Conventions des transcriptions phonétiques employées
CONSONNES
Quand les consonnes ci-dessous se trouvent appariées, la première est la version FORTIS (ꜰ) et la deuxième la version LÉNIS (ʟ) (dans deux instances – les aspirées et les fricatives labiodentales – nous avons une tripartition plutôt qu’une bipartition avec une réalisation intermédiaire qui n’est ni fortis ni lénis, qu’on a désignée MÉDIUS (ᴍ)).
Occlusives
[ k / g ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) l’occlusive vélaire sourde / (ʟ) l’occlusive vélaire sonore. |
[ kʲ / gʲ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) l’occlusive vélaire palatalisée sourde / (ʟ) l’occlusive vélaire palatalisée sonore. CODAGE. Unicode 02B2 = [ ʲ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Cette palatalisation légère des occlusives vélaires semble être plus commun là où les régions de palato-chuintement entrent en contact avec les parlers au nord-ouest qui ne palatalisent point les vélaires antérieures. |
[ c / ɟ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) l’occlusive palatale sourde / (ʟ) l’occlusive palatale sonore. Autrement : ‵dorso-palatale′ (angl. dorsal-palatal) ou ‵occlusive alvéolaire palatalisée′ [Humphreys 1995: 178]. CODAGE. Unicode 025F = [ ɟ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Il vaut la peine de le souligner, encore, que les symboles /c/ɟ/ employés dans le NALBB recouvrent une gamme de palato-chuintement allant de [kʲ/gʲ] à [c/ɟ], puis à [ȶɕ/ȡʑ], puis à [tʃ/dʒ]. La diffusion géographique de ces variantes de palato-chuintement est loin d’être établie, mais il est clair que [c/ɟ] et [ȶɕ/ȡʑ] sont typiques de la Cornouaille (sans qu’il soit facile de distinguer les deux principales variantes cornouaillaises étant que l’affrication peut s’avérer très légère) et que [tʃ/dʒ] est typique (et restreint) au Vannetais. Les occlusives palatales propres [c/ɟ] sont des consonnes à la limite entre les articulations consonantiques dentales (situées vers l’avant) et les articulations consonantiques vélaires (situées vers l’arrière). Il sont tout aussi difficiles à cerner comme étant dentales ou vélaires ce qui explique des confusions entre ces classes de consonnes en position finale exemplifiées par des instances du breton du Poher : np. Annayg > Nayg > Nayt ; treyd > treyg ‘pieds’ ; Peurid > Peurig (Spézet 29).1Des telles confusions entre dentales et vélaires ne sont pas réservées aux occlusives palatalisées en position finale mais aussi aux dentales et vélaires non-palatalisées en position finale quand elles ne sont pas sous l’accent, donc nous entendons chez certains informateurs du Poher des variantes comme : Skrinyed < Skrinyeg (= Scrignac, Finistère) ; Speyeg < Speyed (= Spézet, Finistère). |
[ ȶ / ȡ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) l’occlusive dentale palatalisée sourde / (ʟ) l’occlusive dentale palatalisée sonore. CODAGE. Unicode 0236 = [ ȶ] / Unicode 0221 = [ ȡ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Si nous avons reconnu l’utilité de transcrire les occlusives dentales palatalisées [ȶ-ȡ] – on pourrait écrire [tʲ-dʲ] – pour le gaélique irlandais, la différentiation entre [c-ɟ] et [ȶ-ȡ] nous semble trop minime pour être utile dans le contexte breton et nous recouvrons [c-ɟ ~ ȶ-ȡ] sous la seule symbolisation [c-ɟ]. En breton, ces sons semblent se trouver distinctment seulement dans des suites affriquées [ȶɕ/ȡʑ] qui en majorité sont dérivés de [c/ɟ] palatalisés, exx. : Kervorvan ȶɕɛꝛˈvɔꝛvᵊn | ar Gernê əˌȡʑɛꝛˈne. Les régions où l'on trouve de telles prononciations sont surtout le pourtour du Pays vannetais (Pays Fanch, Poher, la vallée de l'Ellé). L'autre source de ces mêmes suites affriquées contenant [ȶ/ȡ] est la classe de mots d’emprunts du français : kartyel ˈkaxtjəl ~ kartyer ˈkaxtjəꝛ | antyer ˈɑ͂ntjəꝛ (originaux français : quartier, entier) qui - dans le Poher, du moins - se prononcent ˈkaꭗȶɕᵊl ~ ˈkaꭗȶɕᵊꝛ | ˈɑ͂ꬼȶɕᵊꝛ. |
[ t / d ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) l’occlusive dentale sourde / (ʟ) l’occlusive dentale sonore. |
[ p / b ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) l’occlusive bilabiale sourde / (ʟ) l’occlusive bilabiale sonore. |
[ ˀ ] | ÉTIQUETTE. (ꜰ) l’occlusive glottale (sourde). Autrement : Téchniquement décrite comme ‵coup de glotte′ (angl. glottal stop) qui se transcrit avec le symbole [ʔ]. CODAGE. Unicode 02CO = [ ˀ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Le son qu’on trouve en breton ressemble à l’occlusive glottale qui se trouve dans l’anglais britannique parlé, ex. what ? wɔˀ ? (et généralement à la finale et à l’intermédiale en cockney londonien, exx. : cat kʰæˀ | better bɛˀɐ),2J’adhère à priori aux conventions établies par Geoff Lindsey pour transcrire les voyelles anglaises (voir ses blogs ‘Standard Southern British: vowel symbols’ datant de 2015 et The British English vowel system’ datant de 2012). et en français surtout comme marque d’insistance pour marquer la disjonction, ex. là haut ! la ˀo, et à l’initiale dans certaines exclamations, ex. hé ! devient ˀe quand on met l’emphase. Nous ne trouvons de son semblable en breton qu’en finale absolue accentuée suivant les nasales [n-ŋ-ꬼ-m], exx. : hent hɛ͂nˀ | stank stɑ͂ŋˀ | kambr kɑ͂mˀ | eint (litt. int) ɛ͂ɲˀ (prononciations centre cornouaillais), où il est clair que l’occlusive glottale provient à l’origine de la réduction de