘tu aimes’ | sg. krogenn → pl. kregin ‘coquilles’ ; cf. ‵harmonie vocalique′. Préféré à ‵inflexion vocalique′, ‵ablaut′.
amuïssement⁵ | amuïe³ | amuïr⁴ (angl. elision) : L’ ‵amuïssement′ est un type de ‵modification phonétique′ qui concerne la disparition de sons/syllabes dans un mot/nom. Dans un langage moins technique on peut parler de ‵chute′ au lieu d’ ‵amuïssement′. On distingue au moins trois catégories contextuels d’amuïssements :
- Primo, les catégories positionnelles d’amuïssements sont : ‵aphérèse′ (à l’initiale), ‵syncope′ (à la médiale), ‵apocope′ (à la finale). Ces catégories de positionnement doivent distinguer entre contextes ‵syllabiques′ et contextes ‵consonantiques′, une distinction illustrée par l’exemple de vor’s’ < forest donné par Favereau (1984: 87) qui montre bien qu’on doit distinguer l’ ‵apocope syllabique′ (voyelle -e- dans cette instance) de l’ ‵apocope consonantique′ (consonne -t dans cette instance). Il faut resister d’y voir l’équivalence réductrice d’ ‵apocope′ restreinte à l’ultime segment d’un mot/nom, ce qui autrement permetterai de désigner comme ‵syncope′ le processus qui s’opère ici sur la voyelle de la syllabe finale. Il convient de s’en souvenir que les contextes positionnels doivent être définis sur des bases syllabiques (en conjonction avec l’accentuation) et non sur des bases segmentaux ou orthographiques.
- Secundo, les types contextuels d’amuïssements sont : ‵compression′ (‵télescopage′, ‵déduplication′, ‵coalescence′, ‵fusion′), ‵troncation′, ‵déconsonasalisation′, ‵déaspiration′.
- Tertio, les amuïssements en ‵sandhi′ se désignent ‵élision′.
Ne pas confondre ‵amuïssement′ avec ‵abrègement′. Préféré à ‵suppression′. Anton. intrusion.
amuïssement dissimilatoire (angl. dissimilatory elision) : L’ ‵amuïssement dissimilatoire′ est motivée comme la ‵dissimilation′ sauf qu’au lieu de changer de qualité semblable à cause de la dissimilation, une des consonnes concernées s’amuit, exx. : trég. finistérien ara < arar ‘charrue’ | Poubley (Meilars 29) < poull + bleyƶ | Pelann (= Plélauff 22) < ploue + lann | Ponvêll (= Plounévézel 29) < ploue + neveƶ + –ell ; cf. ‵attraction paronymique′.
amuïssement⁵ monosyllabique (angl. monosyllabic elision) : Les positions d’ ‵amuïssements monosyllabiques′ sont : ‵aphérèse′, ‵syncope′, ‵apocope′.
anaptyxe¹, voir épenthèse.
anticipée² (assimilation …) (angl. anticipatory assimilation) : Une ‵assimilation anticipée′ est une assimilation déclenchée par un son vers arrière du mot/nom qui influe un son qui lui précède dans ce mot/nom. L’assimilation anticipée ‵contiguë′ regarde surtout les consonnes en breton (voir ‵assimilation contiguë′), mais pour des exemples vocaliques, voir ‵harmonie′. Préféré à ‵assimilation régressive′. Anton. anticipation consecutive.
antihiatique² (angl. antihiatic) : Une consonne antihiatique a pour origine une stratégie pour contrer le vide ressenti par l’existence d’un ‵hiatus′ – ou absence de son – entre deux voyelles contiguës.
aphérèse¹ syllabique (angl. syllabic aphaeresis) : Terme positionnel d’ ‵amuïssement′ concernant la perte d’un ‵noyau syllabique′ ou d’une consonne à l’initiale d’un mot/nom. Nous privilégerons l’aspect syllabique des aphérèses, classifiant l’ ‵aphérèse consonantique′ à part. Des exemples d’ ‵aphérèses syllabiques′ sont assez rares en breton sauf pour certains ‵foncteurs′ comme : vid < evid ; med < nemed ; tre < etre ; blamour < balamour < abalamour. Le cas de plec’h < pelec’h s’explique par le fait que c’est un mot composé (pe + lec’h). On trouve l’aphérèse dans certains mots d’emprunts longs du français, exx. : letrisite < fr. électicité, peritif < fr. apéritif.
aphérèse¹ consonantique (angl. consonantal aphaeresis) : Terme positionnel d’ ‵amuïssement′ concernant la perte d’une consonne ou ‵groupe (consonantique)′ dans l’ ‵attaque′ ou consonne(s) initiale(s) d’un mot/nom. Ce phénomène est très rare sinon inconnu en breton.
apocope¹ syllabique (angl. syllabic apocope) : Terme positionnel d’ ‵amuïssement′ concernant la perte d’un ‵noyau syllabique′ ou d’une consonne à la finale d’un mot/nom. Nous privilégerons l’aspect syllabique des apocopes, classifiant l’ ‵apocope consonantique′ à part. Des exemples d’ ‵apocopes syllabiques′ sont : beur’ < beure | amz’r < amzer (notre argumentation contre l’interprétation du dernier comme un exemple syncope est donné sous ‵syncope′). Notez que l’ ‵élision′ est un amuïssement dû au ‵sandhi′ (donc dépendant du contexte syntaxique) plutôt qu’un sous-type d’apocope qui, lui, est indépendant du contexte syntaxique. Ne pas confondre ‵apocope′ avec ‵troncation′ ni ‵abrègement′ ‵amuïssement′.
apocope¹ consonantique (angl. consonantal apocope) : Terme positionnel d’ ‵amuïssement′ concernant la perte d’une consonne ou ‵groupe (consonantique)′ dans la ‵coda′ ou consonne(s) finale(s) d’un mot/nom. Des exemples d’ ‵apocope consonantiques′ sont : mest’ < mestr | krenna’d < krennard. Comme avec, l’ ‵apocope syllabique′, il faut resister d’y voir l’équivalence réductrice d’ ‵apocope′ restreint à l’ultime segment d’un mot/nom.
(temps¹) apparent² (angl. apparent-time) : EXPAND.
d’appui² (voyelle¹ …) (angl. help vowel), voir voyelle épenthétique.
aspiration⁵ | aspiré³ | aspirer⁴ (angl. aspiration) : L’ ‵aspiration′ est un terme phonétique qui à trois acceptations :
- Primo, l’aspiration phonétique, diversement décrite par les phonéticiens, est généralement le son que nous désignons l’ ‵aspirée′ (plutôt que ‵fricative glottale′ communément adopté bien que cette étiquette est contesté) et transcrivons comme [h]. En fait le [h] est une aspirée sourde (phonologiquement fortis) qui se distingue de [ɦ], une aspirée faible (phonologiquement lénis). Une version sonore de l’aspirée équivaudrait à plus ou moins rien [Ø] bien que les descriptions phonétiques qu’on trouve communément assignent une valeur ‘sonore’ à [ɦ]. La tripartité des consonnes aspirées sur l’échelle fortis/lénis [h/ɦ/Ø]) nous rappellent la tripartité des consonnes labiodentales en breton sur cette même échelle [f/ꝩ/v] (et nous rappellent aussi que l’API n’a pas encore enregistré l’existence du phonème /ꝩ/ avec un symbole phonétique). Préféré à ‵souffle′. Anton. aspiration.
- Secundo, l’aspiration est un processus phonétique qui s’ajoute aux mutations grammaticales. Phonétiquement il s’agit de l’addition d’un aspirée devant voyelles, fricatives lénis, sonantes, et semi-voyelles (exx. i haval ‘sa pomme (à elle)’ < he + aval | i hleor ‘son livre (à elle)’ < he + leor). L’aspiration a engendrée des séries additionnelles de mutations ‘classiques’ comme : ‵provection augmentée′ | ‵provection étendue′ | ‵spirantisation étendue′ | ‵léniprovection augmentée′ | ‵léniprovection étendue′.
- Tertio, l’aspiration s’ajoute aux consonnes occlusives sourdes pour créer une consonne qu’on pourrait qualifier non-techniquement de ‘super-fortis’ et plus techniquement de ‵sourde-aspirée′.
assimilation⁵ | assimilé³ | assimiler⁴ | assimilable⁶ (angl. assimilation) : L’ ‵assimilation′ est un type de ‵permutation′ se reportant au changement d’un son pour s’accorder phonétiquement avec un autre (en ‵composition′ ou en ‵sandhi′). Il y a trois catégories contextuelles d’assimilation : ‵assimilation contiguë′ | ‵assimilation non-contiguë′ | ‵assimilation mutuelle′.
attraction paronymique (angl. paronymic attraction) : L’ ‵attraction paronymique′ d’un composant dans un toponyme explique la forme. Des exemples sont : Kervioled (commun) < Kerrioled | Pondmikêl (Locmaria-Berrien) < Pondvikel. La direction de l’attraction paronymique va toujours en faveur d’un terme est clair au dépens d’un qui est ‵opaque′ ou obscur, jamais le contraire. Dans certains cas l’attraction paronymique a eu des effets sur l’orthographe, donc on écrit le composant ploue comme Poull- plutôt que Poul– dans Poullaouen < *Plou(e)laouen | Poull-lann < *Plou(e)lann, puisqu’il est clair qu’il y a eu une attraction paronymique avec le mot poull ‘mare’, interprété comme étant le composant par les locuteurs (bien qu’on ne fait plus de différence entre un l-double et un l-simple dans la plupart des dialectes bretons) ; cf. ‵paronymie′.
averti (locuteur …) (angl. educated speaker) : Terme se reportant aux locuteurs qui ont suivi une éducation particulière concernant leur langue après avoir eu leur baccalauréat à 16 ans. Tout enseignant professionnel est locuteur averti, mais certains autres catégories de personnes (gens de loi, les politiques, les médias etc.) le sont aussi. L’absence de critères externes n’empêche pas un individu à devenir locuteur averti, par intérêt à la langue, mais la masse des locuteurs avertis répondent à ces critères externes. En principe, le locuteur averti est capable de s’exprimer en français démotique (familier, usuel) et en français soutenu (soigné, posé, formel), mais en ce qui nous intéresse, le locuteur averti est – avec peu d’exceptions – moins capable de fournir des exemples de l’usage démotique qu’un locuteur non-averti, d’où une certaine méfiance aux données fournis par des locuteurs avertis chez les dialectologues. On comprendra que la situation du breton et d’autres langues non-reconnus (officiellement) est tout autre que celle du français ou d’autres langues officielles. Cela n’empêche pas qu’il y ait une minorité de bretonnants natifs (nous estimons à pas plus qu’une personne par commune en moyenne) qui se sont éduqués en breton en dépit du manque d’encouragement officiel à le faire. Ceux-ci, ‘militants’ culturels actifs ou non, sont à la fois les transmetteurs de tradition aux apprenants et les locuteurs les moins traditionnels, ne serait-ce que par leur adoption de mots littéraires inconnus de la masse des bretonnants non-avertis (mais, parfois, des mots littéraires peuvent être des mots sortis d’usage que le locuteur averti ait eu conscience de préserver …). Quoi qu’il en soit, il est clair que le bretonnant ‘éduqué’ n’est pas l’équivalent du francophone éduqué, bien qu’une distinction entre locuteurs avertis et non-avertis est pertinent aussi pour le breton. Les dialectologues travaillant sur le breton doivent être conscients qu’un locuteur averti aura tendance à ‘améliorer’ son dialecte breton plutôt que de le représenter en termes strictement descriptivistes. Anton. locuteur non-averti.
bretonnant¹ | bretonnant² (angl. Breton speaker) : Le terme ‵bretonnant′ recouvre tous les usagers du breton, même les ‵néo-bretonnants′. Nous ne voyons pas l’utilité d’adopter ‵brittophone′, un synonyme de fabrication récente, même quand certains préconisent de différencier ‵bretonnant′ pour les bretonnants de souche seuls, et ‵brittophone′ pour les ‵néo-bretonnants′.
brittophone¹ | brittophone², voir bretonnant.
catégoricité⁵ | catégorique² (angl. categoricity) : La ‵catégoricité′ d’un trait phonétique se reporte au degré de présence systématique de ce trait au sein d’un dialecte ciblé. Par commodité, nous classifions le continuum de degrés de catégoricité d’un dialecte sous trois étiquettes approximatives : ‵omniprésence′ | ‵(présence) récurrente′ | ‵(présence) rare′. L’opposition entre les classifications ‵omniprésent′, ‵récurrent′, et ‵rare′ dressent un tableau brossé à grands coups de pinceau, pour donner une certaine idée de l’occurrence d’un trait dans un dialecte particulier et ne doivent pas occulter le fait que nous traitons en fait les degrés d’un phénomène de continuum et non des catégories absolument délimitées l’une de l’autre.
Ajoutons que la catégoricité est sans aucune doute affecté par le dynamisme linguistique :
- l’interférence linguistique ‵externe′, provenant d’une confrontation entre dialectes en contact, et de l’intrusion croissante d’une langue dominante (le français en l’occurrence dans le contexte de la dialectologie bretonne) ;
- l’évolution linguistique ‵interne′, qui peut varier selon des cohortes statistiques différentes liées à l’âge (où l’analyse en ‵temps apparent′ peut montrer une ‵récession′ ou ‵expansion′ dans l’évolution de traits phonétiques particuliers d’un dialecte ciblé). Ces évolutions peuvent être ‵en progrès′, peuvent ne pas aboutir, et peuvent retourner en arrière complètement (‵régression′), et – le plus souvent – en laissant des trâces de cette régression en forme d’ ‵hypercorrections′ ou de ‵contrecorrections′. Certaines évolutions linguistiques internes sont motivées par l’analogie et donc peuvent être considérées comme purement internes, mais d’autres évolutions linguistiques internes sont sans doute déclenchées à leurs débuts par le biais d’un contact géographique avec d’autres dialectes, même si ces évolutions à la longue peuvent devenir considérées comme internes. Il faut une connaissance très approfondie d’un dialecte ciblé et des dialectes qui l’environnent avant de pouvoir trâcer les origines d’un changement linguistique avec confiance (les recherches de William Labov sur l’anglais aux États-Unis donnent une idée de la complexité d’une telle entreprise).
Quoi qu’il en soit de toutes ces questions traitant du dynamisme qui soustend les catégoricités différentes liés à chaque trait phonétique particulier, il suffit en premier lieu d’être sensibilisé au fait que les traits phonétiques décrits pour un dialecte ciblé peuvent avoir une différence de catégoricité (certains traits étants ‵omniprésents′, d’autres étants moins omniprésents).
chaîne¹ de propulsion (angl. push chain) : Une ‵chaîne de propulsion′ est un ‵changement en chaîne′ qui commence toujours par l’évolution d’un son (phonème), évolution qui le conduit dans l’espace vocalique à heurter un phonème vocalique contiguë qui, à son tour, empiète puis se heurte à un autre phonème contiguë, le conduisant aussi à refaire le même processus, et ainsi de suite. Ce type de changement en chaîne a donc pour origine une mouvement phonémique qui heurte ou ‘pousse’ les autres sons dans une direction particulière. Anton. chaîne de traction.
chaîne¹ de traction (angl. pull chain) : Une ‵chaîne de traction′ est un ‵changement en chaîne′ qui commence toujours par la perte d’une opposition phonémique du à la convergence ou à la disparition d’un phonème vocalique (Fulcrand 2017: 3). L’ ‘écart’ qui en résulte – une ‘case vide’, reprenant la terminologie de Martinet – ce qui permet à un vocalisme avoisinant de déplacer son ‘centre de gravité’ qui, à son tour, permet à un phonème contiguë à celui-ci d’empièter sur sa zone à lui dans l’espace vocalique, et ainsi de suite. Ce type de changement en chaîne a donc pour origine une perte phonémique qui entraîne ou ‘tire’ les autres sons dans sa direction ; ‘tirer’, voilà la métaphore par où on a trouver le mot ‵traction′ pour décrire ce processus précis de changement en châine. Anton. chaîne de propulsion.
changement¹ en chaîne (angl. chain-shift) : Les ‵changements en chaîne′, découverts ou du moins mise en exergue par Martinet dans les années 1950 et maintenant bien connus des linguistes, est un processus de mouvement de voyelles dans l’espace vocalique où le déplacement d’une voyelle affecte les voyelles contiguës l’un après l’autre en série dans une espèce d’ ‘effet domino’. Motivé par la symmétrie de l’espace vocalique, les changements en chaîne d’une côté de l’espace vocalique peuvent inciter un changement en châine ‘miroir’ de l’autre côté de l’espace vocalique. Pour en savoir plus, on peut consulter Fulcrand (2017). Il y a deux types de changement en châine (selon leur déclenchement) : la ‵chaîne de propulsion′, la ‵chaîne de traction′.
chanté² (sous-registre …) (angl. singing sub-register): Le ‵sous-registre chanté′ est un terme stylistique désignant un style occasionnel du langage différent du style usuel (on admettra d’ailleurs l’emploi de ‵registre chanté′ à l’ordinaire plutôt que ‵sous-registre chanté′ hors des contextes plus formels). Voici un registre qui forme un registre à part entier. Les mots employés peuvent être livresques et les prononciations archaiques. La différence se sent surtout en ce qui concerne les voyelles finales post-toniques qui sont neutralisées voir amuïes dans la langue usuelle, mais se retrouvent accentuées dans la langue chantée et leur qualités vocaliques restituées, le plus souvent en accord avec leur origines étymologiques, mais susceptibles d’être autrement colorisés si la rime le demande, p. ex. les deux strophes penôz ouie ar hoz kog ze / oan bed me e verhete (avec merhete plutôt que merheta, prononcé mɛˈhɛtᵊ dans la langue usuelle). On ne peut pas dépendre du tout sur le breton chanté traditionnel pour représenter la langue contemporaine même s’il peut nous renseigner sur l’existence antérieure de certaines formes obsolètes.
chute¹, voir amuïssement.
coalescence⁵ | coalescent² | coalescé³ | coalescer⁴ (angl. coalescence) : Le terme ‵coalescence′ se reporte à un type de processus de ‵compression′ très spécifique par lequel un ‵hiatisme′ se réduit en ‵diphtongue′. Cela implique à la fois d’un processus d’ ‵amuïssement′ et d’ ‵assimilation′. Des exemples bretons sont : bian > byan | douar > doar | äel *a·ɛl > a·ʎ | Naig > Nayg. Dans la partie de la Cornouaille qui avoisine le Vannetais, pour brehoneg ‘breton’, on entend ˈbɣɛ͂͡o͂nək (décoalescé) variant avec ˈbɣɛ͂wnək (coalescé). Cela dit, cette variation du mot brehoneg dans cette région semble plutôt le résultat d’une evolution diachronique plutôt que d’un état stable synchronique puisqu’on trouve, dans le district qui va de Langonnet à Guiscriff, les variantes ˈbɣeho͂nək ~ ˈbɣe͡o͂nək ~ ˈbɣɛ͂͡o͂nək ~ ˈbɣɛ͂wnək.4Les deux premières formes dérivent du NALBB [454], Langonnet et Guiscriff, respectivement (la forme de Langonnet confirmée par Plourin [1982: 109]). Les deux dernières formes ont étés recueillies au Saint, la première d’un locuteur né en 1932 et la deuxième d’un locuteur né en 1948. Concernant les formes de brehoneg sans h dans NALBB, on doit noter que les informateurs de Guiscriff étaient nés en 1909 et 1919, ceux de Priziac en 1906 et 1920, ce qui suggère que la prononciation réduite sans h a coexisté depuis un certain temps avec la forme la plus allongée. Un autre exemple de coalescence est la transformation d’un –ou pluriel en o-consonantique devant une voyelle accentuée dans un deuxième composant disyllabique, exx. : Roudou-alleg > Roudoalleg ; Lambou-ezer > Lamboezer (Crozon) ; le même phénomène peut se produire devant un composant monosyllabique, exx. : ar Roudou-ir (Hanvec) que nous avons recueilli avec une hésitation indicative de la part d’une informatrice comme ʁudˈwi·ʁ … ʁuduˈi·ʁ | Poullou-vern > Poullou-ern (Plounévézel) prononcé puləˈwe·ꝛn (et compris naturellement comme Poull-ar-wern, bien que la forme attendue alors serait forcément Poull-ar-vern dans ce district). Que ces exemples de coalescence d’un ou en semi-voyelle sont purement phonétiques est illustré par Toulloarneg (Kernével) pour un dérivé de louarn ‘renard’ qui ne correspond pas dans son vocalisme au pluriel louarned qu’on trouve dans la même région (ALBB: 434) – la disparité entre ces dérivés de la réalisation de louarn doit s’expliquer par le fait que louarned est un nouveauté lexical (ayant déplacé l’ancien pluriel lern) qui de plus est soumis à une pression analogique pour conformer à la forme singulière du mot au contraire d’un nom de lieu qui a tendance, dans l’emploi quotidien, d’être qu’un signe sémantique propre à lui-même dont la seule fonction linguistique est d’identifier une localisation dans l’espace comme le rappelait Falc’hun et Tanguy (Tanguy 1975: 9–10, 47–48). En français courant oral, on considère qu’il y a deux syllabes dans le mot cassions (ca– + –ssions), mais on peut, pourtant, séparer les sons –ssi et –ons dans la deuxième syllabe. Cette variation possible (parfois régional, parfois stylistique) dans le français explique que le mot français hier peut se prononcer, soit iɛʁ décoalescé avec hiatisme (diérèse), soit jɛʁ coalescé avec diphtongue ouvrante (synérèse). Ce cas précis est très pertinent pour essayer de comprendre les formes documentaires francisées concernant la rivière bretonne Ier ˈijəꝛ qui s’écrit officiellement l’Hyères et qui se prononce, naturellement, l-jɛʁ dans le français du district. Notez d’ailleurs que c’est surtout à cause de la difficulté de fournir des dérivés qu’on a préféré ‵décoalescence′ (‵hiatisme′ pour l’état) et ‵coalescence′ (‵diphtongue ouvrante′ pour l’état) à la paire contrastif usuel français ‵diérèse′ / ‵synérèse′ (‵(dé)coalescence′ pour les processus, ‵hiatisme′ et ‵diphtongue ouvrante′ pour les états). Le terme ‵décoalescence′ (préféré à ‵diérèse′) est la prononciation d’une ‵diphtongue ouvrante′ en ‵hiatisme′, phénomène rare en breton KLT comparé au français où un locuteur peut cherche à décoalescer des mots du type rien ʁjɛ͂, nation nasjo͂ en ʁiɛ͂, nasiõ pour mettre l’emphase. En breton KLT on ne peut parler de décoalescence qu’en référence aux changements de composition du point de vue des dérivés (qui est le point de vue opposé à l’usage lingusitique et au bon sens), donc la diphtongue ouvrante dans le dérivé pluriel milyonou miˈljo͂·nʊ décoalesce pour donner un hiatisme dans la seconde partie du racine singulier milion miˈli·ən ‘million’. Il serait plus usuel – et sans doute plus simple – de dire que le dérivé de milion coalesce pour donner milyon– suite à l’addition d’un suffixe ; cf. ‵monophtongaison′ (sous ‵monophtongue′). Le terme ‵coalescence′ est préféré à ‵synérèse′. Ne pas confondre avec ‵fusion′. Anton. décoalescence.
cognat² (angl. cognate) : En parlant de rapports historiques entre mots d’autres dialectes ou d’autres langues, nous avons préféré l’emploi du terme ‵cognat′ (substantive masculin) à ‵mot apparenté′ qui, tout en étant plus accessible, reste peu maniable, surtout si on y ajoute des qualificatifs. Strictement parlant, le cognat se reporte à un mot qui partage la même filiation évolutif avec un autre mot dans un autre langue/dialecte (ex. br. mab ~ gall. mab ~ irl. mac, tous réflexes d’un ancien celtique *makwos), par contre le mot anglais terrace ‘rangée (de maisons)’ n’est pas un cognat du français terrasse, puisque c’est un emprunt plutôt que le résultat d’une filiation évolutive. Par contre l’anglais ten ‘10’ est bel et bien un cognat du français dix, puisqu’ils ils sont tous deux des réflexes – par un long cheminement historique – d’un ancien indo-européen *dekmt (sans diacritiques) ; cf. ‵réflexe′. Prioriser devant ‵mot apparenté′. Préféré à ‵congénère′, ‵coradical′.
colorée² (voyelle …) | colorer⁴ | coloration⁵ (angl. coloured vowel) : Une ‵voyelle colorée′ se reporte à un état de la qualité (‘couleur’) d’une voyelle, toujours en contraste avec la réduction qui est le ‵schwa′ (autrement la voyelle neutre où centralisée). On dirait donc que le e dans kaled, le a dans bian et le o dans person sont colorés dans le dialecte du Léon en contraste avec le dialecte de Cornouaille où ils sont tous la qualité du schwa. De même on dirait que dans le cornouaillais, le e dans kaletoc’h, le a dans bianoc’h, et le o dans personed sont colorés vis-à-vis des versions singuliers (kaled, bian, person) qui ont tous schwa ; cf. ‵colorisation′.
colorisation⁵ | colorisé³ | coloriser⁴ | colorisant⁶ (angl. colourisation) : La ‵colorisation′ est un processus par lequel le schwa acquiert une ‘couleur’ vocalique qualitative. Un exemple de ce processus et celle qui se produit quand un locuteur d’une langue qui n’a pas de voyelles neutres finales (le français) prononce les mots d’une langue qui les a (le breton, l’anglais, l’allemand). La francisation croissante en Basse-Bretagne fait que la prononciation d’une grande proportion des dialectes bretons tend à être francisée dans cet aspect, et cela se voit, hèlas, dans des nombreuses transcriptions phonétiques qui sont fautives sur ce point. Si la colorisation d’un schwa suit l’intrusion de ce schwa dans le contexte d’un processus de savarabhakti , on peut parler d’ ‵éclosion′ pour le processus complet ; cf. ‵voyelle colorée′. Préféré à ‵décentralisation′. Anton. ‵centralisation′ (sous centrale).
compression⁵ | comprimé³ | comprimer⁴ (angl. compacting) : La ‵compression′ est un type d’ ‵amuïssement′ par lequel deux syllabes se réduisent en une due à la réduction puis perte du noyau vocalique se trouvant dans la syllabe inaccentuée qui l’amène à se fondre avec la syllabe accentuée voisine. La compression due à la perte de la syllabe finale non-acccentuée est un phénomène très commun dans le breton cornouaillais et se trouve parfois orthographiée dans les formes officielles, exx. : marreg (st. marc’heg) > marg | gwaremm > goarm (par contre l’ethnonyme Turk en Cornouaille, prononcé Teurk, semble être réanalysé au XIXe siècle comme teureug ‘tiques’ à cause de la prononciation par compression de ce dernier mot comme teurg). Mais, généralement, la perte de la syllabe finale n’est jamais indiqué, ni dans les formes officielles francaises ni dans l’orthographe bretonne. Les seules exceptions sont : i. au contact avec les ‵labiovélaires′ dans l’Entre-Odet-et-Ellé dans le Finistère Sud – région de très forte réduction syllabique post-tonique – où elles forment des groupes consonantiques ‘plausibles’ avec la consonne finales, exx. : deoz < dewez | eod < eved | aol < aval | taorn < tavarn ; ii. ainsi que dans certaines parties du Léon ou l’écriture de la voyelle amuïe dans une région où l’amuïssement de la syllabe post-tonique n’est pas la règle et l’écrire tenderait à tromper les lecteurs ; nous donnons deux exemples : an Tern (Plouguerneau) pour un an Anterenn d’origine, et ar Warm (Pleyber-Christ) pour un ar Waremm d’origine (on trouve Goarm écrit pour ce toponyme déja en 1720). Deux sous-catégories de compression sont la ‵déduplication′ et le ‵télescopage′. La ‵fusion′ est un type spécifique de compression et, semblable aussi, mais avec une évolution très spécifique est la ‵coalescence′. Préféré à ‵contraction′.
communauté langagière (angl. speech community) : La ‵communauté langagière′ est une locution qui souligne que la langue n’est pas seulement un phénomène linguistique mais aussi un phénomène sociologique. On peut soutenir que le breton est la langue de deux communautés langagières :
- Primo, celle des locuteurs traditionnels épars dans la Basse-Bretagne rurale et quelques concentrations d’émigration dans les grandes villes françaises du nord-ouest (Rennes, Nantes, Angers, Le Havre, Paris) ;
- Secundo, celles des locuteurs ‵néo-bretonnants′, qui forment des réseaux dans le maillage urbain breton se concentrant presque exclusivement dans des établissements scolaires, universitaires et des associations culturels et militantes plutôt que formant des communautés à parts entières.
