Les 38 tomes projetés du HLBI sont numérotés dans un sens qui va du nord-ouest au sud-est en gardant la consécutivité des numéros relatif aux diocèses bretonnes qui sont les provinces traditionnelles en Basse-Bretagne. Nous avons donc les tomes : 1–7 constituant le Léon (7 tomes) ; 8–15 constituant le Trégor (8 tomes) ; 16 constituant le Goëlo bretonnant (1 tome) ; 17–30 la Cornouaille bretonnante (14 tomes) 1Avec les réserves suivantes dues à des considérations de géographie : la partie léonarde de la commune de Morlaix incluse dans le tome 8 ; la commune trégorroise de Lohuec incluse dans le tome 19 ; et les communes du canton trégorrois de Bourbriac incluses dans le tome 22 ; 31–38 le Vannetais bretonnant (8 tomes).
Les communes notées sur cette carte sont les communes administratives d’environ 1950. Pour voir une liste de ces communes par tome, voir sous 7.01. Pour des raisons de cohérence géographique nous avons soutiré pour en faire des ‘communes’ honorifiques du HLBI : les Sept-Îles de la commune de Perros-Guirec ; le Plateau de la Méloine de ses associations avec la commune de Plougasnou ; l’Île Callot de la commune de Carantec ; St-Thomas-de-Landerneau de la commune de Landerneau ; l’enclave de Lomergat de la commune d’Argol ; les Îles de Glénan de la commune de Fouesnant ; St-Avit-de-Quimperlé de la commune de Quimperlé ; St-Caradec-de-Hennebont de la commune de Hennebont ; Stival de la commune de Pontivy.
Deux tomes additionnels sont prévus qui traiteront la frange de communes ex-bretonnes de la limite linguistique (tome 39), les communes ex-bretonnes de la Basse-Vilaine, le Pays de Guérande, ainsi que l’Île-d’Yeu en Vendée (tome 40). Le tome 40 traitera aussi les versions bretonnes traditionnelles de toponymes en Haute-Bretagne, ceux de la France et d’ailleurs, ainsi que les toponymes astronomiques bretons et les toponymes imaginaires bretons ; le tout constituant, en quelque sorte, une ‘cosmologie’ des Bretons (bretonnants).
Nous qualifions la frange de communes bordant la Basse-Bretagne du XXe siècle qui ont une majorité de noms de hameaux en kêr plutot que ville – son équivalent français – comme des communes ‘récemment’ bretonnantes ; et par ‘récentes’ nous entendons la période post-médiévale allant de 1500 à 1900 (et même exceptionnellement jusqu’aux années 1970 dans le cas de Bourg-de-Batz en Loire-Atlantique). La nature contemporaine non-bretonne de ces communes nécessite une approche plus qualifiée par nous quant à la bretonnisation des entrées, mais la similitude de la toponymie des ces communes à leurs voisines bretonnants nous autorise – nous le pensons – à la gageure de ressusciter leur formes bretonnes modernes en suivant les conventions orthographiques KLT pour celles au nord de Mûr et en conventions orthographiques vannetaises pour celles au sud de Mûr (incluant Mûr, Saint-Guen et Le Quillio). Bien sûr, en dehors des districts bretonnants il devient délicat de cerner la frontière entre les domaines écrites du breton vannetais et du breton KLT (et notons que, bien qu’ils se trouvent dans l’évêché de Cornouaille, les communes de Mûr, Saint-Connec, ainsi que les autres communes toujours bretonnantes bordant le Blavet jusqu’à Pontivy (Neuillac, Kergrist) avaient – ou ont – une langue de type haut-vannetais). Phonétiquement, Caurel est du type intermédiaire KLT (pluriels en –aou ou –eo), tandis que Mûr est du type haut-vannetais (pluriel en –eù). En se pointant vers l’est, il semble que nous ne pouvons mieux faire que de prendre la haute crête qui va de Caurel à l’Oust pres d’Uzel pour limite ‘orthographique’ entre le KLT et le vannetais. Cette haute crête n’est coupée qu’aux gorges de Poulancre (St-Gilles-Vieux-Marché), dont la forme bretonne Poullaynk a été recueillie à Saint-Mayeux.
En allant plus à l’est dans le Pays Gallo dans le Diocèse de Saint-Brieuc, le choix entre les deux orthographies ‘régionales’ du breton ne peut plus se justifier en termes d’objectivité, prenons Lillemer, commune près de Dol en Ille-et-Vilaine, il s’agit d’une francisation bâclée de ce qui peut s’écrire an Enezveur en KLT ou en Inizvêr en vannetais, des choix orthographiques qui ne représentent pas le breton parlé de cette contrée située si loin à l’est puisque la langue celtique a dû s’éteindre dans cette région avant le milieu du XIIIe siècle. On pourrait dire le même des versions bretonnes (toujours existantes) pour la ville de Rennes ; lequel des préservations contemporaines du nom est à préférer, le KLT Roazon ou le vannetais Roan (et même Roèon) ? Au XIIe siècle, sans doute la dernière fois le breton se parlait comme langue véhiculaire dans l’arrière-pays de Rennes (mettons, pour l’exemple, le district de Montfort-sur-Meu), il est certain que le toponyme se prononçait quelque chose comme *Roedhon que nous tenterons de réstituer phonétiquement approximativement comme *roeˈðo·n. Les formes écrites bretonnes du HLBI tentent de s’approcher de la variante parlée et les traditions graphiques qui lui sont associées sur un territoire ciblé. Le lecteur pourra réfléchir à ce que cela veut dire pour ce qui est de l’usage officiel du breton dans la Bretagne contemporaine (faut-il uniformiser la langue à tout prix ? faut-il tenir compte des variantes historiques et/ou dialectales ? aussi bien que la question : où compromettre entre les deux objectifs qui ont leur raisonnements à eux ?). Le HLBI peut apporter ses analyses et ses propositions – données à l’appui – à tel débat, mais il est illusoire que de penser qu’il existe un seul principe qui peut régir la façon dont on écrira les toponymes bretons dans cette langue.2Malgré leur inadaptation à communiquer la forme correcte des toponymes bretons, beaucoup penseront que les formes françaises officielles des toponymes bretons ont du moins l’avantage de présenter une uniformité consensuelle. Mais si on prend la peine de regarder de plus près, une uniformité invariable des toponymes bretons en français est très loin d’être établie pour la majorité de ces toponymes … .
La disparition (et meme l’origine) du breton dans l’Île-d’Yeu reste un mystère bien que le nombre des hameaux en kêr plaide pour un statut ‘quasi-bas-breton’ pour cette île si séparée des autres régions bretonnantes (nous espérons que des recherches dans les archives historiques pourront éclaircir les origines de ce qui semble avoir été une colonie bretonne datant du bas Moyen Âge).
POSTÉ août 2020 (adds. mars 2022)
Notes
↑1 | Avec les réserves suivantes dues à des considérations de géographie : la partie léonarde de la commune de Morlaix incluse dans le tome 8 ; la commune trégorroise de Lohuec incluse dans le tome 19 ; et les communes du canton trégorrois de Bourbriac incluses dans le tome 22 |
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↑2 | Malgré leur inadaptation à communiquer la forme correcte des toponymes bretons, beaucoup penseront que les formes françaises officielles des toponymes bretons ont du moins l’avantage de présenter une uniformité consensuelle. Mais si on prend la peine de regarder de plus près, une uniformité invariable des toponymes bretons en français est très loin d’être établie pour la majorité de ces toponymes … . |