consonnes occlusives, remplaçant une occlusivité au niveaux dentales [t], vélaires [k], labiales [p], pour les remplacer par une occlusivité au niveau glottal. Leur existence n’est pas évidente des descriptions scientifiques de parlers bretons et sans donc pouvoir parler de leur ubiquité en breton nous savons par expérience qu’ils existent partout dans le centre Cornouaille et pensons qu’elles sont déguisées dans les transcriptions qui mettent en suscrit ou entre parenthèses une consonne finale telles que : ♦ hénᵗ (637) | po͂nᵗ (772) | ka͂mᵖ (654) par Favereau (1984) ; ♦ lˌošəʳpˈo͂nᵗ | po͂n stɑ͂ŋᵏ par Humphreys dans ses transcriptions de terrain (années 1970) ; ♦ pôn(t) (102) par Plourin (1982)3En regard de ses conventions phonémiques pour /nt/ et /mp/ en finale accentuée, Plourin précise [1982: 6–7] que “la plosive finale ne s’entend habituellement pas, surtout à Langonnet, mais réapparait lorsque l’on rajoute une désinence;” et de conclure “[qu’]il vaut donc mieux la maintenir dans la transcription phonémique.” ; ♦ ka͂m(p) (205) | ka͂n(t) (256) par Plonéis (1983a). Une distribution positonnelle semblable de l’occlusive glottale se trouve pour le réputé stød du danois et dans le gaélique du Donegal. Une incertitude semble planer sur la nature exacte de ce son et de son rapport avec l’aspirée sourde [h] ; nous avons vu employer le symbole affriqué [ʔ͡h]. Ce qui nous a incité à transcrire le symbole [ˀ] – comme on le fait pour le danois (mais peut-être pour des raisons différentes) – est le fait de sa nature évanescente en breton conditionnée par des contextes pausaux ou non-pausaux. |
Fricatives (Aspirées, Chuintantes, Sifflantes)
[ h / ɦ / Ø ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) l’aspirée forte / (ᴍ) l’aspirée modérée / (ʟ) ‘le non-aspiration’. [Expliquer la tripartition] CODAGE. Unicode 0266 = [ ɦ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ces ‵aspirées′ sont diversement décrites par les phonéticiens, et l’étiquette ‵fricatives glottales′ est communément adopté bien que cette dénomination soit très contesté. En fait le [h] est une aspirée sourde (phonologiquement fortis) qui se distingue de [ɦ], une aspirée modérée (mi-sourde mais phonologiquement lénis). Une version sonore de l’aspirée équivaudrait à plus ou moins rien [Ø] bien que les descriptions phonétiques qu’on trouve communément assignent une valeur ‘sonore’ à [ɦ]. La tripartition des consonnes aspirées sur l’échelle fortis/lénis [h-ɦ-Ø]) nous rappellent la tripartition des fricatives labiodentales en breton sur cette même échelle [f-ꝩ-v] (et nous rappellent aussi que l’API n’a pas encore enregistrée l’existence du phonème /ꝩ/ avec un symbole phonétique), voir ci-dessous. |
[ χ / ʁ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la fricative uvulaire sourde / (ʟ) la fricative uvulaire sonore. CODAGE. Unicode 03C7 = [ χ ] / Unicode 0281 = [ ʁ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Le [ʁ] pour r doit exister partout où le [r] d’origine à cédé sa place récemment à une gutturale (mais de par son acceptation générale n’est pas considérée une francisation outrée). Ce changement de prononciation d’une rhotique à une gutturale qui a accompagné la connaissance plus généralisée du français depuis la fin du XIXe siècle (mais qui n’est pas une francisation outrée) s’est produit surtout au cours du XXe siècle. La seule région où le [ʁ] ne s’entend pas (traditionnellement) est le cœur de la Cornouaille, de Carhaix à Penmarch, où la rhotique d’origine semble avoir été remplacée par une fricative vélaire [ɣ] faible plus tôt que la scolarisation généralisée entamée dans les années 1880 et semble indépendant des évolutions semblables en français. Quant à la variante sourde uvulaire [χ], il semble très peu usitée en breton ce qui n'est pas surprenant du fait que l'origine du c'h est bien vélaire. Il se peut qu'on puisse entendre [χ] pour [x] dans certains parlers en registre emphatique (puisque les prononciations des uvulaires fricatives sont plus 'fortes' que celles des vélaires fricatives) mais le [χ] pour [x] est surtout le marqueur du néo-breton et peut-être celle de certains bretonnants devenus pédagogues à plein temps qui adoptent une prononciation qui se veut claire (il reste à établir ce dernier point pour le moment). Le [ʁ] semble être un son d’origine française et est typique de la prononciation bretonne des néo-bretonnants contemporains, mais la question de la qualité du r français est plus compliquée qu’une simple identification du r avec une fricative uvulaire sonore. Il semble que le fricative vélaire sonore [ɣ] existe bien aussi pour le r en français (et cela depuis longtemps), mais que la version bien énoncée favorisée à l’école à été la fricative uvulaire [ʁ] (et avant cela le roulement uvulaire [ʀ] à la fin du XIXe siècle (voir Y.-C. Morin 2005)). Le consensus semble loin d’être établi quant à l’évolution historique phonétique du r en français mais il semble clair qu’une identification simple du son contemporain avec [ʁ] cache des réalités de variations importantes. |