Cette dichotomie représentée par l’exitence de deux communautés langagières se retrouve à divers degrés dans les autres pays celtiques : depuis longtemps en Irlande, où le gouvernement à une politique de soutenir et de rapprocher les deux communautés (sans grand succès) mais seulement depuis quelques décennies en Écosse et au Pays de Galles, depuis la croissance des écoles celtophones. Cela dit, sauf en Irlande. le phénomène est moins frappant qu’en Bretagne, soit à cause du nombre réduit des locuteurs ‵non-natifs′ (Ecosse) ou le nombre important de locuteurs ‵natifs′ (Galles).
congénère¹, voir cognat.
consécutive² (assimilation …) (angl. perseverative assimilation ~ lag assimilation) : Une ‵assimilation consécutive′ est une assimilation déclenchée par un son vers l’avant qui influe un son qui lui succède dans le mot/nom. Les exemples d’assimilations consécutives ‵contiguës′ en breton sont souvent des ‵assimilation mutuelles′. Dans l’exemple de la locution hent-braz ‘grande route’ devenant hent-praz la graphie est trompeur puisque l’assimilation de braz à praz peut enclencher une ‵assimilation anticipée′ du mot précédent, montrant à quel degré certains de ces processus évolutifs peuvent être compliqués. Plourin (2019) illustrant l’exemple de hent-braz, montre que la locution est sujette, en premier lieu, à une ‵assimilation consécutive′ de braz se provectant en praz suivant la qualité fortis de t dans hent ; puis, en deuxième lieu, la locution perd le t du à l’intolérance du breton face à l’engendrement d’un ‵groupe (consonantique)′ ‘barbare’ -ntp- ; et en troisième lieu, la forme hen-praz aussitôt constitué est succédé par une ‵assimilation consécutive′ du n dans hen-praz à m donne hem-praz, la prononciation de ce ‵composé lâche′ dans la plupart des parlers bretons. Ces modifications phonétiques, menant à d’autres en série, se déroulent sans doute presque instantamment. Un exemple identique est Pontklaz < ar + pont + glaz, cache (mimétiquement plutôt ar Pong-klaz que ar Pon-klaz). Préféré à ‵assimilation progressive′. Pour des exemples d’assimilations consécutives ‵non-contiguës′ en breton, qui ne sont pas aussi nombreux, voir ‵assimilation contiguë′. Anton. anticipation anticipée.
consonasalisation (angl. consonasalisation) : La ‵consonasalisation′ est un processus par lequel une nasalisation vocalique (souvent provenant d’une consonne v nasale, provenant à l’origine de la nasale bilabiale m en brittonique) se consonalise en consonne nasale, exx. : din < diñ < m-br. diff ; evidon < evidoñ < m-br. euidoff ; br. léonard ankounahad < *ankoñvaad < m-br. ancofhat (cf. br. central ankoaad) ; np. Tunvez < Tuñveƶ dans Lanndunvez (= Landunvez 29) (cf. Tumette la francisation archaïque de son éponyme). Dans certaines parties de la Basse-Cornouaille un mot comme kraoñ kxɑ͂w ‘noix’ est consonasalisé en kraon kxɑ͂wn sans qu’il n’y ait eut de v-nasalisé à l’origine (cette nasalisation dans kraoñ est une nasalisation de proximité due au n d’origine qui existait dans la forme moyen-breton cnou *knɔw). Le processus de consonasalisation est assez rare et semble être une ‵contrecorrection′ de la ‵dénasalisation′. Nous avons dû forger le néologisme un peu lourd ‵consonasalisation′ puisque au moins elle à l’avantage d’être passablement claire pour démarquer le processus consonantique du processus vocalique de ‵nasalisation′. Anton. déconsonasalisation.
contamination¹ (vocalique) | contaminé³ | contaminer⁴, voir harmonie vocalique.
contiguë² (assimilation …) (angl. adjacent assimilation) : Les ‵assimilations contiguës′ les plus communs en breton sont des ‵assimilation anticipées′. L’ ‵assimilation contiguë′ est une catégorie contextuelle d’ ‵assimilation′. Nous pourrions dire ‵sandhi′, mais nous préférons reserver ce dernier terme pour des phénomènes de liaison de la châine parlée plutôt que des assimilations semblables dans les composé lâches ou serrés que forment les toponymes. Il y a trois catégories d’assimilations contiguës : ‵assimilation anticipée′, ‵assimilation consécutive′, ‵assimilation mutuelle′. Une assimilation contiguë anticipée commun est la ‵fortition′ de la dernière syllabe du premier composant ‵référentiel′ (ex. an Tres-ir < an + trêz + hir). Des exemples de son contraire, la ‵lénition′, dans des contextes d’assimilation, semble moins nombreux en général puisque toutes les orthographes bretonnes favorisent la consonne lénis pour les noms communs (ex. koad plutôt que koat, à cause de ses dérivés) bien que la prononciation de koad est plutôt kwat, mais montre une lénition dans certains contextes, e.g. Koadmeur kwadˈmø·ꝛ contrastant avec Koad Pennhoad kwatˌpɛnˈhwat. Les termes toponymiques hent, pont, sant montrent souvent la lénition : Hendäez < hent + np. Äez | Pondi (= Pontivy 56) < pont + np. Ivi | Zand Inan (= St-Aignan 56) < sant + np. Inan. Une autre assimilation contiguë anticipée est la labialisation de n devenant m devant b-p-f : Lammbezeleg (= Lambézellec 29) < lann + np. *Pezeleg. D’autres exemples d’assimilation contiguës anticipées communs, mais masqués en général par l’orthographe, sont la palatisation et affrication des vélaires devant voyelles antérieures (‵palato-chuintement′) et la nasalisation des voyelles devant consonnes nasales.
contraction⁵ | contracté³ | contracter⁴ , voir compression.
contrecorrection⁵ | contrecorrect² | contrecorrigé³ | contrecorriger⁴ (angl. countercorrection) : Terme que l’on a défini pour les besoins d’analyses dynamiques.5Wmffre (2003: 392) employa le terme anglais counter-development ‘contre-développement’ en développant le concept. La ‵contrecorrection′, comme l’ ‵hypercorrection′ est une forme de ‵fausse régression′, mais s’en démarque d’elle par le fait qu’elle ne se borne pas à rétablir une forme phonétique antérieure mais va plus loin qu’une hypercorrection en exagérant encore la différence phonétique de la régression, dans un sens qui s’éloigne d’une innovation de l’évolution phonétique en cours. On pourrait affirmer que, si la régression est un contrecourant face au cours de l’évolution phonétique d’une langue, la contrecorrection, par contre, impliquerait plutôt un contrecourant emphatique – voire même ‘aggressive’ – devant cette même évolution ; ou, plus succinctement, si la hypercorrection implique un changement de nature analogique, la contrecorrection implique un changement de nature phonétique sans analogie évolutive. Il est vraisemblable que la forme Lesperbe (Ploaré), Lesberbé 1750, est une contrecorrection de la tendance du v-médial dans Lesperve à s’amuïr en Lespere 1690. Cette défrication de la consonne v qui tend à s’amuïr dans la Cornouaille se trouve généralement dans le cas de sibi ˈsi·bi < sivi ‘fraises’ (NALBB: 193) et plus fréquemment dans le breton bigouden et du coté de Fouesnant dans des mots où le v est d’origine antihiatique, exx. : ubel ˈy·bᵊl < uvel ˈy·vᵊl (lui-meme hypercorrection de uel ‘haut’) (Sinou 2000: 135; Madeg 1988: 47) | buman ˈbymᵊn < *buban < *buvan < buan ‘vite’ (Sinou 2000: 25), comparez np. Tuval ˈty·vᵊl < Tual (Sinou 2000: 134).
Un autre exemple de contrecorrection en breton se trouve dans le mot kafe ‘café’. Ce mot se prononçait ˈkafe à l’origine dans toutes les dialectes KLT, avec l’accentuation pénultième comme seule différence avec le mot d’origine emprunté du français. Cependant, en breton cornouaillais cette prononciation s’est réduite à ˈkafᵊ, mais au lieu de compléter la tendance évolutive de réduction en amuissant la syllabe final pour donner *ˈkaf (sur le modèle de beaucoup d’autres mots avec un -e orthographique final en cornouaillais), une bonne partie des dialectes cornouaillais à contrecorrigé la tendance évolutive en créant un consonantisme final non historique : kafer ˈkafᵊꝛ autour de Carhaix et kafed ˈkafᵊd dans le Sud-Cornouaille, entre Odet et Ellé. On pourrait penser que la tendance de certains dialectes anglais américains de créer des régressions comme idear (faite sur idea ‘idée’) est semblable à la régression bretonne kafer (faite sur kafe) sauf que dans le cas de l’anglais ce type de régression est plus précisément une ‵fausse régression′puisque elle est due à la chute des r-finaux dans ces dialectes.
Des exemples de contrecorrections dans d’autres langues sont :
- en gallois : gwahell pl. gwehyll signifiant ‘aiguille à tricoter’ devient gwachell pl. gwechyll dans certains dialectes du centre-nord du pays, devant la tendance évolutive de la forme d’origine gwahell pl. gwehyll à évoluer en gwäell sg. gwëyll – ces derniers étant d’ailleurs les formes retrouvées le plus souvent dans les dictionnaires (donc on trouve [χ] pour surcompenser l’évolution amuïssante [h] > [Ø]) (Wmffre 2003 : 287) ;
- en gallois : le mot signifiant ‘clé’ devient allwed dans le sud-ouest du pays, devant la tendance évolutive de la forme standard allwedd à évoluer en allwe (donc [d] pour surcompenser l’évolution amuissante [ð] > [Ø]) (Wmffre 2003 : 300) ;
- en gaélique irlandais : tout exemple de r-palatalisé – ir à l’écrit – en position médiale et finale devient un yod [j] à Gaoth Dobhair dans le Donegal (exx. aire ‘attention’ ɪꭉɘ > ɪjɘ, spéir ‘ciel’ speːꭉ > speːj), devant la tendance évolutive de la forme historique [ꭉ] – avec r-palatalisé – à évoluer en [r] (puis un ɽ-rétroflexe sous l’influence de l’anglais irlandais), ce r-palatalisé se palatalise carrément en palatal [j] pour surcompenser l’évolution dépalatalisante [ꭉ] > [r] > [ɽ]). Dans toutes les dialectes voisins, qui sont d’ailleurs plus accessibles aux districts anglophones où le son palatalisé de l’r n’existe pas, les mots comme aire, spéir se prononcent ɪɾɘ ~ ɪɽɘ, speːɾ ~ speːɽ.6Nous utilisons [ꭉ] pour ce qui est transcrit [rˊ] par tradition non-API par les phonéticiens du gaélique. Notre motivation pour ce changement de convention pour ce son est le besoin pratique d’une symbole unique pour noter cette consonne palatalisée.
Le phénomène décrit par le terme contrecorrection ne semble pas communément reconnu dans la littérature scientifique linguistique (si ce n’est qu’il est, sous une autre forme).
convergence⁵ | convergé³ | converger⁴ (angl. merger) : La convergence représente, le plus souvent, un processus phonétique qui amène un son à se confondre avec un autre son, différent à l’origine. Le processus de convergence voit : soit un des sons converger unidirectionnellement pour se recouper avec un autre son déja existant (exx. skol > skoul | enez > iniz) ; soit, parfois, les deux sons se convergeant mutuellement pour se recouper sur un autre son innovant qui représente, lui, une réalisation de compromis (ex. le vocalisme des suffixes historiques –eg et –ig se confondant comme [ɘ] dans la Basse-Cornouaille – le [ɘ], ou ‘schwi’, est un schwa haussé et avancé tendant vers le [ɪ] et le [i] qui résulte en une confusion entre les suffixes –eg et –ig dans les dialectes bas-cornouaillais : soit confusion totale comme -ɘg ; soit confusion partielle, seulement vocalique, gardant -ɘg pour –eg et -ɘɟ pour –ig). Le processus de convergement opère surtout au niveau des sons mais peut, dans certains instances le peut aussi au niveau des mots/noms (ex. parroz ‘paroisse’ et Pariz ‘Paris’ convergeant mutuellement tous deux pour ne donner que ˈpa·ꝛᵊz à Plounévézel).
coradical¹, voir cognat.
déaspiration⁵ | deaspiré³ | déaspirer⁴ (angl. deaspiration) : La ‵déaspiration′ est la perte d’un h-initial ou médial (exx. hir > ’ir dans l’Ouest bretonnant et dans le Sud-Haut-Vannetais | brehoneg > breoneg dans l’Entre-Odet-et-Ellé). Anton. aspiration.
débit¹ (langagier) (angl. (speech) tempo) : Le ‵débit (langagier)′ désigne la vitesse de l’énoncé, phénomène qui varie entre personnes et entre situations sociolinguistiques. On peut emprunter des étiquettes pris à la terminologie musicale : lento – andante – allégro – presto comme le fait, notamment, Dressler & Hufgard (1980), mais s’il est sûr que des variations de débit existent, il est :
- Primo, difficile d’étudier le phénomène pour des raisons logistiques ;
- Secundo, la démonstration de son intérêt proprement linguistique n’a pas été faite ;
- et, surtout, Tertio, on le confond trop facilement avec les versions raccourcies des mots et locutions en breton cornouaillais qui – dans notre opinion – n’est pas lié à des catégories de débit langagier chez ses locuteurs.
Préféré à ‵tempo′ .
décentralisation⁵ (angl. decentralisation), voir colorisation.
décoalescence⁵ | décoalescent² | déoalescé³ | décoalescer⁴ (angl. decoalescence), voir coalescence.
déconsonasalisation⁵ (angl. deconsonasalisation) : La ‵déconsonasalisation′ est un amuïssement de n en position médiale ou finale, facilité par le transfert de sa pertinence phonémique à la voyelle précédente qui est devenue nasalisée. Des exemples en breton sont : hañi ~ heñi < hani ~ heni ; poñchou, heñchou < ponchou, henchou < *pontyou, *hentyou . La déconsonasalisation devant consonnes non-nasales est très commun dans les toponymes. Notons les composants communs suivants : lann (exx. Larieg (= Lanriec 29) < Lannrieg | Laolan (= Langoëlan 56) < Lannoelan) | penn (exx. Peroz (Perros-Guirec 22) < Pennroz | Pered (Perret 22) < Pennred), et même sant (exx. Zaventaz (Carnoët 22) < Sant Ventaz | Savoaran (Ste-Marine, Combrit 29) < Sant Voran). Ne pas confondre avec ‵dénasalisation′. Anton. consonasalisation.
déduplication⁵ | dédupliqué² | dédupliquer⁴ (angl. haplology) : La ‵déduplication′ est un type particulier de ‵compression′ par lequel deux syllabes à consonantisme identiques se réduisent en une syllabe. Dauzat [1926 : 57–58] parle de “la déduplication, ou suppression de la première de deux syllabes à peu près identiques”. La déduplication se trouve dans quelques mots dans tous les pays KLT (exx. amanenn > amânn | merenn > mern) mais est de loin beaucoup plus commun dans le breton cornouaillais qu’ailleurs, exx. : âr < arar | Konan > Kôn | Rostrênn (Rostrenen 22) < Rostrênenn | ar Radênn (Scaër 29) < ar Radenenn | Zanton (Lanrivain 22) < *Zann Anton < Zand Anton | Ker-ri (Scaër) < Kererry 1426 | Lochtaynk (= Nostang 56) < ? lost + stank ; cf. ‵quasi-déduplication′. Préféré à ‵haplologie′.
défrication⁵ | défriqué² | défriquer⁴ | défricable⁶ (angl. defrication) : La ‵défrication′ est un processus phonétique par lequel une fricative perd sa frication et acquiert une autre qualité consonantique. Des exemples sont : hiviz > himiz (sud Finistère) | uvel (st. uel) > ubel (Bigoudénie) | brezoneg > bredoneg (Sein) | meurz > meurd (Trégunc) | bleyƶi > bleydi (br. central) | diƶyou > didyou (Goëlo). kroc’hen > krohen (nord Finistère). La défrication partielle des fricatives vélaires et uvulaires donne les approximantes vélaires-uvulaires [ꭗ-ꝛ]. L’approximante [ꝛ] est commune pour les r-non-initiaux dans la Cornouaille et le Trégor, et par analogie on trouve son pendant fortis [ꭗ] tant que variante pour les c’h-non-initiaux, du moins dans la Haute-Cornouaille (l’origine différente du r d’origine rhotique et du c’h d’origine vélaire explique la différence dans la distribution de ces deux pendants approximants, la faiblesse du r-non-initial semble perpétuer une faiblesse antérieure de rhotacité du r en position non-initiale, qu’on retrouve dans le r-rétroflexe trégorrois [ɽ]) ; cf. ‵fricative′. Anton. frication.
déglutination⁵ (angl. resegmentation) : La ‵déglutination′ – qui est un type de ‵fausse coupe′ – est la séparation d’une partie d’un mot compris comme faisant partie d’un autre mot. Une déglutination assez commune est la soustraction de la consonne initiale d’un mot compris comme faisant partie de article défini, exx. : an nant > an ant ; an naer > an aer ; un nor > un or ; *naoza < aoza ; v-br. naues > aouez (sud-Finistère). Un autre exemple de déglutination est les toponymes en Arc’hantell dans le Léon (cf. leurs cognats gallois, les hydronymes Ariannell). Il semble que dans deux exemples de ce type de toponyme la première syllabe a été comprise par déglutination comme l’article défini donnant une forme ar C’hantell (Santec, Landunvez) mais ailleurs la forme régulière à prévalue avec l’ajout naturel de l’article défini an Arhantell (Brest, Plouider). Préféré à ‵désagglutination′. Anton. agglutination.
délénition⁵ | délénifié³ | délénifier⁴ (angl delenition), voir fortition.
démotique² (registre …), voir registre usuel.
démutation(-contextuelle)⁵ | démutationnel² | démuté³ | démuter⁴ (angl. demutation) : Les changements phonétiques dus aux ‵mutations grammaticales′ peuvent être révoqués dans certains contextes syntaxiques. Nous préférons ‵démutation-contextuelle′ là où le processus est l’annulation d’une mutation, comme dans l’addition d’un ‵spécifieur substantif′ qui recquiert le retrait de l’article défini initial (exx. ar Gernevez > Kernevez Logivi (Plouguerneau) | ar Vorest > Forest Lannderne). Par contre nous préférons des termes plus précis s’il s’agit de processus phonétiques (‵fortition′, ‵défrication′, ‵déaspiration′) qui ne sont pas dans le système des mutations grammaticales (exx. korriked de korrig ‘nain, korrigan’ | ubel de uvel ‘haut’ | krabaz de kravaz ‘brancard’ | himiz de hiviz ‘chemise’ | breoneg de brehoneg ‘langue bretonne’).
dénasalisation⁵ (angl. denasalisation) : La dénasalisation se reporte à un processus où une voyelle nasalisée perd sa qualité nasale. Ce phénomène est commun pour les voyelles <i- u> (ex. puz < puñz | liselyou < liñselyou). La dénasalisation explique la hypercorrection riñvyer < rivyer ‘rivière’. Dans certains régions de l’Ouest bretonnant on trouve la dénasalisation même pour <e> occasionnellement (exx. kre < kreñv | tn. Sant Trevel (Le Guilvinec) < np. Treñver | tn. Ploudeved (Sein) Plozeñved (= Plozévet)). La différence entre la prononciation de tener comme ˈte·nɛr dans le Léon et ˈtɛ͂·nəꝛ dans le Centre- et le Sud-Finistére ne représente pas la dénasalisation mais l’évolution seulement partielle dans le domaine bretonnant d’une nasalisation contingente de e-long devant n-simple. De même le manque de nasalisation dans les versions déconsonasalisées des composants lann et sant (exx. Larieg < Lannrieg | Savoaran < Sann Voran) nous montrent que la perte de l’ n précède la nasalisation contingente qui a affecté ces mots dans tout le domaine KLT, que la déconsonasalisation s’est déroulée avant que le [an] devint [ɑ͂n]. Ne pas confondre avec ‵déconsonasalisation′. Anton. nasalisation.
dérhotacisme¹ | dérhotacisé³ | dérhotaciser⁴ | (angl. derhotacism) : Le terme ‵dérhotacisme′ est un ‵hypercorrection′ de ‵rhotacisme′ typique de l’ouest du bassin de l’Aulne, exx. : ostalidi < ostaliri ; meridi < meriri (st. mereri).
désagglutination², voir déglutination.
désagrégation⁵ | désagrégé³ | désagréger⁴ (angl. disaggregation) : La ‵désagrégation′ est la réduction ou séparation des segments constituants d’un ‵groupe consonantique′. Pour voir des différents types de désagrégation, voir ‵groupe consonantique′ et ‵svarabhakti′.
diachronie¹ | diachronique² (angl. diachrony) : La ‵diachronie′ se reporte aux faits linguistiques dans le contexte de changements évolutifs dits historiques. Anton. synchronie.
diérèse¹ (angl. diaeresis), voir coalescence. Notez que le cognat anglais diaeresis est tout autre chose et signifie plus communément dans cette langue un terme orthographique désignant le ‵tréma′.