[ x / ɣ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la fricative vélaire sourde / (ʟ) la fricative vélaire sonore. CODAGE. Unicode 0263 = [ ɣ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Faisant partie de la catégorie des fricatives ‵gutturales′, le [ʁ] uvulaire doit exister partout où le [r] roulé d’origine à cédé sa place récemment à une réalisation fricative, un changement produit depuis la fin du XIXe siècle comme nous l'avons vu, ci-dessus. La seule région où le [ʁ] ne s’entend pas est le cœur de la Cornouaille, de Carhaix à Penmarch, où la rhotique d’origine semble avoir été remplacée par une fricative vélaire [ɣ] faible plus tôt que la scolarisation généralisée entamée dans les années 1880 et semble indépendant des évolutions semblables en français. Le [ɣ] pour r semble être typique du breton cornouaillais (du moins à l’initiale) là où on n’a pas recensé une rhotique dans le breton au XXe siècle. Ce qui plus est il semble s’être propagé du cœur de la Cornouaille (l’axe Carhaix-Penmarch) dans des régions à rhotiques avoisinantes, principalement vers le Trégor dans la direction de la route royale au nord de Guerlesquin, et vers la vallée de l’Ellé jusque dans le Pays Pourlet. Le [ɣ] du breton cornouaillais s’emploi pour r à l’initiale, tandis que post-vocaliquement (à la finale, à l’intervocalique, au début d'une groupe consonantique) il cède sa place à son allophone approximant [ꝛ], donc des mots comme rêr (litt. reor), kurun, bern se prononcent ɣɛ·ꝛ, ky·ꝛᵊn, bɛꝛn plutôt que *ɣɛ·ɣ , *ky·ɣᵊn , *bɛɣn . Pour ce qui est de la variante fortis [x], sa provenance historique est différente de la variante lénis [ɣ] mais il semble que elle aussi - du moins dans le centre Cornouaille - sur le modèle de son pendant lénis [ɣ] s'est refaçonnée en une approximante [ꭗ] dans les memes contextes positionnels que l'allophone approximant [ꝛ]. ba Leuc'han (Tourc'h) |
[ ꭗ / ꝛ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) l’approximante vélaire sourde / (ʟ) l’approximante vélaire sonore. CODAGE. Unicode AB57 = [ ꭗ ] / Unicode A75B = [ ꝛ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. L'approximante vélaire sourde [ꭗ] est un allophone de [x] qu'on entend post-vocaliquement (à la finale, à l’intervocalique) – du moins dans le centre Cornouaille. L'approximante vélaire sonore [ꝛ] qu'on entend post-vocaliquement (à la finale, à l’intervocalique) dans la majeure partie de la Cornouaille et dans les régions limitrophes du Pays Pourlet et du Trégor est un allophone de la fricative vélaire [ɣ]. Sa qualité peut varier, et il se peut que cette approximante s'est mêlée à d'autres approximantes provenant de réalisations lâches du r-roulé dans le Trégor comme [ʀ, ɽ]. Plus qu'aucune qualité due au point d'articulation (vélaire, uvulaire, post-alvéolaire), le trait saillant de l'approximante [ꝛ] est sa faible frication qui désigne toute variante de sa réalisation comme constituant le même développement phonétique dans une bonne partie de la Basse-Bretagne. La faible frication de [ꭗ/ꝛ] qui les rapproche de [h/ɦ] doit expliquer ce qui s'est passé pour le c'h et le gh initial en breton dans la plupart des dialectes bretons puisque la réalisation majoritaire de ces fricatives vélaires à l'initiale est devenue [h], son qui n'est pas lénis, n'en déplaise à l'analyse avancée par Falc'hun dans les années 1950. L'approximante vélaire [ꭗ] se trouve dans beaucoup de langues, par exemple en polonais ou le digramme ch se prononce [ꭗ] devant voyelles postérieures. Le linguiste-anthropologue américaniste Kroeber (1911: 11) notait : “Dans de nombreuses langues, il est prononcé avec un certain rétrécissement du canal vocal, à quel point on n’est pas sûr, mais qui fournit une perception à l'oreille et, en même temps, un rapprochement de qualité fricative que l'on ne trouve pas dans le h de l'anglais. D'où une incohérence orthographique considérable - non sans justification - entre h et x dans de nombreux vocabulaires et textes. Cette qualité quasi-fricative apparaît dans le h des Hupa, Kato, Yuki, Yana, Costanoan, Paiute, Salinan, Mohave, Papago. / In many languages this is pronounced with a certain amount of narrowing of the air-passage, at what point is not certain, but giving a perceptibility to the ear, and at the same time an approach to fricative character, not found in English h. Hence a considerable and not altogether unjustified inconsistency of orthography between h and x in many vocabularies and texts. This quasi-fricative quality appears in the h of Hupa, Kato, Yuki, Yana, Costanoan, Paiute, Salinan, Mohave, Papago.” L’API emploi les symboles [ɰ̊/ɰ] pour désigner les approximantes vélaires. L'usage de ce symbole [ɰ] par l'API nous semble mal choisie pour désigner une fricative et nous lui réservons un emploi comme pendant semi-vocalique à la semi-voyelle [ɯ] (la haute voyelle postérieure étirée), un son qu'on trouve dans le gaélique du Donegal. A cause de ceci, nous préférons employer [ꭗ/ꝛ], des symboles plus intuitifs pour marquer ces approximantes vélaires. |
[ ç / ʝ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la fricative vélaire palatalisée sourde / (ʟ) la fricative vélaire palatalisée sonore. CODAGE. Unicode 00E7 = [ ç ] / Unicode 029D = [ ʝ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Il semble que dans le cas du couple [ç/ʝ] il n’est pas aisé de séparer une articulation palatovélaire d’une articulation palatale, et que dans beaucoup de langues les symboles transcrits [ç/ʝ] ont tendance à se prononcer [j̊/j] (irlandais, allemand) ou [ɕ] ou [ʃ] allemand. |