disjonction⁵ | disjoint³ | disjoindre⁴ (angl. disjuncture) : Il y a ‵disjonction′ en breton quand le ‵sandhi′ ne se réalise pas entre deux mots dans la chaîne parlée ou dans un ‵composé lâche′, ce qui peut facilement arriver dans les registres ‵posés′ ou ‵emphatiques′, contrairement à la langue ‵usuelle′ ; cf. ‵assimilation mutuelle′. Ils semble que des phénomènes de disjonction sont responsables de la forme de certains toponymes : ar Bodero (Langonnet 56), ar Boudreyn (St-Thois 29) comparés à leur homonymes ar Botèrr (Gurunhuel 22), ar Botreyn (Bolazec 20), bien qu’il se pourrait que les prononciations recueillies de ces toponymes n’étaient pas les plus authentiques, ce que suggère les formes historiques Boterf 1734, Boteroff 1770 pour le toponyme de Langonnet (tandis que Botdrein 1784 –mal transcrit Boldrein – est ambigu pour le toponyme de Saint-Thois). En fait l’assimilation mutuelle, en tant que trait phonologique du breton, souffre d’exceptions stylistiques que nous avons notés ci-dessus. Favereau (1997: 163–64) laisse entendre qu’en dehors de la grande aire centrale l’assimilation mutuelle se fait moins, une affirmation qui reste à démontrer et dans la toponymie l’assimilation mutuelle par fortition semble de mise partout dans la Basse-Bretagne. L’Abbé Jean Feutren (1990: 441), historien local, disait bien concernantle toponyme-type ar Pontklaz (< ar + pont + glaz) dans le Léon que “la prononciation du nom est identique à Pleyber, Plounéour Ménez et Saint Pol de Léon : les anciens disent Pont-Claz avec un c au lieu d’un g.” Notons, quand même, l’absence presque totale sur le territoire bretonnant d’assimilation mutuelle par fortition de pod en liaison avec dour dans la locution pod-dour ‘pot à eau’ recueillie par le NALBB (499).7La locution pod-dour, pour le récipient qui sert à puiser l’eau à la fontaine, est connue en breton depuis le XVIIe siècle [Devri s.v. pod-dour]. Il y a plusieurs explications possibles à ceci, la traduction est calqué mot-à-mot du français par les informateurs, négligeant d’autres mots plus usuelles comme picher ‘pichet’ et brok ‘broc’ (usuels en breton central du moins, et attestés de longue date en breton – depuis le le XVe siècle pour le premier et le XVIIe siècle pour le dernier d’après Devri [s.v. picher¹ & brok¹]).8Il paraît que la locution élicitative du NALBB pot à eau – et son synonyme pot d’eau – est très minoritaire en français (Lyon, vallée de la Rhone), du moins d’après l’usage quotidien et que pichet domine l’ouest de la France, voir le site ‘Français de nos régions’ https://francaisdenosregions.com/2018/10/10/vous-dites-pot-deau-cruche-ou-carafe). CHK pod dour ~ brok ~ picher ga Louis Lofficial. Il se pourrait que l’homonymie entre pod ‘pot’ et paotr ‘gars, homme’ joue un rôle, avec la qualité de la consonne finale constitutant la différence saillante entre les deux mots en composition (ex. pod braz ‘grand pot’ vs pôt’ praz ‘grand homme’ en breton central) pourtant c’est bien pot-tu (mot-à-mot ‘pot noir’) qu’on trouve pour ‘bouilloire’ en breton central (DicKB s.v. pod-tu). Les limites du sandhi se voient aussi dans des oppositions qu’on trouve en breton central entre : kas-pian ‘chaton’ vs kaz bian ‘petit chat’ | hent-praz ‘grande route (axe principal)’ vs hent braz ‘grande route (au sens littéral)’.9Ceci répond à la distinction faite en anglais entre, respectivement, ‘main road’ vs ‘big, large road’. Crahé (2013: 124) nous informe qu’à Languidic “ənenˈprɑːs la ‘grande route’, c’est-à-dire la voie express souvent nommée de manière redondante ənenˈprɑːsbrɑːs ou ənenˈprɑːzvrɑːs.” L’appellation en hent-praz-vraz n’a rien de rédondante puisqu’il est clair que la voie express (N24) construite dans les années 1970 à supplantée – pour ce qui est de la circulation – l’ancienne grande route (D724), tout en suivant le même tracé – plus ou moins – à travers la commune. La distinction entre mad ‘bon’ et mat ‘très’, gwaz ‘mari’ et gwas ‘as’ en breton central (chaque paire dérivée du même mot) est bien connue et prouve – s’il en est besoin – que les effets du sandhi sont loin d’être automatiquement appliqués. Anton. assimilation mutuelle.
dissimilation⁵ | dissimilé³ | dissimiler⁴ (angl. dissimilation) : L’ ‵dissimilation′ est un type de ‵permutation′ se reportant au changement d’un son pour se différer phonétiquement d’un autre (en ‵composition′ ou en ‵sandhi′). La dissimilation tend à être non-contigue et se produit comme une dissimilation ‵anticipée′ (ex. alar < arar ‘charrue’, commun dans le KLT) aussi bien qu’une dissimilation ‵consécutive′ (ex. bas Léon aral < arar ‘charrue’). Voici des exemples : an Nanniliz < Lanniliz (Lannilis 29) | an Nokenole < Lokenole (commun) | Kerrioled < Kerriored (commun) Brenyel < Brenyer (Le Saint 56) ; cf. ‵amuïssement dissimilatoire′. Anton. assimilation.
dynamisme⁵ | dynamique² (angl. dynamism) : Le ‵ dynamisme′ est une qualité du langage qui reste négligée dans la linguistique moderne, dont les repères analytiques et méthodologiques sont issus des idéologies dominantes du structuralisme et du générativisme (qui passent pour constituer la linguistique ‘moderne’).10Il n’y a qu’inspecter la part réduite (une douzaine de pages) dans l’œuvre ‘encyclopédique’ de 787 pages par Ducrot, Oswald & Schaeffer, Jean-Marie. 1995. Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage. (Paris: Seuil) pour s’en rendre compte (précisément les chapitres consacrés à la ‘Géolinguistique’ et la ‘Sociolinguistique’). Plus au moins la même espace (11 pages) est donné à un rétrospective de la ‘Linguistique historique au XIXe siècle’, comme s’il n’y aurait pas eu de développement dans cette sous-discipline depuis. Il est intéressant de noter qu’on y parle de ‵phonologie diachronique′ en relation avec les travaux de Martinet et d’autres linguistes, mais qu’on néglige de mentionner la ‵synchronie dynamique′, l’approche à la description et à l’analyse linguistique qu’André Martinet promouvait avec vigueur des années 1960 jusqu’à sa mort en 1999. Les lecteurs bénéficieront de lire la chapitre consacrée à cette évolution de la pensée de Martinet dans Wmffre (2013a: 91–121). Par contre, les philologues (linguistes historiques) et surtout les géolinguistes (dialectologues comparatifs) n’ont pas grand chose à apprendre de l’approche dynamique sauf que les mêmes tendances évolutives et variationnelles se jouent, pas seulement à l’échelle historique ou géographique mais en ‘temps réel’ au sein même de tout ‘structure langagier’. Il s’ensuit l’insistance placée par nous sur l’importance de la ‵synchronie dynamique′ pour pourvoir une description et une analyse adéquate de tout langue/dialecte (comprenant les formes orales des noms de lieux) ; pour une introduction fournie concernant la part du dynamisme dans le langage humain, voir Wmffre (2013a).
Le dynamisme (variation, changement) du langage – et donc des formes des noms de lieux – s’explique par trois grands déterminants, deux internes et la troisième externe :
- Primo (interne), changements évolutifs (‵évolution phonétique′) dûs à l’économie phonétique d’efforts articulatoires et temporels pour communiquer, une tendance qui explique la réduction et maintes autres phénomènes phonétiques qui agissent sur les formes du langage, certains allongeant plutôut que raccourcissant les mots (p. ex. a-walac’h remplaçant a-walc’h ‘assez’ par ‵svarabhakti′, ou uvel remplaçant uel ‘haut’ par ‵hiatisme′) ;
- Secundo (interne), remplacements analogiques (‵analogie′) dûs à l’économie phonologique, tendant à simplifier le nombre de composants dont un locuteur à besoin (un exemple en breton est la progression des suffixe pluriels en –(y)ou et en –ed au dépens d’autres suffixes pluriels moins présents dans la langue (p. ex. eroyou, taröed remplaçant irvi, tirvi comme pluriel de ero ‘sillons’, taro ‘taureau’ en breton central). Tels changements par analogie peuvent aussi allonger plutôt que raccourcir les mots ;
- Tertio (externe), remplacements dûs à l’emprunt d’autres langues/dialectes. Un exemple lexical semble être le remplacement d’un lann ‘église’ d’origine par sant ‘saint’ dans Zann Lorañs (= St-Laurent 22) < Lanlouran 1427 | Zanĕgant (Kerien 22) < Lanmorgant 1205. Un emprunt phonétique est l’adoption du r-français [ʁ] à la place des r-bretons [r–rr] d’origine.
éclosion⁵ | éclos² | éclore⁴ | éclosant⁶ (angl. bloom) : L’ ‵éclosion′ est une ‵modification phonétique partielle′ qui augumente la valeur vocalique d’une syllabe dans une direction ‵décentralisante′ dans l’ ‵espace vocalique′, allant de [Ø], à un ‵schwa′ incipient (éclosant) [ᵊ], puis à un schwa [ə], puis à une ‵voyelle colorée′. Un telle trajectoire évolutive est tracée en partie dans les maintes versions dialectales du mot yalc’h, allant de jalx (léon., trég. & br. central) aux versions à ‵svarabhakti′, ˈjalᵊx ~ ˈjaləx ~ ˈjalɐx (basse-corn.) et même jusqu’à aˈwalax dans le Léon pour a-walc’h, un mot à physionomie semblable (NALBB: 40).11La distribution du svarabhakti dans ces monosyllabes contenant la suite alx n’est pas très uniforme dans les pays KLT : seul a-walc’h dans le Léon et les pourtours cornouaillais et trégorrois et une mince frange côtière du sud-Finistère montre un svarabhakti à colorisation complète, partout ailleurs le modifieur modérant se prononce wax ; même dans la locution tra-walc’h, majoritaire hors Léon (NALBB: 41). La carte 301 du NALBB donne un distribution de falc’h semblable à celle que nous avons donné pour yalc’h (bien qu’il donne toujours la prononciation du ‵voyelle épenthétique′ à syllabe réduite *ˈfalᵊx, sans aucun exemple de ce même voyelle à syllabe complète *ˈfaləx). Une bonne illustration d’éclosion est l’évolution de la seconde voyelle dans les ‵hiatismes′ provenant de ‵fractures′ (kêr ke·r > *ˈke·ər > ˈke·ar (Léon) | erc’h ɛrx > *ˈɛ·ərx > *ˈɛ·arx > *ˈɛ͡arx > jarx (Sein) | porz pɔxs > *ˈpɔ·əxs > *ˈpɔ·axs ~ *ˈpɔ·ɔxs > *ˈpʊ͡axs ~ ˈpʊ͡ɔxs > pwaxs ~ ˈpwɔxs (Bigoudénie)). L’éclosion en tant que processus se caractérise par : (1) le stade d’apparition d’un schwa qui constitue une ‵intrusion′, à proprement parler ; suivi par (2) un processus de ‵colorisation′. La différence entre une ‵éclosion′ et une ‵réduction′ en tant que modifications phonétiques partielles est que l’éclosion suit toujours une ‵intrusion′ – elle ne peut pas partir de zéro – tandis qu’une réduction peut finir en zéro par ‵amuïssement′. La tendance des francophones à mettre des voyelles colorées là où le breton à des syllabes finales avec schwa est semblable à l’éclosion de la voyelle intrusive (svarabhakti) dans des mots comme yalc’h, même s’il ne représente pas une évolution continue mais une ‵interférence′ provenant d’une autre langue que le breton. Si un Léonard fait de même avec un mot/nom qu’il a entendu en Cornouaille ou dans le Trégor, le phénomène d’interférence reste le même mais cette fois-ci sur un plan dialectale plutôt qu’une différence de langue. Dans ces deux cas il n’y a pas de processus d’éclosion, à proprement parler, mais de ‵colorisation′. Antons. réduction & intrusion.
écourtement⁵, voir raccourcissement.
élision⁵ | élidé³ | élider⁴ (angl. synaloepha, irl. bá) : L’ ‵élision′ est un amuïssement vocalique (ex. ne > n’ ‘ne’) ou consonantique (ex. ked > ke’ ‘pas’) de mots en liaison du au ‵sandhi′ plutôt qu’un sous-type de l’ ‵apocope′. Contrairement au français où l’élision est restreinte à l’amuïssement de la voyelle à la finale (exs. n’a pas, s’il), l’élision en breton peut se montrer soit à l’initiale ou à la finale des mots qui se rencontrent dans la chaîne parlée. Des exemples d’élisions initiales comme konta aneƶi ko͂nta ˈnɛj ‘la conter’ sont propres à l’ambiguité phonétique puisqu’on peut les interpréter en écriture soit comme konta ’nei ou kont’ anei. Dans ce premier cas cité, l’accentuation bretonne favorise la première interprétation, mais dans d’autres contextes, là où grammaticalement la particule préverbale a se trouve entre deux verbes, il n’est pas possible de distinguer kont’ a ra de konta ’ra quand on entend la suite parlée ko͂ntəˈɣa. Heureusement, dans les exemples qui suivent avec les prépositions ba et ga (formes standards barz, gant), le vocalisme avec [a] nous rassure que la bonne coupe quand ils s’accolent à l’article défini an ən, sont ba’n ba-n, ga’n ga-n (barz an, gant an) bien qu’on voit assez souvent – sous l’influence des habitudes orthographiques françaises – b’an, g’an. Préféré à ‵synalèphe′, ‵amuïssemment en sandhi′’.
ellipse¹ (angl. ellipsis), voir abrègement.
emphase¹ | emphatique² | emphatiser⁴ (angl. emphasis) : Contrairement à l’ ‵accentuation′ qui s’affaire à la prominence phonétique d’une syllabe pour des raisons démarcatives (c.à.d. séparér les unités énonciatives). L’ ‵emphase′, par contre, est l’utilisation de changements d’accentuation et de phonétique pour mettre un mot en exergue pour des raisons sémantiques ou pragmatiques. Préféré à ‵insistance′. Anton. usuel.
emphase (forme d’…), voir forme forte.
emphatique² (sous-registre …) (angl. emphasising sub-register) : Le ‵sous-registre emphatique′ est un terme stylistique désignant un style occasionnel du langage différent du style usuel (on admettra d’ailleurs l’emploi de ‵registre emphatique′ à l’ordinaire plutôt que ‵sous-registre emphatique′ hors des contextes plus formels). Nous notons que la frontière entre le registre ‵posé′ et emphatique semble assez floue et se situe dans un continuum d’usage. Si le langage emphatique partage beaucoup de traits avec le langage posé (mais une prononciation plus mesurée, une ‵débit′ encore plus lent et toutes les syllabes bien énoncées), elle peut se démarquer de registre posé en provoquant la ‵colorisation′ de la voyelle finale dans ces dialectes où la qualité de la voyelle post-tonique est neutralisée par la ‵centralisation′. Dans le breton central – et cela semble être un particularité du breton cornouaillais – l’emphase sur les mots peut provoquer un accent intensif emphatique (transcrit comme [“◌]), accompagné dans les mots finissant en –nt ~ –nn par un ‵coup de glotte′ (p. ex. “ȡʑɥɛnˀ au lieu du ȡʑɥɛn usuel pour gwenn, entendu à Cléden-Poher). Au niveau de la phrase, le registre emphatique peut se parer d’une cadence rythmée, quasi-psalmodiée.
enfantin² (sous-registre …) (angl. baby-talk sub-register) : Le ‵sous-registre enfantin′ est un terme stylistique désignant un style occasionnel du langage différent du style usuel (on admettra d’ailleurs l’emploi de ‵registre enfantin′ à l’ordinaire plutôt que ‵sous-registre enfantin′ hors des contextes plus formels). Il n’équivaut pas tellement au langage des enfants mais à des faits de langage utilisés par adultes en parlant aux enfants. Dans le breton central traditionnelle l’emploi du suffixe diminutif –ig – assez commun dans la toponymie – est restreinte au registre enfantin, surtout dans des comptines (même le modifieur un tammig ‘un petit peu’ ne se dit pas dans les alentours de Carhaix où on dit on tamm-bian).
épenthèse¹ | épenthétique² (angl. epenthetis) : Un segment phonétique intrusif qui s’ajoute à l’intérieur d’un mot. C’est un type contextuel d’‵intrusion′. Des exemples d’épenthèses consonantiques sont : gwantrennou < gwantennou. Des exemples d’épenthèses syllabiques – appelés communément ‵svarabhakti′ – en breton sont : a-walac’h < a-walc’h ; skouloum < skloum. Préféré à ‵anaptyxe′.
épenthéthique² (voyelle¹ …) (angl. epenthetic vowel ~ anaptyctic vowel) : La ‵voyelle épenthétique′ est la voyelle qui apparaît entre deux consonnes pour faciliter la prononciation d’un ‵groupe consonantique′ ‘jugé’ difficile à prononcer (au niveau de l’inconscient bien sûr) d’où le synonyme ‵voyelle d’appui′. Le processus de naissance des voyelles épenthétiques s’appelle le ‵svarabhakti′. Préféré à ‵voyelle intercalaire′, ‵voyelle d’appui′.
éponyme (angl. eponym) : Le terme ‵éponyme′ est un terme technique se reportant à la personne qui donne son nom à un lieu, ce faisant permettant d’obvier l’emploi d’une locution ou phrase plus longue. Pour illustrer son utilisation nous donnons des phrases exemplaires : “L’éponyme de Kervorvan est Morvan” | “Les éponymes dans la toponymie bretonne se trouvent dans leur formes radicales ou mutées, exx. : Rumorvan, Kervorvan”.
équivalence inconciliable (en onomastique) : Une ‵équivalence inconciliable′ est un phénomène qui se produit quand deux noms propres différents dans deux langues en contact sont considérés équivalents, souvent dans un contexte qu’un des deux peuples essaie d’imposer sa nomenclature à la nomenclature autochtone. Un exemple, le Pays de Galles, où les noms autochtones Hywel, Iorwerth, Llywelyn, Madog ont étés identifiés à des noms anglais (souvent d’origine française) et qui explique plus tard au Pays de Galles dans ce cas-ci la prolifération des noms de famille suivants : Hughes, Edwards, Lewis, Matthews. Nous retrouvons le même phénomène en Bretagne avec le nom breton Sulyen qui est généralement identifié avec le français Julien dans le Sud-Est bretonnant. L’équivalence inconciliable de noms propres est le plus senti dans les noms des saints bretons qui ont étés ‘romanisés’ par les authorités écclesiastiques depuis le Moyen-Âge, par exemple le saint national breton Ewan ou Iwan (pour donner les formes parlées les plus courantes d’Erwan dans l’Est-bretonnant) qui a été identifié au nom français Yves, ou plutôt à son cas oblique Yvon ; l’équivalence inconciliable entre Ivo – la forme latinisée d’Yves – et le nom breton Eudon – latinisé incorrectement en Eudo – est attesté dès la fin du XIIe siècle [Tanguy 2004a] (Eudon est l’ancêtre vieux-breton d’Eozen ainsi que les diverses évolutions issues d’Eozen : Youen | Yeun | Erwan | Ewan | Iwan/Ioan | Izañ | Izen, et nous en passons).
euphonie¹, voir harmonie vocalique.
évolution⁵ (linguistique) | évolué³ | évoluer⁴ (angl. linguistic evolution) : L’ ‵évolution′ en linguistique – comme en biologie – se reporte au changement des faits linguistiques dans le temps. On a longtemps confondu l’évolution de la langue avec des approches diachroniques ou historiques à la linguistique sans s’en rendre réellement compte que l’évolution est présent – et inévitable – dans l’approche synchronique dès que l’on pousse une description analytique de beaucoup d’aspects de la langue. Qui essaie de comprendre la variation présente dans la langue (et donc dans la toponymie) doit accorder son temps à des analyses des évolutions des sons et des mots ; cf. ‵synchronie dynamique′, ‵dynamisme′, ‵phonétique′. Anton. régression.
évolution phonétique (angl. phonetic evolution) : L’ ‵évolution phonétique′ est une des trois déterminants du ‵dynamisme′ du langage et peut-être le plus important. La motivation de l’evolution phonétique est le fait qu’il existe toujours une tendance chez les êtres parlants à minimiser les efforts articulatoires mobilisés pour communiquer à autrui (minimisation qui se garde de passer à l’incompréhensabilité). Dans l’optique de l’évolution phonétique, nous voyons une nette tendance d’opposition entre le brezoneg lonked (‘breton avalé’) cornouaillais, plus évolué phonétiquement que le brezoneg ledan (‘breton etendu’ ) léonard. L’évolution phonétique à tendance à raccourcir les mots par ‵réduction′ et ‵amuïssement′, mais il existe aussi certaines tendances d’évolution phonétiques qui mènent à l’allongement des mots comme le ‵svarabhakti′.
expansif² | expandre⁴ | expansion⁵ (angl. expansive) : L’adjectif ‵expansif′ se reporte à une prononciation, un mot ou une suite syntaxique qui gagne du terrain au dépens d’un équivalent linguistique ‵récessif. Anton. récessif.
extérieur² (angl. exterior) : Terme sensé représenter le langage au niveau concret de la réalisation. Pour certains linguistes, Martinet et les fonctionnalistes par exemple, le niveau ‵intérieur′ de la langue – celle de la pensée – ne pouvant être observé n’est pas analysable, faisant en sorte que la linguistique devait se borner en tant que discipline à n’étudier que la réalité du langage dans ses réalisations et ses énoncés (voir Wmffre 2013a: 256, 447–49). Anton. intérieur.
externe² (angl. external) : Le terme ‵externe′ se reporte à des faits et des développements linguistiques qui sont dus à des ‵interférences′ provenant d’autres dialectes/langues. Pour démontrer qu’il y a interférence plutôt que développement interne il faut pouvoir montrer l’existence d’une variante pré-existante (voir Wmffre 2013a : 256). Anton. interne.
extrinsèque² (angl. extrinsic) : Le terme ‵extrinsèque′ se reporte au niveau sociétal d’explication des faits et de la dynamique dans une langue cible, par exemple le fait qu’en breton central les hommes emploient plus c’hwi ‘vous (poli)’ que les femmes dans les relations conjugales et familiales réquiert une explication extrinsèque à la linguistique. Ne pas confondre avec ‵externe′ (voir Wmffre 2013a : 256). Anton. intrinsèque.
faible (forme …) (angl. weak form) : Ce terme à trois acceptations :
- Primo, dans son acceptation synchronique, la ‵forme faible′ se reporte à certains mots, surtout foncteurs, qui ont des formes faibles usuelles, non-marqués aussi bien que des ‵formes fortes′ d’emphase. Un exemple d’une forme faible dans une bonne partie des pays KLT (hors Léon) est la prononciation de la variante de l’article défini an comme ən en contraste avec la forme forte an. Anton. forme forte.
- Secundo, dans une perpective plus diachronique, les ‵formes faibles′ (et leurs pendants, les ‵formes fortes′) sont une distinction faite surtout dans les langues germaniques entre des anciens racines verbales irrégulières à alternation vocalique (dites ‘fortes’) et les racines verbales régulières à suffixe (dites ‘faibles’). Cette terminologie, qui ne fait que remplacer les distinctions grammaticaux universels synchronique de ‵régulier′/‵irrégulier′ en vue d’une explication diachronique de ces langues ne touche pas le breton.
familier² (registre …), voir registre usuel.
fausse coupe¹ (angl. misdivision ~ resegmentation ~ rebracketing ~ metanalysis) : Une ‵fausse coupe′ est une réanalyse d’un mot causée par un mot attenant qui le reconfigure par la migration d’un segment sonore (soit addition, soit soustraction). Le phénomene est connu en français : lierre < l’ierre | licorne < l’icorne (lui-même issu d’une fausse coupe d’unicorne compris comme une icorne). L’anglais apron est dû à une fausse coupe du mot français d’origine napperon par le biais de la forme de l’article indéfini anglais an. Le fait que le consonantisme des deux articles bretons (défini, indéfini) devant voyelles est identique signifie qu’en breton le n a encore plus tendance à se déglutiner ou à s’agglutiner a un mot commençant par une voyelle qu’en anglais, exx. : aer < naer | ant < nant | aoz < *naoz | an or < an nor (consonasalisation de dor d’origine). Les fausses coupes se reportent évidemment à des stades antérieurs de la langue sauf quand il s’agit de mots d’emprunt venus d’autres langues comme l’agglutination de l’article défini français (le/la) dans l’emprunt breton, exx. : lagout < ‘la goutte’ | lodavi < ‘l’eau-de-vie’ ; cf. ‵agglutination′, ‵déglutination′. Préféré à ‵mécoupure′, ‵métanalyse′, ‵mauvaise coupe′.
fausse régression⁵ (angl. false regression ~ false restitution). Les ‵fausses régressions′ sont des ‵régressions′ qui ne s’accordent pas avec l’origine authentique d’un mot/nom. Il y a deux types de fausses régressions, qu’on nomme ‵hypercorrection′ et ‵contrecorrection′.
fluctuation¹ (angl. fluctuation) : EXPAND niveau phonémique. Ne pas confondre avec ‵flottement′.
flottement¹ (angl. oscillation) : EXPAND niveau phonétique. Ne pas confondre avec ‵fluctuation′.
forme¹ de compromis (angl. fudge form) : Une forme, le plus souvent une variante d’un mot ou d’un morphème qui marie des contributions de deux variantes. Des exemples bretons bien connus sont : (1) la variante alc’hweder ‘alouette’ qui marie la première syllabe du français alouette et le mot d’origine brittonique ec’hwede(r) (moy-br. ehuedez) toujours employé dans le breton de l’est ; (2) la variante doustadig ‘lent, doucement’ qui marie la première syllabe du mot dous (emprunt du français doux) et le mot d’origine brittonique goustadig toujours employé pour ‘lent’ dans la Basse-Cornouaille. Un bel exemple d’une forme de compromis se trouve au pluriel dans le deuxième composant de Kermogoryou (St-Goazec) qui se trouve justement dans la zone interface de deux variantes de ce même mot signifiant ‘mur’ : moger (la forme occidentale) et magor (la forme orientale).
formel² (registre …), voir registre posé.
forte (forme …) (angl. strong form) : Ce terme à trois acceptations :
- Primo, dans son acceptation synchronique, ce terme se reporte à certains mots, surtout foncteurs, ont des formes fortes qui sont les formes occasionnelles, marqués, et d’emphase. Un exemple d’une forme forte dans une bonne partie des pays KLT (hors Léon) est la prononciation de la variante de l’article défini an comme an en contraste avec la forme faible ən. Préféré à ‵forme d’emphase′. Anton. forme faible.
- Secundo, dans une perpective plus diachronique, les ‵formes faibles′ (et leurs pendants, les ‵formes fortes′) sont une distinction faite dans les langues germaniques, pour plus de détails voir sous ‵forme faible′. Anton. forme faible.
- Tertio, dans certaines langues (gaélique, arabe) la ‵forme forte′ du pluriel tend à équivaloir à un pluriel à suffixe contre un pluriel à changement interne comme ceux à affection vocalique en breton (ex. sg. sant ‘saint’ pl. sent ‘saints’). La différence entre ces deux types de pluriel (dont le deuxième est désigné la ‵forme faible′ en grammaire gaélique) est largement d’intérêt diachronique ; cf. ‵pluriel renforcé′.
fortition⁵ | fortifié³ | fortifier⁴ | fortifiable⁶ (angl. fortition) : La ‵fortition′ est un processus phonétique par lequel une consonne lénis devient une consonne fortis. Pour les occlusives et les fricatives, la fortition est une question d’assourdissement : lénis [b-d-g-v-z-ɣ] → fortis [p-t-k-f-s-x]. Pour les sonantes, [m-n-l-r] et les semi-voyelles [w-ɥ-j], la fortition est une question d’aspiration donnant [hm-hn-hl-hr] et [hw-hɥ-hj] respectivement (comme dans une large aire centrale du pays bretonnant). Il constitue divers types d’ ‵assimilations′ (anticipées) de mots en contact (cf. le ‵sandhi de fortition′). Dans l’Ouest bretonnant le suffixe –ig à tendance à se fortifier sous l’accent dans les dérivatives : korriked ‘nains, korrigans’ | ar Pontikou (Plougourvest) aussi bien que le ch issu de la coalescence d’un zj-médial dans l’Ouest bretonnant, ex. : mêchou < mêziou, goachou < goaziou (prononcés mêjou, goajou plus à l’est). En termes mutationnelles (grammaticales), la fortition constitue la ‵provection′. Préféré à ‵affermissement′, ‵délénition′. Anton. lénition.
fracture¹ (vocalique) | fracturé³ | fracturer⁴ | fracturation⁵ (angl. vowel breaking) : Se dit d’un processus d’ ‵intrusion′ par lequel une voyelle sous une accentuation excessive se fracture en ‵hiatisme′, exx. : kêr ‘ville’, krec’h ‘colline’ qui dans le Léon se réalisent ˈke·ər ~ ˈke·ar et ˈkre·əx ~ ˈkre·ax, respectivement ; porz ‘cour’ qui dans la Basse-Cornouaille a dû se fracturer pour donner *ˈpo·ərs puis *ˈpo·ars avant – dans un second temps – de ‵coalescer′ pour donner la diphtongue ouvrante qu’on trouve en poarz pwaꭗs. Le processus de fracture, à notre sens, n’est pas une diphtongaison laquelle est un processus restreint à une seule syllabe. La même fracturation de o (suivie de coalescence) devant r-x se trouve dans le Haut-Vannetais donnant [wa] dans un premier temps, ex. : Kammoarh kaˈmwarx (= Camors 29), puis [wɔ] dans un troisième temps, exx. : roh (st. roc’h) > *er Roah > er Rouoh ə ˈrwɔx (Bignan 56) | sorn > *er Soarn > er Souorn ər ˈswɔrn (= Le Sourn 22). A Langonnet les monosyllabes [e·-o·] se fracturent (exx. êz > iez ˈi·əz | mod > moued ˈmu·əd) et cela se rencontre même dans les polysyllabes accentuées (exx. Zann Jiĕrmen, Zann Minouĕle pour les hagionymes Jermen, Minole als Gwenole). Il semble que les formes buoc’h (vann. bioh) ‘vache’, peoc’h (vann. peah) ‘paix’ – considérées standards puisque présents dans le Léonard et le Haut-Vannetais – sont, à l’origine, des fractures d’anciens buc’h et peuc’h, formes préservées dans le trégorrois buc’h et dans le cornouaillais beuc’h (forme évoluée de buc’h). Il y a une tendance nette pour la forme fracturée buoc’h de se coalescer en byoh dans le Vannetais et de même byoc’h sur la limite du léonard et les dialectes centraux (ALBB: 352). Préféré à ‵brisure′.
frication⁵ | fricativisé³ | fricativiser⁴ | fricable⁶ (angl. frication) : La frication est un processus phonétique par lequel une ‵occlusive′ devient une ‵fricative′ : [p-t-k-b-d-g] → [f-θ-x-v-ð-ɣ]. La frication phonétique (pour ses membres sonores) fait partie de la ‵lénition′ grammaticale : [b-d-g] > [v-ð-ɣ] (classiquement, [v-z-h] dans la plupart des dialectes bretons). En termes mutationnelles (grammaticales), la frication de ses membres sourdes [p-t-k] constitue la ‵spirantisation′. Dans le centre du Haut-Vannetais, dans l’arrière pays de Locminé et Baud, on trouve la frication des d-intervocaliques, exx. : Kergadheu (Bignan) < Kergadeu | er Pradhigeu (Bignan) < er Pradigeu. Anton. défrication.
fusion⁵ | fusionné³ | fusionner⁴ (angl. fusion) : La ‵fusion′ est un type de processus de ‵compression′ très spécifique par lequel deux phonèmes contigus se fusionnent en un. On peut distinguer la fusion dans des contextes vocaliques et consonantiques :
- Primo, en termes vocaliques, les composants d’un ‵hiatisme′ se compressent l’un sur l’autre jusqu’à fusionner : lavar > la’ar > lâr | prezeg > preheg > pre’eg > prêg | läer *la·ɛr > lajr ~ la·r ~ lɛ·r.
- Secundo, en termes consonantiques, deux consonnes contigues se compressent l’un sur l’autre jusqu’à fusionner. Par exemple, la suite historique [zj] devient presque partout dans les pays KLT [ʒ] (et [ʃ] dans le Léon), exx. ar mêziou > ar mêjou ~ ar mêchou ‘la campagne’ | porziou > porjou & perzyer > perjer ‘cours, ports’ | kizyer > kijer ~ kicher ‘chats’. Une coalescence consonantique semblable s’observe en sandhi dans des toponymes comme : Kroachanou (St-Goazec) < kroaz + np. Chanou | Kroejulaou (Rostrenen) < kroaz + np. Julaou.
Ne pas confondre avec ‵coalescence′. Préféré à ‵synizèse′.
haplologie¹ (angl. haplology), voir déduplication.
harmonie¹ (vocalique) | harmonisé³ | harmoniser⁴ | | harmonisation⁵ (angl. vowel harmony) : L’ ‵harmonie′ est un type d’ ‵affection vocalique′ qui ne résulte pas simplement d’un rapprochement des qualités vocaliques, mais d’une harmonisation parfaite. Le breton montre beaucoup d’exemples de ce phénomène :
- la suite eCi > iCi, exx. : deski > diski | melin > milin | kenkiz > kinkiz ;
- la suite oCou > ouCou, exx. : botou > boutou (sg. botez) | v-br. rodoed > *rodoueƶ > roudouƶ | ndf. Losouarn > Lousouarn ;
- la suite eCu ~ iCu > uCu & oCu > uCu, exx. : fr. *petun > *pitun > butun | tn. Keriku > Keruku (St-Yvi 29) | tn. Lotudi > Lutudi (= Loctudy 29).
Préféré à euphonie.
hypercornouaillisme¹ | hypercornouaillais² : Terme spécifique ayant rapport au breton. Il se reporte précisement à une hypercorrection accentuelle courante dans la Zone Intermédiaire qui est en contacte avec les dialectes KLT de l’ouest, dialectes où domine une accentuation sur la syllabe penultième. L’‵hypercornouaillisme′ trouve son origine dans le fait que ces dialectes de la Zone Intermédiaire qui s’approchent du breton vannetais à accent final, montrent aussi une tendance nette d’éviter la prononciation de beaucoup de mots/noms avec une accentuation finale dans les contextes même où l’accent final s’obtient dans les dialectes KLT à accent pénultième. Pour donner un exemple, le mot abred ‘tôt’ se prononce partout en KLT aˈbre·d, sur la deuxième syllabe (puisque c’est un mot composé contenant la forme lénifiée du mot pred dans un sens plutôt désuet de ‘moment’), mais dans la Zone Intermédiaire la prononciation est devenue ˈa·b(r)əd (NALBB: 092). De même pour les toponymes : pour Rostrenen (22) on trouve R(h)ostrenn (ZIM), avec accent pénultième, contre Rostrênn dans les districts KLT proches. De même, dans la Zone Intermédiaire, Plonévez-Quintin (22) et Plouézec (22) sont, respectivement, Plone et Ploueg, avec accent pénultième, tandis que leurs cognats dans la zone KLT, Plonévez-du-Faou (29) et Plouëc-du-Trieux (22) sont, respectivement, Plonê et Plouêg à accent final. Voilà donc quelques exemples toponymiques seulement de ce phénomène dans la Zone Intermédiaire. Le terme ‵hypercornouaillisme′ pour cette hypercorrection accentuelle renferme le très fin constat que ces accentuations ‘aberrantes’ chez les locuteurs de la Zone Intermédiaire sont dues à un désir – subconscient ou non – de rapprocher leur breton à l’accentuation cornouaillaise. Toutefois, on doit noter – strictement parlant – que ce n’est pas à l’accentuation cornouaillais qu’on doit cette tendance dans la partie nord de la Zone Intermédiaire, mais plutôt à l’accentuation tregorroise : c’est-à-dire que le terme ‵hypercornouaillisme′ serait mieux étiquété ‵hyperKLTisme′, mais – sans parler de l’effet un peu déroutant d’un sigle en majuscules à l’intérieur d’un mot – on a préféré garder l’ancienne désignation par tradition et pour ne pas dérouter plus qu’il ne fallait.
hypercorrection⁵ | hypercorrect² | hypercorrigé³ | hypercorriger⁴ (angl. hypercorrection) : Une ‵hypercorrection′ est un type de ‵fausse régression′ phonétique, plus particulièrement la ‘correction’ phonétique d’une forme d’un mot/nom par analogie avec des evolutions qui se sont produits dans le cas d’autres mots avec lesquels ils ont étés identifiés. Une simple régression est justifiée historiquement, mais dans les cas où le développement historique régulier de la langue ne le justifie pas on a affaire à une hypercorrection (une fausse restitution) ; cf. ‵contrecorrection′.
hyperlénition⁵, voir surlénition.
incitation⁵ | incité³ | inciter⁴, voir suscitation.
inflexion¹ vocalique (angl. vowel inflection), voir alternance vocalique.
inhérent² (angl. inherent) : Cet adjectif est employé dans un sens non linguistique plutôt qu’ ‵inné′ qui a, pour nous, un sens linguistique précis.
inné² (angl. innate) : Le concept d’une structuration ‵innée′ du langage relève de la même approche ‘linguistique’ qui donne la prééminence au langage ‵intérieur′ plutôt qu’au langage ‵extérieur′. L’idée de méchanismes fixes dans le cerveaux qui structurent le langage avec peu d’apport provenant de stimulations extérieures est contraire à un concept plus ‵dynamique′ du langage qui voit ces méchanismes en perpétuel négotiation avec des stimulations extérieures. Ne pas confondre avec ‵inhérent′.
insistance¹ | d’insistance² | insister⁴, voir emphase.
intercalaire² (voyelle¹ …), voir voyelle épenthétique.
interférence⁵ | interféré³ | interérer⁴ (angl. interference) : Le terme ‵interférence′ se reporte à l’influence d’un trait linguistique d’une langue sur les formes correspondantes d’une autre langue (mais il n’est pas seulement restreint seulement aux influences étrangères, provenant d’une autre langue). Il y a une influence grandissante de la prononciation du français sur les noms de lieux bretons et donc interférence des formes. Ce qui plus est, l’interférence du français sur la prononciation des noms de lieux bretons doit être plus grande que celle qui s’exerce sur le breton en tant que langue journalière puisque, contrairement aux mots de la langue courante, les toponymes bretons sont utilisés dans leur formes françaises aussi bien que leur formes bretonnes (une distinction de formes qui, d’ailleurs, échappe aux locuteurs ‵non-avertis′ qui ne réflechissent pas souvent du jour au jour sur tels phénomènes). Une autre interférence, n’est pas le français en tant que tel, mais les versions écrites officielles des noms de lieux. La connaissance d’une forme écrite peut contaminer, même, partiellement la forme qu’un informateur fournira à son interlocuteur, concernant, par exemple, l’absence d’une mutation non-écrite, et surtout – il me semble – dans la négligence de fournir la lénition suivant l’article défini breton, p. ex. Kergaer (Hanvec) s’accordant au nomenclature officielle au lieu de (ar) Gergaer, forme orale bretonne authentique (les deux étants considérés correctes, l’un comme l’autre, par les locuteurs avertis). Il existe aussi une interférence de nature ‵interne′, n’ayant rien à fair avec le français ni les formes écrites. Un exemple intéressant semble être la lénition irrégulière de Kergourtez dans Ti-skluj Gergourtez ‘l’Ecluse de Kergourtez’ qui doit s’expliquer par le fait que cette écluse du Canal de Nantes à Brest remplaça, dans les années 1820, un moulin pré-existant qui devait être désigné Mell Gergourtez ‘le Moulin de Kergourtez’ où, suivant le mot mell (litt. milin), la lénition du spécifieur est très régulière d’après la grammaire du breton.
intérieur² (angl. interior) : Terme sensé représenter le langage au niveau abstrait de la pensée. Pour certains linguistes, Saussure et Chomsky et les génerativistes par exemple, ce niveau représente le niveau essentiel du langage (voir Wmffre 2013a : 256, 447–49). Anton. extérieur.
interne² (angl. internal) : Le terme ‵interne′ se reporte à des faits et des développements linguistiques qui se trouvent ou se font dans la langue cible même sans qu’on ait besoin de postuler une ‵interférence′ provenant d’un autre dialecte/langue (voir Wmffre 2013a : 256). Anton. externe.
intrinsèque² (angl. intrinsic) : Le terme ‵intrinsèque′ se reporte au niveau linguistique d’explication des faits et de la dynamique dans une langue cible, par exemple le fait qu’en breton central la qualité vocalique s’est haussée d’une façon systématique dans un ‵changement en chaîne′ dans kêr/ar gêr ke·ꝛ/aꝛ ˈge·ꝛ ‘ville/la ville’, ar ger aꝛ ˈgi·ꝛ, suivant la monophtongaison qui a donné la prononciation kɛ·ꝛ de kaer ‘beau’ (jadis ˈkaɛr) réquiert une explication intrinsèque à la linguistique. Ne pas confondre avec ‵interne′ (voir Wmffre 2013a : 256). Anton. extrinsèque.
intrusion⁵ | intrusif² | introduir⁴ (angl. intrusive) : Processus phonétique où un segment phonétique non-étymologique s’ajoute à un mot (à distinguer d’ ‵actualisation′ qui est une actualisation lexicale). On distingue trois types contextuels d’intrusion selon leur position : ‵prothèse′ (à l’initiale), ‵épenthèse′ (à la médiale), ‵paragoge′ (à la finale). La ‵fracture′ est aussi une intrusion. Préféré à ‵parasite′, ‵addition′. Antons. amuïssement & éclosion.
jointure¹, voir sandhi.
labiodentalisation⁵ | labiodental² | labiodentalisé³ : Un processus phonétique par lequel un w devient v. Ce processus est très commun dans le breton de l’Ouest opérant sur les w qui précèdent les voyelles d’avant i-e-u, exx. : ar werenn > ar verenn | neweƶ > neveƶ. Il opère aussi sur les w-finaux dans le Goëlo, exx. : glao > glav | piou > piv ; cf. ‵labiodentale′.
labiovélarisation⁵ | labiovélaire² | labiovélarisé³ : Un processus phonétique par lequel un v devient w, surtout devant une consonne. Ce processus est très commun dans la plupart des dialectes KLT, exx. : gavr > gaor | levr > leor | lovr > laour. Dans la Cornouaille Sud et Centre, dû à la ‵compression′, il opère sur aval > av’l > aol, le nom de lieu francais Le Havre > an Havr > an Haor, et même sur tavarn > tav’rn > taorn entre Ellé et Odet ; cf. ‵labiovelaire′.
langue (angl. language) : Par ‵langue′ nous voulons dire un ‵structure langagier′ qui se parle dans une ‵communauté langagière′. Nous voulons aussi dire ‵dialecte′ parce que toute langue est un dialecte et tout dialecte est une langue bien qu’on peut, dans certains cas, hierarchiser un dialecte comme langue dont les autres dialectes n’en sont que tributaires, même que cela ne répond pas aux réalités historiques de leurs origines. La ‘Langue’ est un réalité politique, esthétique plus qu’un réalité linguistique, une interprétation ‘émique’ basée sur une réalité ‘étique’,12Ce sont là, bien sûr, les interprétations plus abstraites de la différence entre ‵phonémique′ et ‵phonétique′ prônés par le linguiste américain Kenneth Pike (1954) avec maintes applications en dehors de la linguistique. voir Wmffre (2013a: 390–96, 442–45). Le français officiel de France est – dans son usage – simplement un dialecte des variétés existants du français aussi bien qu’est le français officiel du Québec.
Ces types de réflexions sont valables quand on se demande si le vannetais est une langue ou un dialecte : la réponse est multiples et sujet à des classifications. Si on prend comme point de départ le fait que le vannetais à ses propres codifications, acceptées grosso modo par ses locuteurs traditionnels, le vannetais est une langue à part (d’ailleurs Ken George (1985) à argué, non sans raison, que le cornique parlé en Grande Bretagne – quand il formait toujours ‵communauté langagière′ au XVIIe siècle – était aussi proche du breton de Léon que n’était le vannetais, quitte à en voir un cinquième dialecte du breton). Dans cette optique, les essais d’orthographes interdialectales peuvent être perçus comme un œuvre d’absorption de la langue vannetaise par le breton standard glotophage. Si, par contre, on reconnaît seulement au vannetais le statut d’un dialecte (comme les autres) les essais d’orthographes interdialectales (ZH, SS, etc.) sont simplement un moyen de converger ce dialecte là avec le breton standard KLT. Il est clair que ni l’un ni l’autre des points de vues concernant les relations entre le vannetais et le breton standard KLT réussi à établir une hégémonie idéologique.
léniprovection⁵ | léniprovecté³ | léniprovecter⁴ (angl. leniprovection) : La ‵léniprovection′ est une mutation grammaticale qui se produit suivant seulement deux déclencheurs : le marqueur de clause progressive o/oc’h (var. e/ec’h) et la conjonction ma/maz (var. ma/mah) ‘si’. Dans certaines dialectes, la lénition peut remplacer la ‵léniprovection′ dans le cas de ma. Il y a trois séries de léniprovection : ‵léniprovection restreinte′ | ‵léniprovection augmentée′ | ‵léniprovection étendue′. Les réalisations des mutations seront abordées en plus grand détail dans un annexe de chaque tome du HLBI. Préféré à ‵mutation mixte′.
léniprovection augmentée (angl. augmented provection) : La ‵léniprovection augmentée′ – typique du Trégor – est une ‵léniprovection′ qui ajoute l’ ‵aspiration′ (et donc l’assourdissement) des fricatives lénis et voyelles (c.-à-d. lénis [v-z-ʒ-Ø] → fortis [f-s-ʆ-h]) à la ‵léniprovection restreinte′.
léniprovection étendue (angl. extended leniprovection) : La ‵léniprovection étendue′ – typique du breton du Goëlo, le Centre bretonnant, la haute vallée de l’Ellé cornouaillaise, et le Bas-Vannetais – est une ‵léniprovection′ qui ajoute l’ ‵aspiration′ (et donc l’assourdissement) des sonantes et semi-voyelles (c.-à-d. lénis [l-n-r-j-w] → fortis [hl-hn-hr-hj-hw]) à la ‵léniprovection augmentée′.
léniprovection restreinte (angl. restricted leniprovection) : La ‵léniprovection restreinte′, typique de l’Ouest bretonnant, est une ‵léniprovection′ qui n’assimile pas l’aspiration à sa ‘gamme’. Les changements de base sont [b-d-g-gw-m] → [v-t-ɣ-w/v-v], mais notez : 1°, que la lénition en [ɣ] ‘archaïque’ est minoritaire vis-à-vis de la lénition en [h] majoritaire ; et, 2°, que dans l’Ouest bretonnant (majoritaire, sinon dominant) le [gw] tout en réalisant [w] devant voyelles postèrieures, se réalise [v] devant voyelles antérieures, cf. gwaz → da waz contre gwerenn → da verenn. Notez surtout que la seule différence phonétique avec la lénition est la ‵fortition′ du [d] en [t].
lénition⁵ | lénifié³ | lénifier⁴ | lénifiable⁶ (angl. lenition) : La ‵lénition′ est un terme qui a trois acceptations :
- Primo, la ‵lénition′ est un processus général purement phonétique par laquelle une consonne fortis devient une consonne lénis. Pour les occlusives et les fricatives la lénition est une question de sonorité : fortis [p-t-k-f-s-x] → lénis [b-d-g-v-z-ɣ]. Pour les semi-voyelles la lénition est une question de non-aspiration : fortis [hw-hɥ-hj] → lénis [w-ɥ-j], mais le cas des sonantes est assez particulier puisque les formes lénis [m-n-l-r] proviennent, soit de fortis qui sont des versions longues [mm-nn-ll-rr] (lénition connue – traditionnellement – de fortis [nn-ll-rr] → lénis [n-l-r] dans le Léon), soit d’un fortis qui est aspirée [hm-hn-hl-hr] (lénition connue de [hr] → [r] dans une large aire de la Zone Intermédiaire du pays bretonnant). Cette lénition phonétique est autant un type de liaison (‵sandhi′) à la fin des mots qu’une partie de la lénition en tant que ‵mutation grammaticale′’. Préféré à ‵adoucissement′. Anton. fortition.
- Secundo, la ‵lénition′ est aussi le nom d’une catégorie de ‵mutation grammaticale′ par laquelle une consonne se mute en une autre consonne, ou s’amuit. Nous ne nous attarderons pas plus sur le détail des changements ici, sauf à souligner que, dans certaines dialectes, non seulement la lénition s’applique à plus de consonnes que la langue littéraire mais elle peut aussi remplacer d’autres mutations comme la ‵spirantisation′ ou la ‵léniprovection′. Il y a deux séries de lénition : la ‵lénition grammaticale′ | la ‵lénition capricieuse′. Les réalisations des mutations seront abordées en plus grand détail dans un annexe de chaque tome du HLBI ; cf. ‵lénition capricieuse′. Préféré à ‵mutation douce′, ‵mutation adoucissante′.