[ ɕ / ʑ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la chuintante palatalisée sourde / (ʟ) la chuintante palatalisée sonore. Autrement : Téchniquement décrite comme ‵fricative alvéolo-palatale′ (angl. alveolo-palatal fricative). CODAGE. Unicode 0255 = [ ɕ ] / Unicode 0291 = [ ʑ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce sont les chuintantes ‘molles’ du polonais (ś/ź) et du mandarin (x). Des sons qu’on trouve en breton surtout dans le contexte de la suite affriquée des groupes consonantiques [ȶɕ-ȡʑ] qui représentent : (1) l’affrication de t dans certains mots d’emprunt (exx. kartyel kaꭗȶɕᵊl ~ kartyer kaꭗȶɕᵊꝛ, antyer ɑ͂nȶɕᵊꝛ); et plus communément (2) l’affrication de k-g dans la partie nord de la zone de palato-chuintement (Pays Fanch, Poher). Autrement, on trouve la chuintante palatalisée sourde [ɕ] pour s devant les k-g palatalisés dans la partie nord de la zone de chuintement (Pays Fanch, Poher). Ces s devenus chuintantes palatalisées s’écrivent mimétiquement ch (qui est, à vrai dire, une approximation du son), exx. : Roskijo ~ Rochkijo ɣɔˈɕtɕi·ʒʊ (Poullaouen 29) | Rochkelven ~ Rhochkelven xoˈɕȶɕɛlvᵊn (Glomel 22). Son emploi hors du contexte des affriquées est très restreint, il semble être prédécesseur des [ʃ] qui représentent la spirantisation de k-palatalisé dans l’Entre-Odet-et-Ellé, typiquement : (ar) che(r)zeg ˈʃeꝛzᵊg ~ ˈʃe·zᵊg ‘les chevaux’ | (ar) c’hi ʃi ‘le chien’, etc. On a pu entendre ar c'hezeg à Scaër – une fois, du moins, – comme ’chyer(zeg) ˈɕeꝛ(zᵊg) dans la phrase o harpa ar c’hezeg (littéraire), tronquée en ’harp’ ’chyer’ haꭗp ˈɕeꝛ dû au débit du discours (nous avons répété ’chyer’ trois fois dans l’extrait sonore et fourni la phrase entière pour qu’on entende l'extrait en contexte) : 'chyer' (3x) & ma zigoee ga ’min, vie … – eu ... harp’ ’chyer’ – vie zäed ’n âr ‘si elle s'achopait sur une pierre, on … – euh ... bloquant les chevaux – on levait la charrue’ |
[ ʃ / ʒ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la chuintante sourde / (ʟ) la chuintante sonore (angl. shibilants). Autrement ces sons sont téchniquement décrites comme ‵fricatives palato-alvéolaires′ (angl. palato-alveolar fricative). Le terme ‵apico-palatale′ [Le Pipec 2015: 322] n’a pas beaucoup d’usage et décrit la forme de la langue plutôt que son point d’articulation. CODAGE. Unicode 0283 = [ ʃ ] / Unicode 0292 = [ ʒ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce sont plus ou moins les chuintantes ‘dures’ du polonais (cz/rz), bien que ceux-ci plus récemment ont étés décrits comme ‵chuintantes rétroflexes′ [ʂ-ʐ] dans des ouvrages récents sur le polonais). |
[ s / z ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la sifflante sourde / (ʟ) la sifflante sonore (angl. sibilants). Autrement ces sons sont téchniquement décrites comme ‵fricatives alvéolaires′ (angl. alveolar fricative). |
[ θ / ð ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la fricative dentale sourde / (ʟ) la fricative dentale sonore. |
[ f / ỽ / v ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la fricative labiodentale sourde / (ᴍ) la fricative labiodentale modérée / (ʟ) le fricative labiodentale sonore. CODAGE. Unicode 1EFE [ ỽ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. La tripartition des consonnes labiodentales sur l’échelle fortis/lénis [f-ỽ-v] nous rappellent la tripartition des consonnes aspirées sur cette même échelle [h-ɦ-Ø], voir ci-dessus. La fricative labiodentale modérée (mi-sourde) [ỽ] existe seulement dans le Nord bretonnant (Léon, Trégor). Il est phonologiquement lénis. Notons que bien que le son [ỽ] soit reconnu des dialectologues du breton (quelques conventions déjà employées étant [hv], [f̌], [v̧]), mais l’API n’a pas encore enregistré son existence en lui accordant un symbole phonétique ; faute de mieux, nous avons adopté le symbole [ỽ]. |
[ ƕ / ʋ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) l'approximante labiodentale sourde / (ʟ) l'approximante labiodentale sonore. CODAGE. Unicode 0195 = [ ƕ ] / Unicode 0288 = [ ʋ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. L'approximante labiodentale sonore n'est pas un son représentatif à notre connaissance dans aucun dialecte breton mais se trouve parfois chez certains individus comme variante pour les r-roulés. On pourrait parler de défaut de réalisation, mais il ne semble pas que telle réalisation d'une approximante labiodentale – parmi les maintes réalisations des r en breton – soit perçue comme insolite chez les bretonnants au point d'y mériter une désignation propre. La réalisation d'une approximante labiodentale en gallois pour les r-roulés (tant sonores que sourdes) est courant chez nombre d'individus et peut se décrire comme bloesg 'flou, indistinct' ou tafod tew 'langue épaisse' (cette dernière locution étant confondue avec 'grasseyer' dans le gallois du nord). Notre emploi du symbole [ƕ] est certes innovatif mais se justifie suivant notre principe d'employer des symboles uniques au lieu du symbole correspondant à la sonore [ʋ̥] avec un diacritique indiquant une réalisation sourde. |
(Sonantes) Nasales
[ hn / n ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la nasale dentale aspirée / (ʟ) la nasale dentale (non-aspirée). |
[nn] | ÉTIQUETTE. (ꜰ) la nasale dentale longue. |
[ ɲ ] | ÉTIQUETTE. (ʟ) la nasale dentale palatale. CODAGE. Unicode 0272 = [ ɲ ]. |
[ ŋ ] | ÉTIQUETTE. (ʟ) la nasale vélaire. CODAGE. Unicode 014B = [ ŋ]. |