- Tertio, la ‵lénition′ désigne communément aussi un ‵quasi-mutation′ que nous préférons désigner ‵lénition-étendue′.
lénition anormale (angl. anomalous lenition) : Traite Milin X > Vilin X et RETIRE des parties de spécifieurs Madeg ; cf. ‵surlénition′.
lénition capricieuse (angl. capricious lenition) : La ‵lénition capricieuse′ est une ‵quasi-mutation′ qui n’a pas acquis de role grammatical, donc on dira ar zac’h (sac’h m. ‘sac’) aussi bien que ar zal (sal ‘f. ‘salle’) indépendamment du genre. Typique de l’Ouest bretonnant, tout consonne initiale commençant avec [f-s-ʃ-xw] devient [ꝩ ~ v-z-ʒ-hw] suivant les articles (définis, indéfinis), sauf une classe historique de [f-s-ʃ] – résistants à la lénition – qui ne sont pas facilement distinguées l’un de l’autre sauf qu’ils tendent à être des emprunts ou emprunts plus ‘récents’ en breton (Hewitt: 2015).
lénition⁵ grammaticale (angl. grammatical lenition) : La ‵lénition grammaticale′ est une catégorie de ‵mutation grammaticale′. Les processus phonétiques de changement incluses dans la lénition grammaticale sont la ‵lénition′ phonétique et la ‵frication′ : [b-d-g-gw-m] → [v-t-h-w/v-v]. Notez aussi que dans le Nord-Ouest bretonnant le [gw] devient soit [w] devant voyelles postèrieures, soit [v] devant voyelles antérieures, exx. : gwaz → da waz contre gwerenn → da verenn (qui correspond contextuellement à la distinction entre [w] et [ɥ] qu’on trouve dans le Vannetais goaz → de oaz contre gùerenn → de ùerenn). 13Nous soupçonnons que le [gw] devant voyelle antérieure dans le Léon avait une qualité palatalisée s’approchant à [gɥ] il y a quelques génerations auparavant. La diffusion des réalisations de gwenn ‘blanc’ par l’ALBB (290) semble nous donner raison puisque on trouve : gẅĕ̀n (Basse-Cornouaille, Crozon & Ouessant) contre gwĕ̀n (Trégor) mais gᴔˬĕ̀n dans le Léon et le Na-Leon-na-Kerne. Dans notre système transcriptionnel cela donne gɥɛn pour la Basse-Cornouaille et gwɛn pour le Trégor, mais le son léonard représenté par le symbole transcrit [gᴔˬ] par l’ALBB (avec une brève souscrite [ˬ] sous le [ᴔ] que nous ne pouvons pas reproduire ni le combiner) est une réalisation approximativement intermédiaire entre [w] et [ɥ]. Le NALBB (492) donne [gw] indifféremment pour gwer ‘verres’ dans le Léon comme dans le Trégor et tout ces éléments nous portent à croire qu’une prononciation palatalisée de quelque sorte était plus prévalente dans le temps dans le Nord-Ouest bretonnant mais que cette prononciation s’est dépalatalisée depuis le XIXe siècle. Des mots écrits comme skuiz, kuit en KLT (le HLBI préfère skwiz, kwit) nous incitent à y voir la survivance d’une palatalisation semblable de w devant une voyelle antérieure, mais la carte 445 pour skwiz du NALBB nous montre une situation mélangée dans le Léon avec une prépondérance de skwi·z dans le Haut-Léon et de skɥi·z dans le Bas-Léon, ce qui va dans le sens d’une retraite des formes palatalisées de ce mot. Notez aussi que dans certains contextes très spécifiques où le [g] fait partie d’un ‵groupe (consonantique)′, et qu’un amuïssement peut exister comme variante, p. exx. : Kerlaz (Finistère) < Kerhlaz | ar Langroaz < ar Hlangroaz. Là où on trouve [hr] comme consonne radicale il y a aussi une lénition correspondante en [r], p. ex. rhoched > ur roched.
liaison¹ (angl. linking), voir sandhi.
livresque² (sous-registre …) (angl. bookish sub-register) : Le ‵sous-registre livresque′ est un terme stylistique désignant un style occasionnel du langage différent du registre usuel (on admettra d’ailleurs l’emploi de ‵registre livresque′ à l’ordinaire plutôt que ‵sous-registre livresque′ hors des contextes plus formels). Voici un registre qui forme un registre à part entier. Vu la rareté relative de l’alphabétisation en breton chez les bretonnants comparé à la situation contraire pour la langue française en Basse-Bretagne comme dans les pays gallo-romans, le registre livresque breton est presque – traditionnellement du moins – l’équivalent du registre soigné des prêtres (enfin, certains d’entres eux, nous supposons !). Mais c’est aussi celles des rares composeurs du peuple qui étaient les ‘bardes’ de leurs localités et dont certains allaient jusqu’à publier sur feuilles volantes et de parcourir le pays en déclamant cette langue impregnée de certains archaïsmes et aussi de léonismes (le Léon ayant la réputation assez justifiée d’etre un berceaux de prêtres). Il est difficile de mesurer la portée – indubitable – de ce registre de breton dans les campagnes d’antan puisqu’il est sûr qu’avec le délaissement progressif de la langue et des mœurs traditionnels qui s’opère surtout depuis les années 1920 l’intérêt de la population bretonnante dans les registres ‘supérieurs’ de leur langue s’est radicalement estompé.
mauvaise coupe, voir fausse coupe.
mécoupure⁵, voir fausse coupe.
métanalyse¹, voir fausse coupe. Ne pas confondre avec ‵méta-analyse′ (angl. meta-analysis) qui est une méthode statistique de comparer en agrégat plusieurs études indépendants sur des questions semblables.
métaphonie, voir affection vocalique.
métaplasme¹ (angl. metaplasm), voir modification (phonétique).
métathèse¹| métathétique² (angl. metathesis) : Un terme de ‵modification phonétique′, la métathèse est un déplacement de consonnes dans un mot/nom. Elle peut être une inversion de segments contigus ou non (exx. br. central beteg < beked | br. central haon < hano | vann. derge < degre | vann. berped < bepred ) ou simplement une déplacement d’un segment consonantique (ex. Ploumanac’h (Perros-Guirec) < Poullmanac’h). La métathèse rhotique, est une métathèse particulièrement commune qui voit la voyelle suivant r se deplaçer vis-à-vis d’un noyau syllabique. Elles sont plus communs dans le Vannetais, exx. : revé < herveƶ | regas < argas | pernein < prenein | Gergamm (= Grand-Champ 56) < Gregamm – un trait qu’il partage avec le gallo avoisinant, cf. Erdon < Redon (35). La méthathèse semble très présent quand le r est le dernier composant d’un ‵groupe (consonantique)′ (ex. berton < breton) et il est presque automatiquement présent quand tel groupe consonantique contenant r précéde la latérale l, exx. : burlu < brullu | Terlez (Tréflez 29) < Trelez | Berlawene (Brélévénez 22) < Brelewene.
modification⁵ (phonétique) | modifié³ | modifier⁴ | modifiable⁶ (angl. phonetic modification) : Le terme ‵modification′ se prête à toute modification phonétique ou morphologique qui altère l’intégrité d’un mot/nom. On peut classifier les sous-catégories des modifications phonétiques comme suit :
- ‵modification phonétique intégrale′ d’un son, qui inclut : ‵amuïssement′ / ‵intrusion′.
- 1.a. L’amuïssement, à son tour, inclut : ‵compression′ (‵télescopage′ | ‵déduplication′ | ‵coalescence′ | ‵fusion′) | ‵troncation′ | ‵déconsonasalisation′ | ‵déaspiration′ | ‵élision′ ;
- 1.b. La ‵permutation′, à son tour, inclut : ‵assimilation′ / ‵dissimilation′ | ‵affection vocalique′ | ‵harmonie vocalique′ | ‵convergence′ ;
- 1.c. ‵transposition′, à son tour, inclut : ‵métathèse′ | ‵fausse coupe′ | ‵agglutination′ / ‵déglutination′.
- ‵modification phonétique partielle′ d’un son, qui inclut : ‵réduction′ / ‵éclosion′.
Préféré à ‵métaplasme′.
modification⁵ phonétique intégrale (angl. categorical phonetic modification) : Une catégorie de ‵modification phonétique′ qui inclue l’ ‵amuïssement′ et l’ ‵intrusion′.
modification⁵ phonétique partielle (angl. partial phonetic modification) : Une catégorie de ‵modification phonétique′ qui inclue la ‵réduction′ et le ‵éclosion′.
mutation⁵ contextuelle (angl. contextual mutation), voir mutation grammaticale.
mutation⁵ (grammaticale) | mutationnel² | muté³ | muter⁴ (angl. (grammatical) mutation) : Les ‵mutations grammaticales′ sont un trait de langue assez particulier au breton, mais partagé par toutes les langues celtiques modernes. Ces mutations font en sorte que beaucoup de consonnes initiales de mots en breton peuvent se permuter en d’autres consonnes (voire même disparaître dans certains cas) suivant le contexte grammatical où ils se trouvent. Toute grammaire, et même beaucoup de dictionnaires du breton, expliquent assez bien le fonctionnement de ces mutations grammaticales et les règles générales qui les concernent (nous ferons seulement référence à Trépos [1962: ???] et Favereau [1997: 146–64] pour des traitements soutenues de la question). Tout en restant bref et n’entrant pas dans les détails et les exceptions – et gardant bien en tête que les mutations nous intéressent dans le cadre du HLBI que dans la mesure qu’ils touchent aux la toponymie bretonne – nous pouvons dire, en résumé, que ces changements de consonnes conditionnés sont déclenchés par un petit nombre de mécanismes mutationnels :
- déclenchés à la suite d’un mot déclencheur (trigger word) qui est généralement de genre féminin;
- déclenchés aprés les articles si le mot est de genre féminin ou un mot de genre masculin commençant par k-.
- ‵mutations contextuelles′ déclenchés à cause du contexte syntaxique après qu’un ‵foncteur′ déclencheur a été amui (ex. la lénition de l’élément debr dans zebr ked ‘il ne mange pas’ est du à son contexte négatif puisque la particule négatif ne qui le précédait est un fait historique dans la plupart des parlers bretons). Pour des exemples de mutations contextuelles qui se trouvent dans la toponymie bretonne, voir ‵spécifieur′, ‵surnom personnel′.
Nous donnons plus de détails sous les différentes catégories de mutations, à savoir : ‵lénition (restreinte)′ | ‵spirantisation′ | ‵spirantisation-lénifiée′ | ‵spirantisation étendue′ | ‵provection (restreinte)′ | ‵provection augmentée′ | ‵provection étendue′ | ‵léniprovection (restreinte)′ | ‵léniprovection augmentée′ | ‵léniprovection étendue′. Les processus suivants sont liés ou peuvent se confondre avec les mutations : la ‵néolénition′, l’ ‵aspiration′ et les ‘quasi-mutations’ (‵lénition capricieuse′ | ‵sandhi de nasalisation′ | ‵sandhi de déaspiration′ | ‵sandhi de fortition′ | ‵spirantisation capricieuse′). L’origine des mutations sont pour la plupart des exemples d’ ‵assimilations contiguës consécutives′ dans le cours du développement historique de la langue bretonne. (Les rouages des mutations sont discutés en un peu plus de profondeur dans l’Annexe I du 20ème tome du HLBI). Anton. démutation-contextuelle.
mutuelle² (assimilation …) (angl. mutual assimilation) : L’ ‵assimilation mutuelle′ est un type d’ ‵assimilation contiguë′ où l’on ne peut décider si le déclencheur est la consonne finale du mot qui précède ou la consonne initiale du mot qui suit. Un exemple de ceci ou les deux mots déclenchent une fortition de concert semble être Rosfô (Plourac’h 22, St-Gilles-Pligeaux 22) < roz + vô (ce dernier mot étant version dialectale de fao). Il se peut, bien sûr, que l’assimilation se fit dans ces noms quand le deuxième composant se prononçait effectivement comme fô ou fao, le classant à ce moment plutôt comme ‵assimilation anticipée′. Dans le cas de ar Hoatpraz (Scrignac) on a la fortition entre ce qui semble être deux occlusives lénis (le –d de koad et le b– de braz), bien qu’on ne doit pas perdre de vue que la forme pausale de koad est phonétiquement kwat# (voir ‵sandhi′, ‵pausale′), et pas simplement un lénis kwad#.14Si, globalement, le breton moderne (sans oublier les déviations selons les sytèmes orthographiques) préfère écrire les occlusives finales par une forme lénis due à la dérivation et en référence à la longueur de la voyelle – voir Wmffre (2007: 513–27) – les formes officielles des noms et toponymes, gardent une forme fortis donnant une dérivation toute contraire (exx. Coat – Coadic – Coadigou pour le breton modern Koad – Koadig – Koadigou). En fait nous touchons ici à la question de ‵débits′ langagiers et la difficulté de savoir si deux composants sont sentis comme étant composés (aussi lâches qu’ils soient) ou pas. Il se trouve que le ar Hoatpraz de Scrignac peut aussi se prononcer ar Hoadbraz selon que le toponyme est énoncé dans un langage plus ‵usuel′ ou plus ‵posé′. Cette dichotomie terminologique usuel/posé admet des gradations mais ne doit pas être simplement confondu avec les débits ou ‵tempos′ de langage – comme le font, à notre avis, certains de nos prédécesseurs, Dressler & Hufgard (1980), Favereau (1984: 97). Le registre posé, n’est pas, fondamentalement une question de débit langagier mais de conscience du langage dans son utilisation : ceci est joliment illustrée par une citation d’un locuteur de Plévin (22) parlant de pourboire : on tamm gwers-putun gɥɛxsˈpytən, ya, on tamm gwerz-butun gɥɛꝛzˈbytən vize lâred ‘un petit pourboire, oui, on disait un petit pourboire’ (Plévin 10, BSB) – notez que la première forme gwers-putun est en langage usuel tandis dans le langage posé, en se focalisant sur le mot, le composé lâche gwerz-butun est ‵disjoint′ sans assimilation mutuelle. Dans certains cas, une assimilation mutuelle peut acquérir un sens différent de la locution disjointe (ex. kas-pian ‘chaton’ vs kaz bian ‘petit chat’). Anton. disjonction.
nasalisation⁵ | nasalisé³ | nasaliser⁴ (angl. nasalisation) : La ‵nasalisation′ est un terme qui a trois acceptations :
- Primo, la ‵nasalisation′ est aussi bien un processus purement phonétique par lequel une voyelle orale devient une voyelle nasale devant une consonne nasale (cette consonne nasale tend à s’amuïr dans beaucoup de contextes ne laissant sa trace que dans la nasalisation de la voyelle précédente).
- Secundo, la ‵nasalisation′ désigne communément aussi un processus sandhi que nous préférons désigner ‵sandhi de nasalisation′.
- Tertio, il faut absolument distinguer la ‵nasalisation′ qui est un processus vocalique de la ‵consonasalisation′ qui est un processus consonantique (pour plus de détails voir voir ‵consonasalisation′).
nasalisation contingente (anfl. contextual nasalisation) : La ‵nasalisation contingente′ se reporte aux voyelles nasalisées qui ne sont pas nasalisées d’origine puisqu’ils précèdent une consonne nasale, mais parce qu’ils suivent une consonne nasale. Le phénomène semble se restreindre à une consonne nasale n– et à la voyelle o, exx. : br. central oñr < or < dor ‘porte’ | noñz < noz ‘nuit’.
natif¹ (auditeur …) (angl. native hearer ~ semi-speaker) : Un grand nombre d’individus qui se situent mal dans la dichotomie ‵locuteur natif′/ ‵locuteur non-natif′ puisqu’ils ont étés élevés en entendant beaucoup la langue concernée parlée autour d’eux sans qu’ils y ‘participaient’ même en tant qu’auditeur adressé. Ces générations d’ ‵auditeurs natifs′ du breton sont en majorité nés dans la fourchette 1940–1980, au temps de la ‵conversion′ du breton au français en Basse-Bretagne. Les auditeurs natifs ont une capacité intuitive de porter un jugement d’acceptabilité sur certains énoncés dans la langue concernée, mais cette capacité est beaucoup moindre que celle des locuteurs natifs. Nous nous opposons au terme ‵semi-locuteur′ (angl. semi-speaker), popularisé par Nancy Dorian, précisément parce ce que ce qui différencie les auditeurs natifs des locuteurs natifs est justement qu’ils – à quelques courtes phrases près – ne parlent pas la langue (il est vrai que Dorian travaillait sur la langue d’auditeurs natifs d’un dialecte gaélique-écossais qui se sont mis à le parler plus tard, mais cela est un phénomène bien plus minoritaire que l’existence d’une masse d’auditeur natifs qui ne penseraient jamais à parler la langue concernée sauf d’exprimer des opinions de temps en temps sur des mots ou des faits linguistiques relatives à la langue concernée) ; cf. ‵locuteur natif′. Préféré à ‵semi-locuteurs′.
natif¹ (locuteur …) (angl. native speaker) : Terme se reportant aux locuteurs qui ont la langue concernée comme langue maternelle transmise par leurs parents ou/et le voisinage et ont donc une capacité intuitive de porter un jugement d’acceptabilité sur toute énoncé. Si la délimitation entre locuteurs natifs et ‵non-natifs′ est généralement pratique et utile, il n’en reste pas qu’on peut trouver de temps en temps des exceptions chez quelques individus qui chevauchent cette dichotomie de base, voir ‵auditeur natif′. Anton. locuteur non-natif.
néo-breton (angl. neo-Breton), voir néo-bretonnant.
néo-bretonnant¹ | néo-bretonnant² (angl. Neobretonnant) : Dans le contexte d’une communauté langagière natif qui se dissipait de plus en plus dans la société française, la réacquisition du breton depuis 1960 par une partie de la jeune génération francophone à conduit à l’établissement d’une communauté langagière dite ‵néo-bretonnante′. Cette réacquisition se fit en dehors de la transmission générationnelle tout en jouissant d’un lien très faible avec la communauté langagière pré-existante. Le résultat fut un type de breton ‘non-natif’ bien établi chez les locuteurs non-natifs qui sont décrits comme ‵néo-bretonnants′. Le terme ‵néo-bretonnant′ peut s’employer, bien sûr, comme un terme péjoratif mais malgré cela il répond quand même à une différence linguistique objective qui à le droit à une étiquette, et n’importe quelle étiquette choisie qui différencie de ‵bretonnant′ tout simple sera perçue comme péjorative tant que les néo-bretonnants continuent de dévier en masse de la langue bretonne de tradition ; cf. ‵locuteur non-natif′.
néolénition⁵ (angl. neolenition ~ new lenition) : La ‵néolénition′ est une lénition qui – en dépit de son apparence – n’est pas une mutation grammaticale synchronique mais un processus phonétique diachronique par lequel les fricatives ‵fortis′ [f-s-ʃ] sont devenues des fricatives ‵lénis′ [v-z-ʒ] et la fricative ‵fortis′ [x] devient la ‵lénis′ [ɣ] (ou plus majoritairement se défrique en [h] tout en restant ‵fortis′). La néolénition s’est imposé plus ou moins intègralement dans le Centre et surtout le Nord-Est bretonnant, et explique des mutations de ‵provection′ que la langue littéraire tend à ignorer, p. ex. zeha (st. sec’ha) → mon e seha | voz (st. foz) → ho foz | jistr (st. chistr) → ho chistr. Mais la néolénition affecte tous les dialectes bretons à divers degrés dans les positions initiales mutées, médiales et finales, les régions les moins affectés étant l’Entre-Odet-et-Ellé, exx. : o sad ‘leur père’ (st. o zad) ; sec’hor ‘sècheresse’ (sehor ~ zehor ailleurs) ; et à un moindre degré le Bas-Léon.15Si l’on dit o sad sans néolénition dans l’extrême nord-ouest du Bas-Léon, on trouve, par contre, la néolénition se trouve dans la médiale seghor (litt. sec’hor).
non-averti¹ (locuteur …) (angl. naïve speaker) : Nous employons le terme ‵non-averti′ pour caractériser le langage d’individus qui ne sont pas formés en linguistique (prononciation, grammaire, lexique), n’ont pas de penchant pour la littérature et la lecture. Un locuteur non-averti est tout le contraire d’un instituteur, d’un professeur , d’un journaliste ou auteur, d’un avocat ; personnes qui ont une formation dans l’emploi de leur langue. Le locuteurs non-avertis typiques français sont ceux qui n’ont pas suivi d’études après leur baccalauréat à 16 ans, mais dans le contexte sociétale et historique du breton – vu l’absence générale de toute scolarité en breton qui a contribué à garder la population bretonnante (traditionnelle) quasiment analphabète – le terme non-averti peut – et doit – avoir une définition encore plus contraignante, une qui – en plus des définitions appliquées aux francophones – recouvre aussi les individus qui ne sont pas du tout soumis aux influences littéraires (chose impensable pour les francophones qui, sans compter les années d’éducation dans leur langue maternelle, ont toute une panoplie des journaux, magazine, romans, encyclopédies, etc., pour nourrir leur langage). Le bretonnant non-averti – tel qu’on le définit – constitue l’informateur le plus précieux pour l’objectif principal du HLBI qui est de recueillir les formes orales traditionnelles de prononciations toponymiques issues d’un processus de transmission générationnelle et sociétale de formes toponymiques indépendant de la transmission des formes écrites de ces mêmes toponymes. La grande masse de bretonnants sont des locuteurs non-avertis non-scolarisés et ne lisent pas habituellement leur langue et ne sont pas à l’aise devant le breton écrit. Il importe de souligner deux choses :
Primo ; même en l’absence de toute formation littéraire, les bretonnants non-avertis peuvent maîtrisent, à divers degrés, des ‵registres occasionnels′ de leur langue. Mais ces connaissances (passifs ou non) concernant une gamme de registres occasionnels de leur langue n’en font pas d’eux des ‵locuteur avertis′, ces derniers ayant des connaissances particulières qui les demarquent de la masse des bretonnants.
Secundo ; si les bretonnants non-avertis montrent une absence d’infuences littéraires bretonnes, ce n’est pas le cas des influences venant de principalement la signalisation françaises et des journaux français sur la forme des toponymes bretons. C’est-ce qui est aussi évident est qu’il y a une interférence croissante de la langue française parlée dans leur quotidien sur leur façon de prononcer les toponymes bretons même dans leur breton, ce qui n’a rien d’extraordinaire quand on pense que la langue véhiculaire parlée aux jeunes depuis au moins le début des années 1950 est le français et donc les versions parlées françaises de ces toponymes ont été usitées de plus en plus dans leur vécu. Donc les bretonnants non-avertis sont plus ‘avertis’ quand il s’agit d’influences françaises que d’influences littéraires bretonnes.