[ ꬼ ] | ÉTIQUETTE. (ʟ) la nasale vélaire palatalisée. CODAGE. Unicode AB3C = [ ꬼ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Il est déconcertant de constater que l'API n'a pas de symbole pour la nasale vélaire palatalisée. Encore plus déconcertant est que l'API classifie ce son par moyen du symbole [ɲ] qui représente aussi la nasale dentale palatale non-palatalisée. Ces deux sons sont pourtant bien connus comme phonèmes différents dans les langues gaéliques ; le contraste entre les deux sons est bien illustré par loinge lɪꬼə ‘vaisseau (gén. de long)’ et linne ȴɪɲə ‘avec nous (forme emph. de linn ȴɪɲ)’ dans le gaélique du Conamara.4Les transcriptions dans les conventions API des langues gaéliques sont respectivement (liŋgˊə) et (lˊiɴˊə). Des exemples de [ꬼ] dans la toponymie bretonne sont : Krehaynken kxɛˈhɑ͂ꬼcᵊn | Zaynt Koalâz zɑ͂ꬼkwaˈla·z. |
[ hm / m ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la nasale bilabiale aspirée / (ʟ) le nasale bilabiale (non-aspirée). |
[ mm ] | ÉTIQUETTE. (ꜰ) la nasale bilabiale longue. |
(Sonantes) Latérales
[ hl / l ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la latérale aspirée / (ʟ) la latérale (non-aspirée). |
[ ll ] | ÉTIQUETTE. (ꜰ) la latérale longue. |
[ ʎ ] | ÉTIQUETTE. (ʟ) la latérale palatalisée. CODAGE. Unicode 028E = [ ʎ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Plus pleinement ‵approximante latérale alvéolaire′. |
(Sonantes) Rhotiques
[ hr / r ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la vibration alvéolaire aspirée / (ʟ) la vibration alvéolaire (non-aspirée). Autrement, l’anglais trill et on le décrit parfois comme apical, adjectif qui décrit la partie de l'organe employé pour la constriction articulatoire, c.-à-d. la pointe de la langue. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. XXX |
[ rr ] | ÉTIQUETTE. (ꜰ) la vibration alvéolaire longue. |
[ hɾ / ɾ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) le battement alvéolaire aspiré / (ʟ) le battement alvéolaire (non-aspiré). Autrement : L’anglais tap ou flap. CODAGE. Unicode 027E = [ ɾ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Nous prônons d'éviter l'emploi du symbole [ɾ] pour le breton sauf peut-être dans des cas très particuliers. L'API distingue en fait le r-roulé à plusieurs battements avec [r] contre le r-'roulé' à un battement avec [ɾ]. Cette distinction dans l'usage des symboles est sans doute utile pour certaines langues5En français, l’existence autrefois d’un r-battu [ɾ] vs r-roulé [r] explique l’amuissement d’-er dans certains cas mais pas dans d’autres (Y.-C. Morin 2005: 13). mais nous préférons de symboliser cette différence par l'usage de [rr] pour le r-roulé avec plusieurs battements et [r] pour le r-'roulé' avec un battement (on a tendance de nos jours a parler de r-roulé et r-battu, ce qui explique notre emploi de guillemets sur 'roulé'). Cet usage nous permet de mieux cerner la symmétrie entre le r-long et les m-, n- et l-longs [mm-nn-ll]. Pour nous le [r] n'est que la version courte de [rr], ce qui se justifie historiquement. On a avancé que le simple battement alvéolaire est qualitativement différente du roulement alvéolaire [SOURCES], nonobstant ce point de vue qui doit avoir du mérite, il ne suffit pas - à notre avis - à justifier l'emploi d'un symbole nouveau, sans compter le dérangement d'employer un symbole rare à la place d'un symbole commun tout-à-fait recevable. |
[ ɻ ] | ÉTIQUETTE. (ʟ) l’approximante rétroflexe (non-aspirée). Autrement : L’anglais retroflex approximant. CODAGE. Unicode 027B = [ ɻ ]. |
[ ɽ ] | ÉTIQUETTE. (ʟ) le battement rétroflexe (non-aspiré). Autrement : L’anglais (post-alveolar) retroflex tap. CODAGE. Unicode 027D = [ ɽ ]. |
[ hʀ / ʀ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la vibration uvulaire aspirée / (ʟ) la vibration uvulaire (non-aspirée). Autrement : L’anglais uvular trill. CODAGE. Unicode 0280 = [ ʀ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Le [hʀ] doit être relativement rare. |
Palatales et palatalisées (placées sous leur appartenance articulatoire)
[ kʲ / gʲ ] | voir sous OCCLUSIVES ci-dessus. |
[ c / ɟ ] | voir sous OCCLUSIVES ci-dessus. |
[ ȶ / ȡ ] | voir sous OCCLUSIVES ci-dessus. |
[ ɕ / ʑ ] | voir sous FRICATIVES ci-dessus. |
[ ç / ʝ ] | voir sous FRICATIVES ci-dessus. |
[ ꬼ ] | voir sous NASALES ci-dessus. |
[ ɲ ] | voir sous NASALES ci-dessus. |
[ ʎ ] | voir sous LATÉRALES ci-dessus. |
[ ɥ ] | voir sous SEMI-VOYELLES ci-dessous. |
[ j ] | voir sous SEMI-VOYELLES ci-dessous. |
Semi-voyelles
[ hw / w ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la labiovélaire aspirée / (ʟ) la labiovélaire (non-aspirée). |
[ hɥ / ɥ ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la labiopalatale aspirée / (ʟ) la labiopalatale (non-aspirée). CODAGE. Unicode 0265 = [ ɥ ]. |
[ hj / j ] | ÉTIQUETTES. (ꜰ) la palatale aspirée / (ʟ) la palatale (non-aspirée). DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. XXX |
VOYELLES
[ i ] | ÉTIQUETTE. la voyelle haute antérieure étirée. |
[ ᴉ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle pré-haute antérieure étirée. CODAGE. Unicode 1D09 = [ ᴉ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Cette version plus abaissée de [i] se retrouve surtout en breton centre cornouaillais pour un i-final libre en contexte non-pluriel, p. ex. ar Gilli əˈgi·lᴉ (Poullaouen). Cette abaissement du i en syllabe finale est une réduction vocalique dû a l'accentuation pénultieme forte typique du breton de la Cornouaille. Il est le pendant – avec [ɪ] et [ɘ] – de la réduction des ou- et o-finaux libres qui donne [ʊ] et parfois [ʌ]. Nous avons précédemment (Wmffre 2013b) employé le symbole [ı] (Unicode 0131), mais vu la difficulté de distinguer ce symbole – surtout en caractère gras [ı] – avec la voyelle pré-haute médiale étirée [ɪ], nous nous sommes sentis obligés de l'abandonner. |
[ ɪ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle pré-haute médiale étirée. CODAGE. Unicode 026A = [ ɪ ]. |
[ e (= é) ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne-haussée antérieure étirée. Autrement : Le é-aiguë du français. CODAGE. Unicode 0065 = [ e ]. ÉQUIVALENCES = [ ẹ ] (NALBB 2001). DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Voir sous [ ꬳ ]. |
[ ꬳ (= è) ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne antérieure étirée. CODAGE. Unicode AB33 = [ ꬳ ]. ÉQUIVALENCES = [ e ] (NALBB 2001). DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Situé à mi-chemin entre le é-aigu et le è-grave du français et correspondant au e-polonais, le [ꬳ] en breton se lie à la différenciation systématique de 3 voyelles moyennes antérieures étirées /e-ꬳ-ɛ/ et a été signalé dans la plupart des dialectes septentrionaux du breton, du Léon au Goëlo, ainsi que dans la Basse-Cornouaille (de même, pour la différenciation de 3 voyelles moyennes postérieures arrondies, voir sous [ꝋ]). La réalité du terrain est sans doute plus compliquée ; dans le Poher (surtout les environs de Carhaix) et en Vannetais, on n’a – souvent – que le système à 2 voyelles moyennes antérieures étirées /e-ɛ/ (sans /ꬳ/). L’origine de [ꬳ], le degré moyen de e, semble liée surtout à la monophtongaison de la disyllabe ae du moyen breton, p. ex. moy-bret. maes > bret. moderne mêz ‘dehors’, le distinguant ainsi du moy-bret. mes > bret. moderne mez ‘gland’. Ce développement de la monophtongaison amenant à un troisième degré de e a accentué la hauteur du e-pré-existant en le poussant même parfois à i, donc, dans le Poher, par exemple, on trouve ji·ꝛ pour yer ‘poules’ contrastant avec ba-ꝛ ˈje·ꝛ pour ba’r yêr ‘à la maison’. Ceci semble suggérer une évolution non ‘achevée’ de la perte de distinction de la voyelle provenant d’une monophtongaison dans ces contrées (d’ailleurs là où la distinction tripartite des voyelles moyennes est toujours attestée, comme à Saint-Yvi (German 1984: 17, 36), où nous trouvons ker ke·ɐ ~ ki·ɐ s'opposant à kêr kꬳ·ɐ, la voyelle haussée de la variante ki·ɐ laisse ouverte la possibilité – en termes structurels – que la voyelle de kêr kꬳ·ɐ aurait pu aussi se hausser à *ke·ɐ. Ce qui n'est qu'une latence structurelle tendant vers le haussement dans le système vocalique du breton à Saint-Yvi a abouti à une convergence à Plounévézel, où il ne reste plus de distinction entre ker et kêr, tous deux étant prononcés ce·ꝛ. En fait, le degré de survivance d’une différenciation tripartite des e n’est pas chose aisée à démontrer dans certaines régions vu l’absence de descriptions poussées pour la plupart des dialectes bretons ainsi que dû au manque de cohérence des transcriptions phonétiques entre différentes descriptions dialectologiques où [e] peut parfois indiquer [e], parfois [ꬳ], voire même [e ~ ꬳ] sans aucune distinction. |
[ ɛ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne-abaissée antérieure étirée. Autrement : Le è-grave du français. CODAGE. Unicode 025B = [ ɛ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Voir sous [ ꬳ ]. |
[ æ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle basse-haussée antérieure étirée. CODAGE. Unicode 0230 = [ æ ]. |
[ ᴀ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle pré-basse médiale étirée. CODAGE. Unicode 1D07 = [ ᴀ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Cette innovation graphique d'un son par nous est sensée représenter plus correctement la réalisation française du /a/ face à la réalisation bretonne du /a/ (différence qui se retrouve du moins entre le KLT central vis-à-vis du français standardisé). Quand bien même que nous n’avons pas lu d’une telle différence de qualité vocalique entre les deux langues dans la littérature scientifique, nous avons pris conscience de cette différence après avoir remarqué la prononciation de mots bretons en /a/ par des francophones. Le [ᴀ] français se caractérise par l’étiration des lèvres, tandis que le [a] qui est typique en breton, comme en anglais, par exemple, se caractérise par des lèvres beaucoup plus lâches. Le fait qu’une certaine tradition phonétique normative du breton transcrit les /aː/ longs automatiquement comme /ɑː/ ne dit rien quant à la qualité particulière du a-breton vis-à-vis celle du a-français moderne standard. |
[ a ] | ÉTIQUETTE. la voyelle basse médiale (neutre) (≠ exactement le a-antérieur-étiré de l’API). |
[ ɐ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle basse-haussée médiale (neutre) centralisée. CODAGE. Unicode 0250 = [ ɐ ]. |