Il faut aux chercheurs toponymiques faisant de la prospection et du recoltage des versions bretonnes des toponymes être aux aguets des dangers que posent les influences externes de la langue littéraire bretonne d’un coté et du francais de l’autre ; influences qui nuisent les objectifs du HLBI. Anton. locuteur averti.
non-contiguë² (assimilation …) (angl. non-adjacent assimilation) : Les ‵assimilations non-contiguës′ les plus communs en breton sont le chuintement de z-s devenant j-ch dans des mots/noms contenant aussi j-ch. Des exemples d’ ‵assimilations consécutives′ non-contiguës avec ces consonnes sont : chach < chas ; chôser (st. chaoser) > chôcher. Des exemples d’ ‵assimilations anticipées′ non-contiguës avec ces consonnes sont : joñj (st. soñj) < zoñj | Jann Jann (Gurunhuel 22) < Zann Jann < Sant Jann | Jañjĕli (= St-Gilles-Pligeaux 22) < Zann Jili < Sant Jili. Un bel exemple est Chañlann (= St-Gérand 56), où le chuintement du composant sant – à première vue irrégulier – est du à un j, maintenant perdu, qui constituait l’attaque de la première syllabe du deuxième composant de ce toponyme, l’hagionyme Jelann (fr. Gérand). Pour les exemples d’assimilations anticipées non-contiguës vocaliques, voir ‵harmonie′. Préféré à ‵assimilation à distance′.
non-natif¹ (locuteur …) (angl. non-native speaker) : Terme se reportant aux locuteurs qui n’ont pas la langue concernée comme langue maternelle transmise par leurs parents ou/et le voisinage. Les locuteurs non-natifs – selon nos critères – apprennent la langue concernée plus tard que la puberté (14 ans) et ne jouissent pas généralement d’une capacité intuitive de porter un jugement d’acceptabilité sur toute énoncé (bien que s’ils deviennent bien intégrés dans la communauté langagière de la langue acquise, il commencent eux aussi à sentir des intuitions d’usage comme les locuteurs natifs). Si la délimitation entre locuteurs natifs et non-natifs est généralement pratique et utile, il n’en suit pas qu’il y a des exceptions à la dichotomie simple, voir ‵auditeur natif′ ; cf. ‵néo-bretonnant′. Anton. locuteur natif.
normal² (angl. unmarked), voir usuel.
occasionnel² (registre …) (angl. usual occasional) : Le ‵registre occasionnel′ est un terme parapluie qui recouvre nombres de registres-types qui pour nos besoins classificatoires sont désignés formellement ‘sous-registres’. Dans le breton nous reconnaissons cinq sous-registres occasionnels comme suit : ‵sous-registre posé′ | ‵sous-registre emphatique′ | ‵sous-registre enfantin′ | ‵sous-registre chanté′ | ‵sous-registre livresque′ (on admettra d’ailleurs l’emploi de ‵registre′ à l’ordinaire pour chaque ‵sous-registre′ hors des contextes plus formels). Il est important de comprendre – avec l’exception des registres ‵chantés′ et ‵livresques′ – que les registres ne sont pas des manières de parler complètement à part de la langue usuelle, mais s’imbriquent dedans pour produire des effets voulus.
omniprésence⁵ | omniprésent² (angl. omnipresent) : En termes de ‵catégoricité′, un trait phonétique d’un dialecte quelconque est désigné ‵omniprésent′ quand le dialecte ciblé ne tolère pas d’exceptions à ce trait (ou du moins seulement une poignée d’exceptions non-représentatives). À titre d’exemple : la fracture du o en dialecte bigouden pour donner oa wɔ ~ wɑ ~ wa ~ wæ ~ wɛ (par exemple porz devenant poarz), est assez omniprésent dans ce dialecte, par contre, si Humphreys [p.c.] a trouvé un exemple du même trait phonétique dans le breton du Poher – a(r) goardėnn ‘la corde’ pour a(r) gordėnn (réalisation typique) à an Dourkamm (Plounévézel) – cela reste un trait phonétique ‵rare′ dans le breton centre-cornouaillais. On est en droit de penser que quelque part entre la ‵rareté′ de la présence de ce trait à Carhaix et son ‵omniprésence′ à Pont-l’Abbé, il doit y avoir des dialectes où la présence de ce trait phonétique est ‵récurrente′ (ni omniprésente, ni rare). La classification oppositionnelle de ‵catégoricité′ de phénomènes phonétiques, repartie entre ‵omniprésente′, ‵récurrente′, et ‵rare′ dresse un tableau brossé à grands coups de pinceau qui ne fait que proposer une certaine idée de l’occurrence d’un trait phonétique dans un dialecte ciblé. Ces étiquettes ne constituent que des jalons un peu approximatifs d’un continuum de degrés de la présence ou non de quelconque trait phonétique dans un dialecte ciblé. Nous nous permettons de proposer que plus un trait quelconque est largement diffusé en termes géographiques, plus sa omniprésence existe dans un dialecte en question ; par contre, plus un trait est restreint dans sa diffusion géographique, plus sa présence tend à devenir ‵récurrente′ dans le dialecte. Antonymes : (présence) récurrente | (présence) rare.
palato-chuintement⁵ (angl. palato-shibilation) : Terme dynamique, spécifique au breton, le terme ‵palato-chuintement′ se reporte à un processus évolutif phonétique qui touche presque toute la moitié sud-est du domaine bretonnant. A un niveau plus scientifique, on entendera communément parler de palatalisation des vélaires et au niveau de la langue ordinaire on entendera communément parler de chuintement des k et des g : seulement ces deux façons d’exprimer ce processus évolutif associé ne le définissent que d’une façon incomplète. En fait, la zone concernée par ce phénomène est touchée à la fois par la palatalisation et le chuintement, mais à divers degrés – préservés syncroniquement – d’une évolution dynamique qui à vu : (1) les occlusives vélaires d’abord se palataliser en [ќ/ǵ] devant les voyelles d’avant [i-y-e]; puis, dans les mêmes contextes, (2) s’être transformés en palatales [c–ɟ]; puis (3) s’affriquer avec des chuintantes palatalisées pour donner des dentales palatalisées affriquées [ȶɕ/ȡʑ]; de là ils ont continués d’évoluer (4) en se dépalatalisant pour donner [tʃ/dʒ]. Voilà, succinctement, ce qui s’est produit aux occlusives vélaires dans le sud-est du domaine bretonnant. Cette évolution diachronique est préservée synchroniquement dans l’étendu géographique de chacune des étapes (1) à (4), susdits, qui dominent des zones à tour suivant une déclivité géographique qui court du nord-ouest au sud-est.
Liés à ces étapes dans l’évolution des occlusives vélaires sont :
- Primo, l’évolution du w qui s’est palatalisée en [ɥ] devant les voyelles d’avant [i-y-e] dans une zone encore plus à l’ouest et au nord-ouest de la zone de palato-chuintement (des occlusives vélaires). Pour le combinaisons consonantiques kw-gw, on peut entendre suivant les régions, et suivant encore la déclivité nord-ouest au sud-est les réalisations suivantes : [kw/gw] > [kɥ/gɥ] > [ќɥ/ǵɥ] > [cɥ/ɟɥ] > [ȶɕɥ/ȡʑɥ] > [tʃɥ/dʒɥ]. Pour le w simple, résultat d’une lénition de gw, sa diffusion peut sembler, à premier abord, plus restreint vers le nord que les palatalisations des occlusives vélaires, mais peut être encore considéré comme étendant sur une plus vaste zone que ces derniers, si l’on admet que la réalisation [v] devant les voyelles d’avant est dérivée d’un [ɥ] antérieur (ce qui semble vraisemblable). Nous le rappellons : la réalisation v pour la lénition de gw devant voyelles d’avant couvre non seulement toute la zone bretonnante de l’intérieur mais aussi tout le Nord-Ouest bretonnant incluant le Léon et le Petit-Trégor.
- Secundo, le chuintement du s qui précède les dentales palatalisées affriquées pour donner, dans l’étape (3). le groupe (consonantique)′ [ɕȶɕ] et. dans l’étape (4). le groupe [ʃtʃ] (aussi bien dans un mot qu’en sandhi). Ces groupes se simplifient à l’occasion en [ʃ] sous l’accent surtout à l’intérieur des mots, mais en sandhi dans l’expression n’euz ke’ ‘il n’y a pas’ … nøsˌce# ~ ˌȶɕe# > nøʃe ˈ… qui forme plus ou moins un composé serré devant des mots accentués [CHK ga Titine Landeleau, if neuche(d) is never found alone, but only in contexts preceding stressed word : Humphrey lâr zo meuche’ˌmøˈʃe# (Plounévézel)]. Cette simplification donne partout [ʃ] – même à l’étape (3) – puisqu’il semble que la chuintante palatalisée [ɕ] ne s’impose pas quand elle est seule.
- Tertio, le palato-chuintement des occlusives vélaires suivant [i] a une toute autre diffusion géographique et aussi des réalisations qui peuvent se différencier de leurs pendants précedant les voyelles d’avant [i-y-e], p. ex. kig – dér. kiged donne ȶɕic – ˈȶɕiɟᵊd (Plounévézel) vs ȶɕiȶɕ – ˈȶɕiȡʑəd (Bothoa) [CHK Humphrey]. L’histoire du palato-chuintement postérieur (couvrant presque la totalité du domaine bretonnant) doit toujours être traité à part du palato-chuintement antérieur (typique de la moitié sud-est du domaine bretonnant).
Ce processus phonétique évolutif majeur dans l’histoire de la langue bretonne, qui touche la moitié sud-est du domaine bretonnant, est un processus un et indivisible et ne consiste ni purement de palatalisation, ni purement de chuintement, mais d’interactions entre ces deux processus phonétiques assez distincts. C’est pour celà que nous avançons le néologisme ‵palato-chuintement′ pour décrire ce phénomène comme un tout.
paragoge¹ | paragogique² (angl. epithetis ~ paragoge) : Un segment phonétique intrusif qui s’ajoute à la fin d’un mot. C’est un type contextuel d’‵intrusion′. Des exemples de paragogue en breton sont : kafed ~ kafer < kafe.
parasite², voir intrusion.
paronymie⁵ | paronymique² (angl. paronymy) : La ‵paronymie′ se reporte à la façon qu’un mot particulier (ou une partie du mot) peut être influé par l’attraction à un autre mot homonyme ou quasi-homonyme. La paronymie explique certains évolutions de mots/noms qui vont à l’encontre de l’evolution régulière des langues. La paronymie est souvent décrite comme ‵étymologie populaire′, mais il faut savoir qu’une étymologie populaire – motivé par un envie de trouver un sens à un nom – peut être tout aussi bien le résultat de raisonnements de gens ‘instruits’ que de la ‘gente populaire’ de la masse paysanne. Pour démontrer le contenu préjuciable de l’adjectif ‵populaire′ dans la locution ‵étymologie populaire′, il n’y a qu’à se reférer à l’exemple de Mine-neone (Langonnet 56) qui est déjà Menez Levenez dans les formes écrites du XVIIe siècle et depuis (le nom personnel Nevene, oublié, étant interprété comme le nom abstrait leveneƶ ‘joie’) sans que celà n’ait jamais affecté la forme parlée. Les linguistes – surtout philologues – ne peuvent s’empêcher par certains de leurs hypothèses d’avancer des étymologies dites ‘populaires’, tout aussi ‘érudits’ qu’ils soient. Il importe de savoir que la paronymie fonctionne par le biais du remplacement de composants ‵opaques′ par des composants ‵transparents′, et jamais le contraire, ce qui nous avertit que, s’il y a deux interprétations possibles, il est presque toujours sûr que le composant opaque est originel et que le composant transparent ne l’est pas. Nous pouvons donner quelques exemples de cette tendance. Le toponyme Ruzadenn (Edern 29) signifie ‘glissade’ mais est en fait une étymologie populaire extraite – déja au XVIIe siècle – d’une forme du toponyme Ruraden qui – lui – était dérivé de Runraden ‘colline des fougères’ au XVIe siècle. Le toponyme Koutilli (Ergué-Gabéric 29) signifie ‘couteaux’ mais dérive de Cutullic 1540, Cutuillic 1666, la forme archaïque kuntull du terme kutuilh ‘recueil’ avec le diminutif –ig | Kergantalar (Glomel) ‘hameau des cent charrues’ < Ker Zant Talar ‘hameau de saint tournière’ < *Ker Zand Alar ‘hameau de saint Alar (fr. Éloi)’. On peut distinguer deux types de paronymie : ‵réanalyse lexicale′ et ‵refaçonnage morphologique′ ; cf. ‵attraction paronymique′. Préféré à ‵étymologie populaire′.
pausale² (forme …) | pause¹ (angl. pausa form, all. Pausalform) : La ‵forme pausale′ est un terme contextuel pour un mot/son ayant rapport avec le ‵sandhi′. C’est la forme que prend un mot/son finissant par une consonne à la fin d’une phrase où enoncé en lui-même, cest-à-dire, dans les deux cas, avant une pause vocale. Dans beaucoup d’instances la forme d’un mot dit ‘en pause’ est différente du même mot au milieu de la chaîne parlée. Ceci est vrai des consonnes finales bretonnes qui ont une tendence nette à la ‵fortition′ ou ‵lénition′ phonétiques. On note la prononciation de mots dans un contexte pausal avec l’apposition d’un croisillon [#], donc pour saotred ‘renverser’, la forme pausale en breton central est ˈzɔtəd̥#, qui, sinon, peut être ˈzɔtəd devant voyelle ou un consonne lénis ou ˈzɔtət devant une consonne fortis (ou lénis homophone du à la fortition). Préféré à ‵(forme en) pause′ (en raison que nous essayons d’éviter les locutions) et à ‵(forme) absolue′ (en raison du fait que la ‵(forme) absolue′ à beaucoup d’autres sens techniques suivant les langues).
permutation⁵ | permuté³ | permuter⁴ (angl. permutation) : Une catégorie de ‵modification phonétique′ qui inclue : ‵assimilation′ | ‵dissimilation′ | ‵affection vocalique′ | ‵harmonie (vocalique)′ | ‵fausse coupe′ | ‵convergence′. Préféré à ‵altération′ (Mounin 1974 : 214) qui peut se confondre avec ‵altérnation′ qui est toute autre chose.
posé² (sous-registre …) (angl. considered sub-register) : Le ‵sous-registre posé′ est un terme stylistique désignant un style occasionnel du langage différent du style ‵usuel′ (on admettra d’ailleurs l’emploi de ‵registre posé′ à l’ordinaire plutôt que ‵sous-registre posé′ hors des contextes plus formels). Bien que le breton du fin du XXe siècle est devenu de plus en plus cantonné à l’usage familier où les besoins de communications immédiates prévalent, beaucoup (la plupart sans doute) des bretonnants peuvent se laisser aller à la contemplation et de discuter de maintes choses et de parler d’une façon plus ‘posée’ ou plus ‘mesurée’ que d’habitude. Le degré de différence et le degré d’emploi du registre posé est le moindre de tous les registres occasionnels et en conséquence la plus difficile des registres à cerner. La frontière entre le registre posé et ‵emphatique′ semble aussi assez floue et se situe dans un continuum d’usage. A notre sens, le registre posé implique une certaine intellectualisme (populaire bien sûr) dans le discours et un interêt métalinguistique vis-à-vis la langue même (définitions de mots, de variantes, de prononciations). Il importe de souligner que le registre posé, n’est pas, fondamentalement une question de ‵débit langagier′ ou ‵tempo′ mais une conscience du langage dans son utilisation et la focalisation sur le langage même (la ‵métalinguistique′ de Benveniste). Cela dit, l’emploi du registre posé provoque souvent un débit plus lent et une insistance sur la ‵disjonction′ d’éléments qui se fondent à l’ordinaire dans la langue usuelle. La lenteur provient du fait que le locuteur employant un registre posé fait plus attention à ne pas dérouter l’auditoire, surtout si un élément posé pourrait s’avérer être un nouveauté pour eux. Le registre posé n’implique pas une différentiation totale du registre usuel, mais se signale par l’emploi de mots ou prononciations inhabituels ici-là.
Comme une évidence de l’existence du registre posé en breton nous pouvons relater notre expérience dans les années 1970 de constater qu’un nombre pas inconséquentiel de bretonnants instruits qui avaient écrit en breton où sur le breton ne pouvaient pas (ou ne voulaient pas) discuter de choses plus abstraites en breton, préférant tourner vers le français. Ce trait qui contrastait avec ceux des bretonnants, moins instruits qu’eux, mais plus à l’aise dans cette langue, doit provenir du fait que ces ‘bloqués du breton’ qui avaient reçu une ‘éducation’ avaient beaucoup plus horreur de ‘mélanger’ les langues (les apostrophes indiquent qu’il s’agissait en fait plutôt de l’utilisation d’emprunts que d’une ‵mélange codique′). Mais, derrières ces attitudes quelques peu négatives vis-à-vis de l’utilisation du breton (une contraste frappante avec le Pays de Galles de cette d’époque, d’ailleurs), il y avait une vérité social que les occasions de discuter avec n’importe qui sur n’importe quoi en breton s’estompaient dans la Basse-Bretagne de cette période avec le changement de train de vie dans la direction de l’atomisation sociale. Le témoignage d’un ancien de ar Gilli (Poullaouen) au début des années 1980 est assez éloquent sur le changement de mœurs dans la société traditionnelle bretonne (rurale, évidemment) : “Muioc’h pozed oa an dud, paz re oll brez war-nê, amzer de gonto ar gôz, pa oa ked an tan war o lerc’h ! … Brema, n’euz ked kin med goeturyou dre-dan, traktoryou, e vogedi pad an de, ha tud boulversed, goasoc’h vid [ma] vije bed an tan war o lerc’h ! / Les gens étaient plus posés (autrefois), pas trop pressés, le temps de discuter (ensemble), puisque [CHK Favereau] le feu n’était pas à leur trousses ! … Maintenant, il n’y a que des voitures, des tracteurs, le long de la journée, et des gens boulversés, pire que si le feu était à leur trousses!” [Favereau 1984: 456 (orthographe mimétisée par nous)].
Pour donner une illustration d’une forme posée dans la toponymie, regardons de plus près un toponyme, Koadmeryen (Ploudaniel), qui se prononce, soit Koadmeryen, soit Komeryen (la réduction de Koad– à Ko– dans les toponymie bretone est très commune). On pourra maintenir que la forme écrite y est pour quelque chose dans la forme longue, certes, mais il est très clair que les bretonnants peuvent souvent comprendre, passablement, beaucoup de toponymes en leur réstituant les composants d’origine en registre posé (koad + meryen – ici sans doute compris comme ‘fourmis’ plutôt que le nom d’homme Meryen) tout en gardant de le prononcer la forme réduite Komeryen du jour au jour dans la langue usuelle. La forme posée contraste avec la forme usuelle qui – lui – doit être (dans son usage du moins) simplement une ‘étiquette sonore’ pour désigner un lieu et le distinguer des autres lieux des alentours (cf. ‵trait d’union′). Une preuve de l’ancienneté des formes usuelles, bien qu’ils soient plus réduites que les formes posées semble exister dans le toponyme Koad-ar-zulyeg (Plounévézel). En général, des toponymes de se type montrent une amuïssement complet de l’article défini donnant Koad’zulyeg, voire Koa’zulyeg. Ce qui est intéressant ici est que l’article se conserve dans son consonantisme, donnant Koa’rzulyeg, et cette conservation du consonantisme est d’autant plus remarquable qu’il se prononce clairement [ꝛ] et non sa version réduite typique en breton central [ꝛ ~ Ø]. Cela laisse penser que la réduction de Koad-ar-zulyeg à Koarzulyeg se fit quand cet article était prononcé plus clairement qu’aujourd’hui et que la forme usuelle réduite se reporte au tout plus tôt au milieu du XIXe siècle, et peut-être bien avant (un autre toponyme, fort bien connu Koad-ar-herno (Scrignac) se prononce de la même manière Koa’rherno, avec un r non-réduit. Finalement, un autre exemple fort commun de contraste entre forme posée et forme usuelle est celle du type Penn-ar-lann contre Pennlann, voire Pelann. A toute moment – il nous semble – un toponyme breton typique comprenant deux composants reliés par un article défini peut perdre cet article. Nous avons noté Penn-ar-lann ~ Pennlann ~ Pelann suivant les réponses orales à nos enquêtes mais il est vraisemblable que pluseurs variantes coexistent pour chaque toponyme de ce type et que cette variation dépend du registre auquel les locuteurs se reportent dans leur entretien avec les enquêteurs toponymiques.
Pourquoi prêter attention aux formes usuelles s’il existe des formes posés ? En fait, nombre de formes posées peuvent êtres fautives et mènent à des étymologies populaires (‵paronymie′) et que les formes usuelles sont, pas seulement les formes les plus authentiques, pour ce qui est de l’origine du toponyme, mais dans nombre de cas la forme écrite est le réflexe d’une forme réduite usuelle avec abandon complet de la forme posée.
Là où le registre posé est d’une importance capitale – pour les dialectologues et toponymistes du breton – est en tant qu’empêchement à discerner la véritable forme usuelle traditionnelle d’un nom de lieu. Ce n’est pas que nous pensons qu’il n’existe pas de formes posés orales pour nombre de toponymes dans la société bretonnante traditionnelle, mais il est sûr que quand des informateurs sont conscients qu’une enquête se déroule chez eux – ce qui n’est pas possible d’éviter – qu’il y a un réel danger que des formes posés sont fournis par eux aux enquêteurs au dépens des formes usuelles. Le chercheur doit être en éveil permant contre cette possibilité (et il n’est pas sûr que toutes les formes de prononciation des toponymes dans le passé ont été recueillies avec le soin réquis pour contrecarrer ce problème éventuel). Ce qui plus est, depuis 1950, avec le cours du temps, la dilution de la société bretonnante alliée à une visibilité et une accessibilité plus marquée de la langue écrite à inéluctablement changé la nature du breton posé, qui de nos jours (il faut s’y attendre) comprend beaucoup plus d’influences livresques et françaises (les mots bretons inconnus ayant tendance à se prononcer de façons plus françaises que les mots faisant partie de l’authentique langue usuelle). Préféré à ‵registre soutenu′, ‵registre soigné′, ‵registre formel′. Parmi les synonymes de ‵posé′, l’adjectif ‵formel′, surtout, est beaucoup moins pertinent au breton puisqu’il ne jouit pas, à vrai dire, d’une situation officielle comme le français. Anton. usuel.
posture articulatoire (angl. (articulatory) setting ~ basis of articulation ~ voice quality) : La ‵posture articulatoire′ se reporte à la tendance nette de chaque langue ou dialecte de préférer une certaine posture physique de l’articulation qui sous-tend toute la production phonétique du locuteur ou, autrement, on peut comparer la posture articulatoire à un ‘cambrage’ particulier des organes articulatoires pour donner une ‘texture’ phonétique de base à la voix du locuteur. La posture du français standard est caractérisé par une plus grande tension musculaire par rapport au breton (KLT du moins), à l’anglais et à beaucoup d’autres langues. C’est la raison que le francais est parfois réputé d’avoir un ‘accent pointu’ tandis que d’autres postures articulatoires comme celles du breton KLT (VÉRIF le vannetais) ont une posture articulatoire plus lâche ou détendu pour les lèvres. La posture articulatoire constitue un trait insidieux mais distinctif d’un accent qui sous-tend toute la production vocale et n’est pas facile à acquérir en se tenant à la transcription phonétique seule, tant la symbolisation de l’API n’est pas susceptible de le discerner. Préféré à ‵base articulatoire′, ‵configuration articulatoire′, ‵disposition articulatoire′, ‵disposition phonétique′, ‵configuration phonétique′, ‵posture phonétique′.
(changement¹) en progrès² (angl. change in progress) : EXPAND.
prothèse¹ | prothétique² (angl. prothetis) : Un segment phonétique intrusif qui s’ajoute à l’intérieur d’un mot. C’est un type contextuel d’ ‵intrusion′. Des exemples de prothèses en breton sont : sklas < klas < fr. classe | skloum < kloum.
provection⁵ | provecté³ | provecter⁴ (angl. provection) : La ‵provection′ est une catégorie de ‵mutation grammaticale′ (qu’on peut décrire comme faisant partie du processus phonétique de ‵fortition′). Nous ne nous attarderons pas plus sur le détail des changements ici (voir ‵provection restreinte′), sauf à souligner que, dans certaines dialectes, la lénition s’applique à plus de consonnes que la langue littéraire du à la ‵néolénition′, ce qui donne la ‵provection augmentée′. Dans d’autres dialectes la provection s’étend sous la forme d’ ‵aspiration′ aux sonantes et les semi-voyelles, ce qui donne la ‵provection étendue′. Les réalisations des mutations seront abordées en plus grand détail dans un annexe de chaque tome du HLBI. Préféré à ‵mutation dure′, ‵mutation durcissante′, ‵mutation forte′.
provection augmentée (angl. augmented provection) : La ‵provection augmentée′, typique du Nord-Est breton (Tréguier), est une ‵provection′ qui en plus des occlusives concernées par la ‵provection restreinte′, ajoute l’aspiration (et donc l’assourdissement) aux fricatives lénis (provenant de la ‵néolénition′) et les voyelles (c.-à-d. lénis [v-z-ʒ-Ø] → fortis [f-s-ʆ-h]).
provection étendue (angl. extended provection) : La ‵provection étendue′ – typique du Goëlo, du Centre-Cornouaille, la haute vallée de l’Ellé cornouaillaise et le Bas-Vannetais – est une ‵provection′ qui assimile encore plus l’ ‵aspiration′ à sa ‘gamme’ que la ‵provection augmentée′. Donc – en plus des occlusives concernées par la ‵provection restreinte′ ; des fricatives lénis (provenant de la ‵néolénition′) et les voyelles concernées par la ‵provection augmentée′ – la ‵provection étendue′ ajoute l’aspiration (et donc l’assourdissement) aux sonantes et aux semi-voyelles(c.-à-d. [l-m-n-r-j-w/v] → fortis [hl-hm-hn-hr-hj-hw/f]) et en plus à toutes les fricatives lénis (mêmes ceux ne provenant pas de la ‵néolénition′).
provection restreinte (angl. restricted provection) : La ‵provection restreinte′, typique de l’Ouest bretonnant, est une ‵provection′ qui n’assimile pas l’ ‵aspiration′ à sa ‘gamme’. Les consonnes concernées sont : lénis [b-d-g] → fortis [p-t-k].
quasi-déduplication¹ | quasi-dédupliqué² | quasi-dédupliquer⁴ (angl. quasi-haplology) : On peut reconnaître comme ‵quasi-déduplication′, les exemples du même phénomène de télescopage que la ‵déduplication′ à la différence que la première consonne est une sonante autre que le n, exx. : bañl ~ ban < banal | mell < melin (milin) | Riwâll < Riwallen | Kerourmell (Plougastel-Daoulas 29) < Kerourmelen.
quasi-mutation (angl. quasi-mutation) : Les ‵quasi-mutations′ sont des modifications phonétiques qui opérent suivant certains déclencheurs, donnant l’apparence d’une mutation grammaticale mais ne fonctionnent pas comme ceux-ci. Au nombre des quasi-mutations, on peut ranger les cas suivants : ‵sandhi de fortition′ | ‵sandhi de nasalisation′ | ‵sandhi de déaspiration′ | ‵lénition capricieuse′ | ‵spirantisation capricieuse′.
raccourcissement⁵ | court² | raccourci³ | raccourcir⁴ (angl. shortening) : Se reporte au changement de ‵longueur′ d’une voyelle ou une consonne ‵longue′ ; cf. ‵brève′. Préféré à ‵écourtement′. Anton. allongement.
radicale² (forme …) | radical¹ (angl. radical ~ unmutated) : Le ‵radical′ ou ‵forme radical′ est la forme non-mutée d’un mot/consonne. Ici ne pas confondre avec ‵radical′, synonyme de ‵racine (lexicale)′. Préféré à ‵forme absolue′. Anton. ‵forme mutée′ (sous mutation).
(présence) rare² | rareté⁵ (angl. rare) : En termes de ‵catégoricité′, la présence d’un trait phonétique dans un dialecte quelconque est désignée ‵rare′ quand ce trait est attesté dans certains contextes mais est exceptionnel dans le dialecte ciblé. À titre d’exemple : dans le breton du centre-Cornouaille les mots krampoênn ‘(une) crêpe’, hwêo ‘souffler’, divêo ‘dernier’, souêd ‘étonné’, tiėd ‘atteint’ (litt. krampoezenn, c’hweza, diveza, souezed, tized) constituent un trait rare dans le dialecte, par contre ce trait devient un trait catégorique dans le breton de l’Entre-Odet-et-Ellé, où tous les z médiaux intervocaliques provenant d’un th ancien s’amuïssent : breoneg, lier, beyer, keyer, meyer, goayou ~ goeyou, mouo, diskwio (litt. brezoneg, lizer, bizier, kizier, mezer, goaziou, mouza, diskwiza) contre des exemples de ce même son historique en contexte final : baz, kaz, goaz ~ goez, diskwiz. Comme dans l’Entre-Odet-et-Ellé, le z réapparait en final dans tels mots dans le centre-Cornouaille, on trouve donc là : krampouz, or (litt. ur) zouez contre krampoênn ‘(une) crêpe’, souêd. Préféré à ‵atypique′. Antonymes : omniprésence | (présence) récurrente.
récessif² | récesser⁴ | récession⁵ (angl. recessive) : L’adjectif ‵récessif′ se reporte à une prononciation, un mot ou une suite syntaxique en recul qui perd du terrain devant un équivalent linguistique ‵expansif′. Pour les besoins du HLBI, la ‵récession′, se reporte seulement à un processus de recul, retraite, retirement, abandon, sans finalité, se repliant puisque visé par un phénomene ‵expansif′, donc il ne faut pas le confondre avec ‵régression′ qui se reporte à un processus de retour, renvoi, réversion, rétrogradation, restitution, avec pour but d’atteindre un stade antérieur. 16On remarquera, peut-être, que l’infinitif récesser est extrêmement rare en français, au point de paraître comme entrée dans Le dictionnaire des verbes qui manquent (2010) écrit par un collectif anonyme qui contribuaient au site internet du même nom. Nonobstant cela ce verbe est attesté dans un texte datant de 1789 concernant les Etats Tiers du pays Liège en Belgique s’adressant aux deux autres assemblées représentatives de ce pays en ces termes : “qu’il soit communiqué avec le présent recès aux Seigneurs des deux autres Corps [représentatifs] en les requérant de récesser en conséquence.” [anonyme. 1790. Staatsschriften ueber die Luetticher Revolution und Executionsfache. (Ulm: Stettinischen Buchhandlung), 138-39] (On reconnaîtra aisement l’équivalence de recès – terme français d’ailleurs bien connu – au terme anglais politique recess d’origine française qui se refère aux ‘suspension’ d’une audience juridique ou d’un parliament, et que récesser dans ce texte belge de 1789, aussi bien que ‘suspendre’ peut se traduire ‘retirer (pour un laps de temps)’). Anton. expansif.
(présence) récurrente² | récurrence⁵ (angl. recurrent) : En termes de ‵catégoricité′, la présence d’un trait phonétique dans un dialecte quelconque est désignée ‵récurrente′ quand le dialecte en question tolère des récurrences d’incidences de réalisation de ce trait. À titre d’exemple : la suite phonétique ouarn ˈu·arn (houarn, louarn, skouarn) devient régulièrement –ouėrn ˈu·əꝛn dans une grande partie de la Cornouaille, et – à cause de la faiblesse du r (qui est inaccentué dans cette suite) – il a tendance à se réduire davantage en –ouėn ˈu·ən. Ce phénomène se produit à l’intérieur d’une zone qui est bordée par Plouigneau au nord, Crozon à l’ouest, Quimper au sud-ouest et Paule et Gourin au sud-est. À l’intérieur de cette zone on trouve une forme métathèsée –ourėn ˈu·ꝛən en récurrence, dont l’origine doit être une ‵contrecorrection′ qui a pour ‘but’ (inconscient) de préserver le r qui est en train de s’amuïr devant un n-final dans ces dialectes. Nos sources pour cette constatation qu’il existe une fluctuation entre les réalisations –ouėrn ~ –ouėn ~ –ourėn dans une large zone centrale de la Bretagne bretonnante sont le NALBB [170, 200, 396] et des prononciations toponymiques. Il coexiste donc trois réalisations de la même combinaison de sons, mais nous devons sans doute nous méfier un peu des exemples en –ouėrn du NALBB qui proviennent après tout d’interviews formels et qui pourraient bien être des formes posées (tout comme le sont indubitablement les exemples en –ouarn dans cet atlas, contenant un vocalisme non-représentatif du breton usuel de cette zone). Le triage entre ces formes qu’on a opéré pour s’en débarasser des influences littéraires nous laisse tout de même une fluctuation assez diffusée des deux formes restantes –ouėn ~ –ourėn dont on peut admettre sans ambages comme formes tout-à-faits indépendantes des formes littéraires. Restreint à ces deux formes, comment peut-on décrire leur catégoricité ? Des données linguistiques suffisamment complètes nous manquent, mais nous sommes enclins à penser que c’est la forme –ouėn qui constitue l’évolution la plus régulière et que –ourėn est une forme refractaire à la première qui doit remonter aux temps quand le r se prononçait clairement dans –ouėrn. Dans la description du dialecte de Poullaouen, Favereau (1984) ne montre que la variante –ouėn, et ceci accorde avec mon breton de Plounévézel (quel que soit le poids qu’on m’accorde pour un témoignage individuel). J’ai effectivement habité Koatilouėn (Plounévézel) depuis une tendre âge et j’ai toujours prononcé Koatilouėn ; ayant dit cela, j’ai bien entendu dernièrement Koatilourėn en conversation pour ce toponyme de deux parents proches au breton impeccable (une forme que Humphreys – mon père – ne recueilla qu’une seule fois depuis les années 1960). Tout ce que je peux dire actuellement – en attendant de savoir plus – est que la prononciation –ourėn est récurrente dans le Poher plutôt qu’omniprésente (mais il n’est pas rare !). Antonymes : omniprésence | (présence) rare.
réduction⁵ | réduit² | réduire⁴ | réduisant⁶ (angl. reduction) : La ‵réduction′ est une ‵modification phonétique partielle′ qui réduit la valeur vocalique d’une syllabe dans une direction ‵centralisante′ dans l’ ‵espace vocalique′, finissant en ‵schwa′ [ə]. La réduction de schwa [ᵊ] est une réduction syllabique qui peut évoluer jusqu’à l’ ‵amuïssement′ de la syllabe [Ø]. Anton. éclosion.
réduction⁵ prétonique (angl. prestress reduction) : Les syllabes prétoniques en breton sont sujettes aux réductions vocaliques et syllabiques aussi bien qu’à des simplifications consonantiques (‵troncation′, ‵désagrégation′). Les exemples les plus communs d’une réduction prétonique sont la réduction évidente de ploue et celle beaucoup moins évidente de kêr comme premier composants de toponymes (voir ici). Un autre exemple de réduction prétonique est la réduction de kinkiz à Kis– dans les toponymes Kisaliou (Maël-Carhaix 22) et Kiserniou (Carnoët 22).
réflexe (angl. reflex) : Terme d’analyse philologique se reportant à des formes de mots / noms qui sont l’aboutissement d’une forme antérieure du même mot / nom. Il doit y avoir un lien de filiation évolutive ; cf. ‵cognat′.
registre¹ (langagier) | registral² (angl. speech register | registerial²) : Les ‵registres langagiers′ ou styles de langage recouvrent des différentes manières de parler autres que le ‵registre usuel′, le registre de base, pourtant aussi désigné un registre ; cf. ‵registre occasionnel′.
régression⁵ | régressif² |régressé³ | régresser⁴ (angl. regression) : Puisque certains aspects de langue évoluent continuellement dans certains directions tendentielles, il n’est pas surprenant qu’en synchronie – c’est à dire en temps réel, à tout moment – des aspects de langue sont capables de régresser dans un sens carrément contraire à l’évolution générale (cf. le concept d’ ‵évolution régressive′ dans la biologie). La régression implique la ‘correction’ phonétique d’une forme d’un mot/nom mais ces régressions phonétiques sont le plus souvent occultées par des évolutions non achevées qui ne laissent des traces que dans une poignée de mots – voire même un mot – mais deviennent très ‘visibles’ quand il s’agissent de ‵fausse régressions′ (‵hypercorrections′, ‵contrecorrections′). Pour les besoins du HLBI, la ‵régression′ se reporte à un processus de retour, renvoi, réversion, rétrogradation, restitution, avec pour but d’atteindre un stade antérieur, donc il ne faut pas le confondre avec ‵récession′ (sous ‵récessif′) qui se reporte seulement à un processus de recul, retraite, retirement, abandon, sans finalité, un repli dû à une concurrence par un phénomene ‵expansif′. Préféré à ‵restitution′. Anton. évolution.
remplacement¹ (de langue) (angl. language shift) : Un ‵remplacement′ de langue se reporte à la conversion d’une communauté langagière d’une langue à une autre, comme dans le remplacement du breton par le français qui s’est déroulée en masse dans la population bretonnante dans la fourchette 1945–65. Préféré à ‵conversion′ ou ‵changement′.
renforcé (pluriel …, diminutif …) (angl. reinforced plural, reinforced diminutive) : Le ‵pluriel renforcé′ se reporte à un suffixe pluriel à lequel on ajoute un autre suffixe pluriel. Ce surajoutement d’un suffixe pluriel à un autre a pour origine, sans doute, le fonction de renforcer et d’affirmer le sens pluriel du mot en question. Un exemple en breton est l’ajout du suffixe pluriel –ier au suffixe pluriel régulier –ou (comme dans parkou ‘champs’ < sg. park), donnant dans un premier temps *-evyer puis –eyer. En général il n’y a aucune différence entre le sens d’un pluriel d’un même mot avec –ou ou –eyer (sauf que dans le cas de park en breton central – par exemple – parkeyer est le pluriel usuel tandis que parkou à tendance à être restreint à des phrases figées comme a-dreuz parkou ‘à travers champs’). De même le ‵diminutif renforcé′ se reporte à un suffixe diminutif à lequel on ajoute un autre suffixe diminutif pour – à l’origine, sans doute – renforcer et affirmer le sens diminutif. Il semble bien que des toponymes comme Douranig (Poullaouen), Gwernanig (Gourin), Rohanig (Penvénan) soient des diminutifs renforcés surajoutant le diminutif moderne –ig à l’ancien diminutif non-productif –an. Il est concevable que le suffixe double –igou accolé à des composants de bases toponymiques communs est composé du suffixe diminutif –ou accolé au suffixe diminutif –ig ; cela reste à démontrer et l’interprétation commun –ig avec le pluriel –ou (homonyme du suffixe diminutif –ou) est tout aussi recevable en attendant des preuves du contraire.
restitution⁵, voir régression.
rhotacisme¹ | rhotacisé³ | rhotaciser⁴ | (angl. rhotacism) : Le terme ‵rhotacisme′ se reporte à la toute processus où une autre consonne se transforme en r ([r] à l’origine mais avec l’évolution du breton, toutes les réflexes uvulaires-fricatifs [ʁ–ɣ–ꝛ] qu’on connait de nos jours). Le rhotacisme provient le plus souvent de la fricative dentale lénis dh [ð] en breton, exx. : tier < tieƶ | roudour < roudouƶ. Il est particulièrement commun dans le nord du Haut-Vannetais où dh se rhotacise facilement, exx. : me rad < me dhad (st. ma zad) | de riskeyn < de dhiskeyn (st. da ziski) (Guern). Une autre exemple de rhotacisme provient du d-intervocalique, exx. : Sant Tureg (Spézet) < Sant Tudeg | Lannvareg (Poullaouen) < Lannvadeg | (c) Parg-ar-bilareg (ar Skiryou, Berrien) < Parg-ar-biladeg ; cf. ‵dérhotacisme′.
saillance¹ | saillant² (angl. salience) : La ‵saillance′ est une terme de sociolinguistique qui en phonétique comme en lexique (ou même en syntaxe) souligne combien certains traits linguistiques sont plus apparents, saissisants, protubérants que d’autres. Nous limitant à la phonétique, on peut penser que certains traits phonétiques sont plus ‘marqués’ que d’autres dans l’oreil des auditeurs et qu’entre deux populations aux habitudes linguistiques différentes, et surtout entre langues à part, certains sons ou accentuations se font remarquer plutôt que d’autres. Pour ce qui est du breton, on peut penser que certains prononciations bretonnes ont acquis – en raison d’une saillance plus perçue que d’autres – des associations péjoratives dans l’ouï des locuteurs de français. Puisque seuls les locuteurs du français étaient en position de manier les systèmes officiels, ils étaient en mesure de censurer les bretonnants unilingues et de faire internaliser un certain opprobre quant à ces sons chez les bretonnants eux mêmes. Ceci à donc fini par installer certaines tendances de préférence dans la communauté linguistique bretonne pour des sons moins saillants que ceux qui l’étaient. En guise d’exemple, on peut expliquer la disparition progressive du r-roulé dans la plupart des dialectes bretons, remplacé par un r-guttural français, suivant la généralisation de la connaissance du français chez la population bretonnante depuis l’établissement de la scolarité obligatoire en français après 1882. Certains spécialistes prétendent que la saillance en linguistique est un mirage [REFS], mais nous y adhérons à sa réalité comme force explicatoire meme si il est évident que c’est un phénomene difficilement quantifiable et mesurable.
sandhi¹ (angl. sandhi) : Terme phonologique, le ‵sandhi′ se reporte strictement aux ‵modifications phonétiques′ contextuelles qui s’opèrent sur des mots qui se rencontrent dans la chaîne parlée (cf. la ‵liaison′ du français) mais nous l’étendons aussi la discussion autour du sandhi à la forme la forme ‵pausale′ où le mot finit l’énoncé est n’est donc pas en contact avec un autre mot. Le breton est bien connu parmi les linguistes pour la vitalité du sandhi en son sein. En breton beaucoup de mots finissant en consonnes ont trois formes contextuelles en rapport avec le sandhi : la forme ‵pausale′, la forme ‵lénis′, la forme ‵fortis′, et nous pouvons illustrer ceci chez les monosyllabes à l’aide de l’adjectif sod ‘fou’ et tud ‘gens’ en breton central (noter que sod a une voyelle longue tandis que tud a une voyelle courte et cela joue son effet sur la forme en pause)17Pour les effets de sandhi chez les polysyllabes (un peu différent), voir ‵pausale′. :
- la forme pausale se trouve devant une pause (ex. hennez zo zod [zo·d̥#]. ‘il est fou’ ; an dud. [dyt#] ‘les gens’) ;
- la forme lénis se trouve devant devant voyelle ou consonne lénis (exx. zod [zo·d] eoñ. ‘il est fou’, tud [tyd] eynt. ‘ils sont des gens’ ; zod [zo·d] mat ey. ‘elle est très folle’ ; tud [tyd] vad zo ama ‘ici il ya des bons gens’) ;
- la forme fortis se trouve devant consonne fortis ou lénis homophone du à la fortition (exx. ken zod [zo·t] ha te ‘aussi fou que toi’, tud [tyt] divalo eynt ‘ils sont des gens moche’).
En fait la différence de longueur des voyelles entre sod et tud donne l’impression distincte aux locuteurs de breton central que le mot sod se prononce zod (lénis) tandis que tud se prononce tut (fortis). Cette impression que la longueur des voyelles dans un monosyllabe décide la qualité lénis/fortis de la consonne finale, n’est pas propre à Plounévézel. Joseph Loth – natif de Guéméné-sur-Scorff (Morbihan) – nota ceci en 1897 aussi bien que Frañsez Kervella – (natif de Dirinon (nord Finistère) – en 1996 (Wmffre 2007: 515). Il n’est pas exclu que certains dialectes bretons fassent autrement, mais ce constat doit donc être globalement vrai pour toute l’aire centrale sise entre le Léon et le Haut-Vannetais, avec – sans doute – pour un nombre restreint de mots quelques variations. Il est bien connu – chez des linguistes au fait du breton vivant – que la schématisation usuelle de réalisation des finales lénis ou fortis souffre de nombre d’exceptions (‵disjonction′), tantôt régulières, tantot exceptionnelles. CHK une opinion (Plourin, Favereau) que j’ai lu là-dessus concernant la variation pragmatique du sandhi.
L’ ‵élision′ est un autre type de sandhi qui est l’ ‵amuïssement′ du segment final ou initial de mots en liaison. Liés au sandhi aussi sont les ‵quasi-mutations′. Nous reservons le terme ‵sandhi′ pour des phénomènes de liaison de la châine parlée plutôt que les composés lâches ou serrés que forment les toponymes où les mêmes phénomènes phonétiques opèrent où nous préférons parler d’ ‵assimilation contiguë′. Préféré à ‵liaison′, ‵jointure′.
sandhi de déaspiration⁵ (angl. sandhi-deaspiration) : Le ‵sandhi de déaspiration′ – un peu comme la ‵spirantisation capricieuse′ – est une ‵quasi-mutation′ qui affecte les mots commençant par h– suivant les articles (définis ou indéfinis), donc le mot hent prononcé avec l’aspiration, le perd suivant l’article défini an ’ent < an + hent. On trouve la déaspiration dans une zone assez étendue du Centre-Cornouaille et du Trégor, intermédiaire entre l’Ouest bretonnant où le h-initial est complètement amuï dans tous les contextes et le Sud-Finistère et le pays Pourlet où le h-initial se prononce même suivant les articles.
sandhi de fortition (angl. sandhi-fortition): Le ‵sandhi de fortition′ est une ‵quasi-mutation′ qui n’a aucun role grammatical qui est un type de liaison (‵sandhi′) à la fin des mots où les consonnes sont fortifiés. On le trouve dans la chaîne parlée (ex. lâret toc’h ‘vous dire’ < lâred doc’h) et aussi dans des composés lâches (ex. abati < abad + ti ) aussi bien que dans des composés serrés (ex. kas-pian ‘chaton’ < kaz + bian), et aussi très régulièrement dans la toponymie (exx. : ar Hoat-praz < ar + koad + braz | an Hentklaz < an + hent + glaz).
sandhi de nasalisation (angl. sandhi-nasalisation): Le ‵sandhi de nasalisation′ est une ‵quasi-mutation′ qui n’a aucun lien avec le genre d’un mot et qui touche seulement la consonne <d> suivant l’article défini an. Il ne touche qu’un nombre infime de mots comme an nen (den m. ‘homme’), an nor (dor f. ‘porte’). Mais il y a lieu à interpréter le sandhi de nasalisation comme n’étant plus productif dans la langue puisque an nen est en fait une forme figée signifiant ‘on (impersonnel)’ qui se démarque de an den ‘un homme’, et an nor de son côté a été analysé par ‵déglutination′ comme an or dans beaucoup de dialectes bretons pour donner un radical or pl. orojou. Ce phénomène se rencontrait plus dans le breton médiéval et survit ici-là dans la toponymie, exx. : an Naougad (Pleyben 29) < an + daou + koad | Vri-naoudour (Quemper-Guézennec/Plourivo 22) < fri + an + daou + dour.
soigné² (registre …), voir registre posé.
souffle⁵ (angl. breath), voir aspiration.
sous-registre (langagier) (angl. speech sub-register) : L’usage de ‵sous-registre′ plutôt que ‵registre′ est lié à notre classification des styles langagiers où le ‵registre occasionnel′ est un terme parapluie qui recouvre d’autres registres autre que le ‵registre usuel′.
soutenu² (registre …), voir registre posé.
spirantisation⁵ | spirantisé³ | spirantiser⁴ (angl. spirantisation) : La ‵spirantisation′ est le nom d’une catégorie de ‵mutation grammaticale′ (qu’on peut décrire comme faisant partie du processus phonétique de ‵frication′) par laquelle une occlusive fortis devient une fricative fortis. Nous ne nous attarderons pas plus sur le détail des changements ici, sauf à souligner qu’elle se déclenche seulement suivant quelques possessifs (ma, he, o) et deux séries de numéraux (tri/teir, pevar/peder). Vu la nature des mots déclencheurs, la spirantisation n’entre que très peu dans la toponymie, des exemples sont Pont-trivenn ~ Pont-trifenn (Cléden-Poher/Spézet) et Kroaz-an-tri-fersoun (Bourg-Blanc/Milizac/Coatméal). Il y a trois séries de spirantisation : la ‵spirantisation restreinte′, la ‵spirantisation étendue′, la ‵spirantisation-lénifiée′, sans oublier la quasi-mutation, la ‵spirantisation capricieuse′. Les réalisations des mutations seront abordées en plus grand détail dans un annexe de chaque tome du HLBI. Ne pas confondre avec ‵spirante′ qui est un synonyme d’ ‵approximante′. Préféré à ‵mutation aspirée′.
spirantisation capricieuse (angl. capricious spirantisation): La ‵spirantisation capricieuse′ est une ‵quasi-mutation′ qui suit les articles (définis, indéfinis) mais n’a aucun lien direct avec le genre d’un mot. Les mots masculins ou pluriels commencant par k se spirantisent toujours suivant les articles (ex. ar c’hastell < ar + kastell). Il semble que la spirantisation capricieuse est le fossile d’une spirantisation régulière qui suivait l’article défini et d’autres mots finissant en <n-r> et qui s’appliquait également aux autres occlusives <p-t>. On en trouve des traces de cet état de choses dans le toponyme ar Faou (= Le Faou 29) < in Pou XIe siècle ; le composé lâche leur-zi ‘sol (de maison)’ < leur + ti ; et d’innombrables exemples des toponymes-types Pennfoull, Pennfrad contrastant avec leur équivalents réguliers Pennpoull, Pennprad ; cf. ‵quasi-mutation′.
spirantisation étendue (angl. extended spirantisation) : La ‵spirantisation étendue′, typique du breton central, est une ‵spirantisation′ qui assimile l’ ‵aspiration′ à sa ‘gamme’. Donc, en plus des occlusives concernées par la ‵spirantisation restreinte′, elle ajoute l’ aspiration (et donc l’assourdissement) aux fricatives, sonantes, semi-voyelles et voyelles comme suit : lénis [v-z-ʒ-l-m-n-r-j-w/v-Ø] → fortis [f-s-ʆ-hl-hm-hn-hr-hj-hw/f-h]. La diffusion géographique de la spirantisation étendue s’étend dans une grand aire du Centre bretonnant, comprenant le Centre-Cornouaille à l’est de l’Aulne, le côté cornouaillais de la haute vallée de l’Ellé jusqu’à Quimperlé, le pays Fanch et le Bas-Vannetais, jusqu’à la mer. L’aspiration de tant de consonnes suivant he rapproche la spirantisation étendue à la ‵provection étendue′ et, justement, dans certains endroits – Motreff d’après Humphreys (p.c.), Langonnet d’après Plourin (1982: 502–03), et Guidel (56) d’après Cheveau (2007: 95–96) – on y trouve une évolution de la spirantisation étendue à devenir carrément la provection étendue en remplaçant la ‵frication′ <f–s–c’h> par la ‵fortition′ <p-t-k> (ex. i dorn > i torn ‘sa main (à elle)’).
spirantisation-lénifiée (angl. lenited-spirantisation) : La ‵spirantisation-lénifiée′ – qui est représentatif de beaucoup de dialectes bretons, et surtout le Centre bretonnant – est une ‵spirantisation′ qui a été remplacée par la ‵lénition′. Comme la mutation originale, cette variante de la spirantisation a très peu de déclencheurs : les numéraux tri/teir ‘3’, pevar/peder ‘4’, nao ‘9’ et les possessives ma ‘mon’, he ‘sa’ o ‘leur’. Là où la spirantisation-lénifiée se trouve on dira : pevar baotr ‘4 garçons’ au lieu de pevar faotr. Mais bien le changement de la spirantisation à la spirantisation-lénifiée est une question de remplacer la spirantisation par la lénition cela ne crée pas un simple équivalent de la lénition puisque, par exemple, bramm ‘pet’ reste non-muté comme pevar bramm plutôt que pevar vramm puisque un b-initial n’est pas sujet à la spirantisation et donc pas à la lénition dans les contextes de la mutation (cela dit, il y a une tendance grandissante d’aligner la spirantisation-lénifiée carrément sur la lénition et nous avons entendu pêr zen ‘4 hommes’ de la bouche d’un informateur né à Kergloff en 1935). Par la rareté de ses déclencheurs, la spirantisation-lénifiée ne touche pas beaucoup à la toponymie, néanmoins, des examples sont : an Tergroaz (Landeleau, Briec), Pond-an-tri-berson (Plozévet). Préféré à ‵douce pour aspirée′ (Hewitt 2000).