[ ɑ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle pré-basse médiale (neutre) (≠ ɑ-postérieur-étiré de l’API). CODAGE. Unicode 0251 = [ ɑ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Le [ɑ·] long est typique pour le breton de la Bigoudénie et du Cap Sizun – s’approchant même de [ɔ] avec la réalisation [ɒ·] dans le nord du Cap Sizun – il n’est typique nulle part ailleurs dans le pays KLT (voir le NALBB [572] pour tad). Les quelques instances ici et là d’une réalisation tɑ·d en dehors de la Basse-Cornouaille indiquées par le NALBB, rejoignent les collectes toponymiques de Madeg qui montre les réalisations en [ɑ·] comme variantes – plutôt minoritaires – de réalisations en [a·] dans le Léon (voir aussi les propos de Madeg [2010a: 24] concernant l’enseignement de la qualité [ɑ·] aux apprenants pour le a-long breton du Léon et des régions contigües, graphie qu’il ne semble approuver que tièdement). Pour l’instant, puisque nous n’avons pas proprement entendu cette qualité évidemment plus retractée du a-long dans le breton léonard, nous ne pouvons pas être sûrs qu’elle atteint le même degré de rétraction que le [ɑ·] bigouden ; nous soupçonnons qu’il ne le fait pas (en se souvenant que le a-breton est globalement moins avancé que le a-français moderne standard, voir sous [ᴀ], ci-dessus). Nous ignorons exactement comment une certaine tradition phonétique normative du breton est venu à transcrire les /a·/ longs automatiquement comme /ɑ·/ (où plutôt /ɑː/, si on se tient à leurs conventions). Il se peut que les instances de [ɑː] longs cités ci-dessus ont joué un rôle, mais il se peut aussi qu’il y ait eu une volonté ‘structurelle’ de démarquer les a-longs et -courts par l’emploi d’une graphie distinctive. |
[ ɒ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle basse-haussée postérieure (neutre) (≠ ɒ-postérieur-arrondi de l’API). CODAGE. Unicode 0252 = [ ɒ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce symbole n’est pas équivalent au même symbole de l’API qui, lui, a été critiqué de front par le phonéticien britannique Geoff Lindsey. |
[ ɔ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne-abaissée postérieure arrondie. CODAGE. Unicode 0254 = [ ɔ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Voir sous [ ꝋ ]. |
[ ꝋ (= ò) ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne postérieure arrondie. CODAGE. Unicode A74B = [ ꝋ ]. ÉQUIVALENCES = [ o ] (NALBB 2001). DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Semblable au o du français standard dans pot, rose, etc., où au o-polonais, le [ꝋ] en breton se lie à la différenciation systématique de 3 voyelles moyennes postérieures arrondies /o-ꝋ-ɔ/ et a été signalé dans la plupart des dialectes septentrionaux du breton, du Léon au Goëlo, ainsi que dans la Basse-Cornouaille (de même, pour la différenciation de 3 voyelles moyennes antérieures étirees, voir sous [ꬳ]). La réalité du terrain est sans doute plus compliquée ; dans le Poher (surtout les environs de Carhaix) et en Vannetais, on n’a – souvent– que le système à 2 voyelles moyennes antérieures étirées /o-ɔ/ (sans ꝋ). L’origine de [ꝋ], le troisième degré de o, semble liée surtout à la monophtongaison du disyllabe ao du moyen breton, p. ex. moy-bret. taul, bret. litt. taol > dialectes centraux du bret. moderne tôl ‘table’, le distinguant ainsi du moy-bret. sol > bret. moderne sol ‘poutre, plafond’. Ce développement de la monophtongaison amenant à un troisième degré de o a accentué la hauteur du o-pré-existant en le poussant même parfois à ou, donc, dans le Poher, par exemple, sku·l pour skol ‘école’ contrastant avec ko·l pour kaol ‘choux’. Ceci semble suggérer une évolution non ‘achevée’ de la perte de distinction de la voyelle provenant d’une monophtongaison dans ces contrées. Le degré de survivance d’une différenciation tripartite des o n’est pas chose aisé à démontrer dans certaines régions vu l’absence de descriptions poussées de ces dialectes et le manque de cohérence des transcriptions phonétiques entre des différentes descriptions dialectales où [o] peut parfois indiquer [o], parfois [ꝋ], voire même [o ~ ꝋ] sans distinction. |
[ o (= ó) ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne-haussée postérieure arrondie. CODAGE. Unicode 006F = [ o ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Voir sous [ ꝋ ]. |
[ ʊ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle pré-haute postérieure arrondie. CODAGE. Unicode 028A = [ ʊ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Cette version plus abaissée de [u] se retrouve surtout en breton cornouaillais pour des ou- et o-finaux libres, p. ex. pennou ˈpɛnʊ, baro ˈba·ꝛʊ (une fluctuation entre ou et o qui fait le bonheur des rimes bretons). Cette abaissement du ou en syllabe finale est une réduction vocalique dû a l'accentuation pénultieme forte typique du breton de la Cornouaille. Il est le pendant – avec [ʌ] – de la réduction du i-final libre qui donne [ᴉ], [ɪ] et parfois [ɘ]. |
[ u ] | ÉTIQUETTE. la voyelle haute postérieure arrondie. |
[ y ] | ÉTIQUETTE. la voyelle haute antérieure arrondie. |
[ ʏ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle pré-haute antérieure arrondie. CODAGE. Unicode 028F = [ ʏ ]. |
[ œ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne-abaissée antérieure arrondie. CODAGE. Unicode 0153 = [ œ ]. |
[ ø̀ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne antérieure arrondie. CODAGE. Unicode 00F8 = [ ø ] & Unicode 0300 = [ ◌̀ ]. (ATTENTION ! N’apparaît pas correctement sur les pages internet.) |
[ ø (ǿ) ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne-haute antérieure arrondie. CODAGE. Unicode 00F8 = [ ø ] & 01FF = [ ǿ ]. |
[ ɨ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle haute médiale neutre. CODAGE. Unicode 0268 = [ ɨ ]. |