spirantisation⁵ restreinte (angl. restricted spirantisation) : La ‵spirantisation restreinte′, typique de certains dialectes et la langue littéraire est une ‵spirantisation′ par laquelle une occlusive fortis devient une fricative fortis : [p-t-k] → [f-θ-x] (devenu [f-s-x] en breton puis – classiquement – [f-z-x] en breton littéraire). Elle se déclenche seulement suivant quelques possessifs (ma, he, o) et deux séries de numéraux (tri/teir, pevar/peder). Vu la nature des mots déclencheurs, la spirantisation n’entre que très peu dans la toponymie, quelques exemples sont : Pontrivenn ~ Pontrifenn (Cléden-Poher) avec penn | Kroaz-an-tri-fersoun (Bourg-Blanc/Milizac/Coatméal) avec person.
structure¹ langagier (angl. linguistic system) : A l’opposé de ‵système linguistique′ qui a un sens beaucoup plus restreint et précis, le terme ‵structure langagier′ est un image – entre autres (p. ex. une construction, un échafaudage, ou même un ‘centre névralgique’ (angl. locus, hub)) – qui a pour vocation essayer d’illustrer approximativement ce que constitue vraiment la nature d’une langue parlée par une ‵communauté langagière′, voir Wmffre (2013a: 375–88). La langue n’est pas une simple machine logique, un phénomène dérivé des livres, artificiellement corseté par des grammairiens à prédilection prescriptive et puriste, mais est un phénomène sociétal existant en temps réel et dynamique utilisé par un nombre variable de locuteurs qui forment une communauté langagière. La communauté langagière se définit souvent par la géographie, le sentiment, la politique, l’histoire plus que la linguistique propre. C’est aussi un structure ouverte, pour plus de détails, voir ‵emprunt′.
style¹ | stylistique², voir registre (langagier).
supplétif² (angl. suppletive) : Une forme supplétive est une forme d’un mot liée à une autre par dérivation mais qui ne partage pas la même filiation. On pourrait dire un forme ‘coucou’ ou intruse qui vient d’ailleurs et qui a réussie à évincer la forme pré-existante. Des exemples de pluriels supplétifs sont : den ‘personne’ – pl. tud ‘gens’ ; ki ‘chien’ – pl. chas ‘chiens’ (form pré-existante kon). Une exemple d’un infinitif supplétif se trouve dans : gra– ‘racine verbale’ – infinitif ober.
surlénition⁵ | surlénifié³ | surlénifier⁴ (angl. hyperlenition) : Phénomène mutationnel abusif occasionnel qui semble propre à la toponymie bretonne plutôt qu’à la langue bretonne en général, exx. : Kerzudal (Bannalec) < kêr + np. Tudal (Ϗtutgual 1426, Ϗdudal 1559) | Killaradeg (Logonna-Quimerch) < killi + np. Karadeg (Quyllycaradec 1544, Quilgaradec 1647) | Kervaskwezan (Lanildut) < np. Paskwezen (Kerbascouezen 1646) | Kerhaled (Locmaria-Plouzané) < kêr + kaled (Kercalet 1477, Kergalet 1543) | Kerhroaz (Plouneventer) < kêr + kroaz (Kergroas 1688). Préféré à ‵hyperlénition′ ; cf. ‵lénition anormale′.
suscitation⁵ | suscité³ | susciter⁴ (angl. prompting) : La ‵suscitation′ se reporte à la possibilité de fausser des données linguistiques recueillies après qu’une forme quelconque est énoncé d’avance par l’enquêteur devant l’informateur. La suscitation ne créée pas automatiquement un faussement des données linguistiques recueillies mais il laisse planer le doute sur l’authenticité de toute réponse élicitée dans ces conditions. Nous donnons l’exemple de la prononciaion kɛrydylik, suscité par les chercheurs d’Ofis ar Brezhoneg [OAB Plogoff: 29] d’un de leurs informateurs pour un lieu inconnu à Plogoff qui était en réalité Kerdudig en Pont-Croix (ils étaient mal renseignés par l’inclusion par Deshayes de la forme Kerrudulic de 1540 dans son ouvrage de référence, le Dictionnaire topographique du Finistère, comme non-localisé dans la paroisse de Plogoff). C’était une faute entérinée par une publication qui ne représentait rien d’une tradition authentique, certes, mais, plus important que cela, il fournit un exemple clair montrant qu’on ne doit jamais sous-estimer la volonté phatique des informateurs au cours d’un entretien de miroiter les façons de s’exprimer de l’enquêteur, aussi bien que de ne pas admettre leur ignorance vis-à-vis d’un toponyme ou un mot qui leur est présenté. Là où nous savons qu’il y a danger d’ingérences linguistiques, à la suite d’une suscitation au cours d’un entretien, nous pouvons suivre la forme donnée par l’abréviation (susc.) mise entre parenthèses pour avertir les lecteurs. Préféré à ‵incitation′.
svarabhakti¹ (angl. svarabhakti) : Se dit d’un processus de ‵désagrégation′ intrusif (‵épenthèse syllabique′) par laquelle un ‵groupe (consonantique)′ final dans un monosyllabe d’origine est séparé par une ‵voyelle épenthétique′ qui facilite l’articulation de la prononciation. Ce processus de svarabhakti disyllabise un monosyllabe en le transformant en disyllabe (ex. falc’h ‘faux (agr.)’ qui dans certains dialectes bretons se réalise ˈfaləx ~ ˈfalɐx ~ ˈfalax, avec ‵éclosion′ de la voyelle intrusive) ; voir aussi sous ‵hiatisme′.
synalèphe¹ (angl. synaloepha), voir élision.
synchronie¹ | synchronique² (angl. synchrony) : La ‵synchronie′ se reporte aux faits linguistiques dans le contexte d’une langue/dialecte délimité ‘hors temps’ et caractérise les descriptions linguistiques contempporaines depuis le XXe siècle. Depuis le milieu du XXe siècle il y eu une réalisation croissante chez les linguistes les plus avisés qu’une coupe strictement synchronique de langage était impossible dans les faits. Même une description qui se voulait synchronique devait faire face à des faits linguistiques contradictoires coexistants dans une même langue/dialecte qu’on ne pouvait expliquer sans recours à la diachronie ‘vivante’, c’est-à-dire les différences entre les générations et les changements linguistiques toujours ‵en progrès′. Cette réalisation à amené à mieux définir la synchronie comme la ‵synchronie dynamique′. Anton. diachronie.
synchronie¹ dynamique (angl. dynamic synchrony) : La ‵synchronie dynamique′, avancé par Martinet depuis les années 1960, devant la réalisation que le dynamisme qui sous-tend l’évolution historique d’une langue/dialecte est présente à la réelle échelle synchronique, celle des vies vécues et opère dans les ‵systèmes linguistiques′ de tout langue/dialecte, quelque part, à tout moment. Cette réalisation conduisait inéluctablement à la conclusion qu’on ne pouvait abstraire le temps d’aucune description linguistique et que la vision mécanistique de la langue prônée par les linguistes structuralistes depuis les années 1930 – et toujours de nos jours – comme simplement une machine ou un système ‘hors temps’ n’était plus recevable. Tout état de langage se place dans une continuité duquelle elle ne peut pas se soustraire et le dynamisme inhérent du langage explique que dans des enquêtes concernant la prononciation traditionnelle des toponymes bretons – même en ne tenant pas compte des versions livresques ou francisées – on peut s’attendre, à chaque moment, à rencontrer plus d’une seule forme d’un nom de lieu breton ; voir ‵dynamisme′, ‵évolution linguistique′.
syncope¹ (syllabique) (angl. syllabic syncope) : Le ‵syncope′ est un terme positionnel d’ ‵amuïssement′ concernant la perte d’un ‵noyau syllabique′ ou d’une consonne au milieu d’un mot/nom. Nous privilégerons l’aspect syllabique des syncopes, classifiant le ‵syncope consonantique′ à part. Des exemples de ‵syncopes syllabiques′ sont : brez’neg < brezoneg, Pluzyan < Pluzulyan (Plussulien 22), ar Goldig (Lanrivain 22) < ar Gollodig. La raison que nous faisons cette distinction entre syncopes syllabiques et consonantiques est que, par une analyse mécaniste segmentale, la réduction du ‵noyau syllabique′ du type amz’r < amzer, kaz’g < kazeg peut être définie comme un exemple de ‵syncope′ (Favereau 1984: 87, 97, 120) plutôt que d’un exemple d’ ‵apocope′. Mais la réduction du type amz’r < amzer ne diffère en rien de celle de beur’ < beure, toutes deux motivées par la même accentuation, qui se base donc sur des raisons d’ordre syllabique et non segmental. Il semble pervers de désigner l’un comme étant un exemple de syncope (amz’r < amzer) et l’autre comme étant un exemple d’apocope (beur’ < beure). La description de la prononciation du Poher (Carhaix et les Montagnes Noires) comme étant “très … syncopée” (Favereau 1984: 97) induit facilement en erreur puisque le breton du Poher est en fait très apocopée (brezon’g) et en cela contraste nettement avec le breton Fanch à l’est qui, lui, est très syncopée (brez’neg). Nous voyons donc pas d’utilité à employer le terme ‵apocope double′ (Favereau 1984: 121) pour l’amuïssement supplémentaire amz’ < amz’r < amzer que nous désignons ‵troncation′. Puisque beaucoup de termes de la métrique sont incorporés dans la phonétique et que la métrique se soucie plus de textes que de la phonétique à proprement parler, il y a danger de ne pas comprendre ces termes partagés dans un sens propre à la phonétique.
syncope¹ consonantique (angl. consonantal syncope) : Terme positionnel d’ ‵amuïssement′ concernant la perte d’une consonne ou ‵groupe (consonantique)′ n’importe où dans le milieu d’un mot polysyllabique (à l’exception de l’ ‵attaque′ ou de la ‵coda′). Des exemples de ‵syncope consonantiques′ sont : pôt’ed < paotred. Un syncope consonantique qui mène à la monosyllabisation du mot est un ‵télescopage′, ex. skûll < sku’ell < skudell.
synizèse¹ (angl. synizesis), voir fusion.
système¹ linguistique (angl. linguistic system) : Un ‵système linguistique′ est tout aspect du langage qui montre une organisation logique pour faciliter la communication, soit l’organisation effective des contrastes ‵phonémiques′ des sons, soit l’organisation des pourtours sémantiques pour répondre aux besoins communicationnels de la ‵communauté langagière′, soit les systèmes syntaxiques pour faciliter l’orchestration des énoncés. On verra vite que toute langue est polysystémique et qu’on ne peut parler en termes généraux “du système de la langue” comme si cet agrégat de phénomènes linguistiques qui constituent une langue était un système, voir Wmffre (2013a: 375–84). Dans le breton (comme dans tous les langues), le système des nombres n’a qu’un rapport complètement indirect avec le système des sons et, à leur tour, ces deux systèmes n’ont aucun rapport avec le système de politesse de la langue, le système de collocations, etc., etc. . Il peut y avoir plusieurs systèmes enchevêtrés l’un sur l’autre avec la même fonction, p. ex. le modifieur + adjectif dans muioc’h interesant contre l’adjectif + suffixe dans interesantoc’h pour ‘plus intéresant’. La rédondance de systèmes linguistiques contenu dans le même ‵structure langagier′ qui constitue une langue mène souvent à la compétition entre ces systèmes et donc à un ‵dynamisme′ ; cf. ‵synchronie linguistique′, ‵évolution′. Ne pas confondre avec ‵structure langagier′.
télescopage⁵ | télescopé³ | télescoper⁴ (angl. collapse) : Le ‵télescopage′ est un type particulier de ‵compression′ par lequel deux syllabes se réduisent en une syllabe suivant la perte d’une consonne intervocalique qui les séparait jusqu’à là (‵syncope consonantique′). La perte de cette consonne intervocalique est sans doute du au fait que le ‵groupe (consonantique)′ engendrée par l’ ‵amuïssement′ de la syllabe post-tonique n’est pas toléré dans le cadre phonologique du breton. Des exemples de télescopage sont : godell > *god’ll > gôll | ober > *ob’r > ôr | avel > äel > ayl | ar Chedell > *ar Ched’ll > ar Chêll (Roudouallec 56) | Lanndudal > *Lanndud’l > Lanndûl (= Landudal 29). La tendance au télescopage est très forte dans les parties des toponymes precedant l’accent principal, exx. : kinkiz se télescope en Kis– dans Kiserniou (Carnoët 22) et Kisaliou (Maël-Carhaix 22) ; l’ancien mot kemenned se télescope en Ken– dans Kenvên (= Queménéven 29). Les ‵toponymes-valises′, ainsi que les ‵mots-valises′, présentent souvent des télescopages, ex. : Évellys, nouveau nom de la commune aggrandie de Naizin (56), composé des hydronymes Ével et Illys (mais cela à tendance à être un phénomène d’origine littéraire).
tempo¹, voir débit.
transposition⁵ (angl. transposition) : La ‵transposition′ se reporte à un changement de position dans l’ordre linéaire de segments (p. ex. lat. crocodilus > esp. cocodrilo). Des types de transposition sont : ‵métathèse′, ‵agglutination′ / ‵déglutination′ ). Préféré à ‵déplacement′.
troncation⁵ | tronqué³ | tronquer⁴ (angl. truncation) : La ‵troncation′ est un type d’ ‵amuïssement de polysyllabe′ par lequel un (ou plusieurs) syllabes sont amuis d’un mot/nom (avec toute consonne associée, leur ‘ossature consonantique’). Ne pas confondre avec ‵apocope′ concerne strictement que le ‵noyau syllabique′. Ne pas confondre non plus avec ‵abrègement′ qui concerne des pertes léxicales.
troncation⁵ étendue (angl. extended truncation) : Des exemples toponymiques de troncation étendues sont : Landi < Landivicho (Landivisiau 29), Lopre < Loprevalaer (Loc-Brévalaire 29), Lambe < Lammbezeleg (Lambézellec 29).
umlaut, voir affection vocalique.
usuel² (registre …) (angl. normal register) : Le ‵registre usuel′ est un terme se reportant au style de l’énoncé. Il équivaut grosso modo aux termes ‘langage courant’ et ‘langage familier’ usités pour le français. L’utilisation de ‘langage familier’ pour le registre relâché employé entre pairs contenant des ‘vulgarités’ (plutôt que le ‘langage courant’ employé en famille ou avec des inconnus) n’a pas d’application pratique pour le breton qui n’a pas bénéficié d’utilisation officielle quand elle était la langue véhiculaire de toute une société. A Poullaouen, Favereau (1984: 97ff) à analysé deux variantes usuelles du breton de cette communauté langagière qu’il a analysé en termes de ‵débit langagier′ comme ‘rapide’ et ‘moyen’ mais que nous préférons de désigner, respectivement, ‘hachée’ et ‘moyen’ d’après leurs états réalisationnels. Favereau a analysé les versions hachées et moyennes en termes générationnels mais nous sommes portés plutôt à croire que l’existence de deux versions usuelles à Poullaouen est liée à un rencontre de deux grands courants dialectaux dans cette commune (à savoir, le breton du nord – Trégor, Léon – avec celui de la Cornouaille). S’il s’avère que nous avons raison, on peut postuler qu’il n’existe nulle part plusieurs registres usuels dans un seul parler. En raison d’espace nous ne pouvons pas élaborer ici dans ce glossaire. Dans nombres de cas des prononciations usuelles se voyent s’opposer par des variantes non-usuelles – soit des variantes ‵emphatiques′, d’insistance, soit des variantes ‵posées′ – qui tendent à mettre l’énoncé en exergue pour des raisons sémantiques ou pragmatiques. Préféré à ‵normal′, ‵registre familier′, ‵registre démotique′. Anton. emphatique & posé.
Notes
↑1 | Il importe de dire que nous avons présenté les formes standards galloises et que les dialectes de cette langue montrent un nombre de façons de simplifier ces groupes consonantiques par désagrégation de type ‵amuïssement′ ou ‵svarabhakti′ (Wmffre 2003: 314–33). |
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↑2 | Même hors l’aspect géolinguistique la même critique de l’analyse phonémique peut être faite. Toute description du polonais souligne que les voyelles longues n’existent pas dans cette langue, pourtant les affiches publicitaires de ce pays ne manquent pas d’écrire tak ‘oui’, et jest ‘il y a’ comme Taaak ! et Jeeest ! pour exprimer l’emphase qui demande un allongement de la voyelle. Les structuralistes orthodoxes contrecarreront que l’emphase ne fait pas proprement partie de la fonction communicatif du langage, seul facteur déterminant du status phonémique d’un mot … On peut se perdre à déterminer au juste où se trouvent les paramètres du concept de ‘communication’ mais il nous semble que, dans la situation décrite ci-dessus pour le polonais, le linguiste descriptiviste est bien contraint à noter ces formes emphatiques comme taːk et jeːst, fi de toute idéologie structuraliste. |
↑3 | La forme geyer n’est généralement pas admise dans les standards contemporains, mais on trouve geier souvent depuis la deuxième moitié du XIXe siècle en dehors des sources lexicographiques [Devri s.v. gaou]. Le fait que le trégorrois prononçait ce pluriel comme gewyer à sans doute influencer les écrivains après l’entente du KLT de 1907 qui visait justement à accorder une place plus importants aux faits trégorrois dans la langue littéraire. Contrairement à l’indication de Favereau [1992 s.v. gaou] qu’on dit ˈgɛvjɛr en Léon et ˈgɛjər en Cornouaille, Sommerfelt [1920/1978²: 81] a bien noté le pluriel à St-Pol-de-Léon comme ˈgɛjɛr. |
↑4 | Les deux premières formes dérivent du NALBB [454], Langonnet et Guiscriff, respectivement (la forme de Langonnet confirmée par Plourin [1982: 109]). Les deux dernières formes ont étés recueillies au Saint, la première d’un locuteur né en 1932 et la deuxième d’un locuteur né en 1948. Concernant les formes de brehoneg sans h dans NALBB, on doit noter que les informateurs de Guiscriff étaient nés en 1909 et 1919, ceux de Priziac en 1906 et 1920, ce qui suggère que la prononciation réduite sans h a coexisté depuis un certain temps avec la forme la plus allongée. |
↑5 | Wmffre (2003: 392) employa le terme anglais counter-development ‘contre-développement’ en développant le concept. |
↑6 | Nous utilisons [ꭉ] pour ce qui est transcrit [rˊ] par tradition non-API par les phonéticiens du gaélique. Notre motivation pour ce changement de convention pour ce son est le besoin pratique d’une symbole unique pour noter cette consonne palatalisée. |
↑7 | La locution pod-dour, pour le récipient qui sert à puiser l’eau à la fontaine, est connue en breton depuis le XVIIe siècle [Devri s.v. pod-dour]. |
↑8 | Il paraît que la locution élicitative du NALBB pot à eau – et son synonyme pot d’eau – est très minoritaire en français (Lyon, vallée de la Rhone), du moins d’après l’usage quotidien et que pichet domine l’ouest de la France, voir le site ‘Français de nos régions’ https://francaisdenosregions.com/2018/10/10/vous-dites-pot-deau-cruche-ou-carafe). |
↑9 | Ceci répond à la distinction faite en anglais entre, respectivement, ‘main road’ vs ‘big, large road’. Crahé (2013: 124) nous informe qu’à Languidic “ənenˈprɑːs la ‘grande route’, c’est-à-dire la voie express souvent nommée de manière redondante ənenˈprɑːsbrɑːs ou ənenˈprɑːzvrɑːs.” L’appellation en hent-praz-vraz n’a rien de rédondante puisqu’il est clair que la voie express (N24) construite dans les années 1970 à supplantée – pour ce qui est de la circulation – l’ancienne grande route (D724), tout en suivant le même tracé – plus ou moins – à travers la commune. |
↑10 | Il n’y a qu’inspecter la part réduite (une douzaine de pages) dans l’œuvre ‘encyclopédique’ de 787 pages par Ducrot, Oswald & Schaeffer, Jean-Marie. 1995. Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage. (Paris: Seuil) pour s’en rendre compte (précisément les chapitres consacrés à la ‘Géolinguistique’ et la ‘Sociolinguistique’). Plus au moins la même espace (11 pages) est donné à un rétrospective de la ‘Linguistique historique au XIXe siècle’, comme s’il n’y aurait pas eu de développement dans cette sous-discipline depuis. Il est intéressant de noter qu’on y parle de ‵phonologie diachronique′ en relation avec les travaux de Martinet et d’autres linguistes, mais qu’on néglige de mentionner la ‵synchronie dynamique′, l’approche à la description et à l’analyse linguistique qu’André Martinet promouvait avec vigueur des années 1960 jusqu’à sa mort en 1999. Les lecteurs bénéficieront de lire la chapitre consacrée à cette évolution de la pensée de Martinet dans Wmffre (2013a: 91–121). |
↑11 | La distribution du svarabhakti dans ces monosyllabes contenant la suite alx n’est pas très uniforme dans les pays KLT : seul a-walc’h dans le Léon et les pourtours cornouaillais et trégorrois et une mince frange côtière du sud-Finistère montre un svarabhakti à colorisation complète, partout ailleurs le modifieur modérant se prononce wax ; même dans la locution tra-walc’h, majoritaire hors Léon (NALBB: 41). La carte 301 du NALBB donne un distribution de falc’h semblable à celle que nous avons donné pour yalc’h (bien qu’il donne toujours la prononciation du ‵voyelle épenthétique′ à syllabe réduite *ˈfalᵊx, sans aucun exemple de ce même voyelle à syllabe complète *ˈfaləx). |
↑12 | Ce sont là, bien sûr, les interprétations plus abstraites de la différence entre ‵phonémique′ et ‵phonétique′ prônés par le linguiste américain Kenneth Pike (1954) avec maintes applications en dehors de la linguistique. |
↑13 | Nous soupçonnons que le [gw] devant voyelle antérieure dans le Léon avait une qualité palatalisée s’approchant à [gɥ] il y a quelques génerations auparavant. La diffusion des réalisations de gwenn ‘blanc’ par l’ALBB (290) semble nous donner raison puisque on trouve : gẅĕ̀n (Basse-Cornouaille, Crozon & Ouessant) contre gwĕ̀n (Trégor) mais gᴔˬĕ̀n dans le Léon et le Na-Leon-na-Kerne. Dans notre système transcriptionnel cela donne gɥɛn pour la Basse-Cornouaille et gwɛn pour le Trégor, mais le son léonard représenté par le symbole transcrit [gᴔˬ] par l’ALBB (avec une brève souscrite [ˬ] sous le [ᴔ] que nous ne pouvons pas reproduire ni le combiner) est une réalisation approximativement intermédiaire entre [w] et [ɥ]. Le NALBB (492) donne [gw] indifféremment pour gwer ‘verres’ dans le Léon comme dans le Trégor et tout ces éléments nous portent à croire qu’une prononciation palatalisée de quelque sorte était plus prévalente dans le temps dans le Nord-Ouest bretonnant mais que cette prononciation s’est dépalatalisée depuis le XIXe siècle. Des mots écrits comme skuiz, kuit en KLT (le HLBI préfère skwiz, kwit) nous incitent à y voir la survivance d’une palatalisation semblable de w devant une voyelle antérieure, mais la carte 445 pour skwiz du NALBB nous montre une situation mélangée dans le Léon avec une prépondérance de skwi·z dans le Haut-Léon et de skɥi·z dans le Bas-Léon, ce qui va dans le sens d’une retraite des formes palatalisées de ce mot. |
↑14 | Si, globalement, le breton moderne (sans oublier les déviations selons les sytèmes orthographiques) préfère écrire les occlusives finales par une forme lénis due à la dérivation et en référence à la longueur de la voyelle – voir Wmffre (2007: 513–27) – les formes officielles des noms et toponymes, gardent une forme fortis donnant une dérivation toute contraire (exx. Coat – Coadic – Coadigou pour le breton modern Koad – Koadig – Koadigou). |
↑15 | Si l’on dit o sad sans néolénition dans l’extrême nord-ouest du Bas-Léon, on trouve, par contre, la néolénition se trouve dans la médiale seghor (litt. sec’hor). |
↑16 | On remarquera, peut-être, que l’infinitif récesser est extrêmement rare en français, au point de paraître comme entrée dans Le dictionnaire des verbes qui manquent (2010) écrit par un collectif anonyme qui contribuaient au site internet du même nom. Nonobstant cela ce verbe est attesté dans un texte datant de 1789 concernant les Etats Tiers du pays Liège en Belgique s’adressant aux deux autres assemblées représentatives de ce pays en ces termes : “qu’il soit communiqué avec le présent recès aux Seigneurs des deux autres Corps [représentatifs] en les requérant de récesser en conséquence.” [anonyme. 1790. Staatsschriften ueber die Luetticher Revolution und Executionsfache. (Ulm: Stettinischen Buchhandlung), 138-39] (On reconnaîtra aisement l’équivalence de recès – terme français d’ailleurs bien connu – au terme anglais politique recess d’origine française qui se refère aux ‘suspension’ d’une audience juridique ou d’un parliament, et que récesser dans ce texte belge de 1789, aussi bien que ‘suspendre’ peut se traduire ‘retirer (pour un laps de temps)’). |
↑17 | Pour les effets de sandhi chez les polysyllabes (un peu différent), voir ‵pausale′. |