[ ʌ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne-abaissée postérieure étirée. Autrement : 'schwoh'. CODAGE. Unicode 028C = [ ʌ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION : Cette réalisation caractérise la prononciation du o en français depuis au moins le milieu du XXe siècle (voir l'article d'André Martinet 'C'est jeuli, le Mareuc !' (1958)). C'est un des marqueurs phonétiques du breton de beaucoup de néobretonnants contemporains puisque on ne trouve pas ce son accentué en breton. Par contre, on le trouve en centre Cornouaille comme réduction d'un o non-accentué comme dans Karnod ˈkaꝛnʌd. Voici un exemple néobretonnant du son pour le mot oll prononcé par le présentateur de 'Kreiz Mintin' en 2018 : de-mad d'en oll ! 'bonjour à tous !' |
[ ɘ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle haute-abaissée médiale étirée centralisée. Autrement : 'schwih'. CODAGE. Unicode 0258 = [ ɘ ]. |
[ ə ] | ÉTIQUETTE. la voyelle centrale. Autrement : schwa. CODAGE. Unicode 0259 = [ ə ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION : En français de France, le phonème /ə/ est plutôt arrondi, et il peut être souvent confondu avec le phonème /ø/, le mot je étant par exemple prononcé parfois comme le mot jeu, mais la distinction s'est maintenue en français québécois. [Wikipédia] |
Voyelles nasales
[ i͂ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle haute antérieure étirée nasale. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. N’existe pas en français standard. |
[ e͂ (è͂) ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne antérieure étirée nasale. CODAGE. Unicode 00E8 = [ è ] & Unicode 0303 = [ ̃ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. N’existe pas en français standard. La qualité de cette voyelle nasalisée se trouve entre [ɛ] et [e]. On pourrait strictement le transcrire comme [è͂] mais dû à l’absence de trois qualités d’e-nasalisée en breton on a préfère transcrire simplement [e͂] par souci de facilité. La qualité de cette voyelle nasalisée est un peu plus haute que [ɛ]. Elle se trouve surtout dans le breton septentrional (du Léon au Goëlo) dans des monosyllabes comme kreñv krè͂ ‘fort’ et kleñved ˈklè͂·vəd ‘maladie’ (Trégor). |
[ ɛ͂ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne-abaissée antérieure étirée nasale. CODAGE. Unicode 025B = [ ɛ ] & Unicode 0303 = [ ̃ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce son se trouve dans le français standard bʁɛ͂ pour brin. La qualité de cette voyelle nasalisée se trouve legèrement plus haut que [ɛ]. Elle se trouve surtout dans le centre et le sud Cornouaille dans des monosyllabes comme kreoñ (litt. kreñv) kxɛ͂w ‘fort’ (centre et sud Cornouaille et parties avoisinantes du Bas-Vannetais) et des pénultièmes comme tener ˈtɛ͂·nᵊꝛ ‘tendre’ (centre et sud Cornouaille). Là où on trouve en centre et en sud Cornouaille la nasalisation du e devant un n, m simple (exx. : gwener ˈɟɥɛ͂·nᵊꝛ, kement ˈcɛ͂mᵊn), on trouve un e-haussé non-nasalisé dans la Basse-Cornouaille et les dialectes septentrionaux, d’où les prononciations : ˈgɥe·nɐꝛ (Basse-Cornouaille), ˈgwe·nəɽ (Trégor), ˈgwe·nɛr (Léon). |
[ ɒ͂ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle basse-haussée postérieure neutre nasale. CODAGE. Unicode 0252 = [ ɒ ] & Unicode 0303 = [ ̃ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce son se trouve dans le français standard ɒ͂ pour pan. Voyelle nasale basse qui a évoluée en reculant dans la direction de [ɔ] sans atteindre cette réalisation. On trouve se son transcrit souvent comme [a͂] – qui est un abus – et [ɑ͂] qui l’en est toujours, mais moins. |
[ o͂ (ò͂) ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne postérieure arrondie nasale. CODAGE. Unicode 00F2 = [ ò ] & Unicode 0303 = [ ̃ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce son se trouve dans le français standard o͂ pour bon. La qualité de cette voyelle nasalisée se trouve entre [ɔ] et [o]. On pourrait strictement le transcrire comme [ò͂] mais dû à l’absence de trois degrés d’o-nasalisée en breton on a préféré transcrire simplement [o͂] par souci de facilité. |
[ y͂ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle haute antérieure arrondie nasale. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. N’existe pas en français standard. Cette voyelle est très rare en breton et se trouve surtout dans le mot puñs ‘puits’ (NALBB: 261) et tad-kuñv ‘bisaieul’ (ALBB: 575), bien que cette voyelle nasalisée est souvent dénasalisée dans beaucoup de dialectes. |
[ œ͂ ] | ÉTIQUETTE. la voyelle moyenne-abaissée antérieure arrondie nasale. CODAGE. Unicode 0153 = [ œ ] & Unicode 0303 = [ ̃ ]. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce son se trouve dans le français standard conservateur bʁœ͂ pour brun (mais pas la réalisation commune bʁɛ͂). |
DIACRITIQUES
[ ◌ ] | ÉTIQUETTE. cercles pointillés. CODAGE. Unicode 25CC = [◌] (ou HTML ◌ = [◌] pour l’internet) DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce symbole signifie l’emplacement d’une phone (soit voyelle, soit consonne) pour ne pas impliquer aucune d’entre elles pour bien exemplifier où se place le diacritique. |
[ ◌͡◌ ] | ÉTIQUETTE. tirant suscrit. CODAGE. Unicode 0361 = [◌͡◌] (ou HTML ͡ = [◌͡◌] pour l’internet) DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Le EXPAND |
[ ◌ˬ◌ ] | ÉTIQUETTE. caron souscrit. CODAGE. Unicode 02EC = [◌ˬ◌] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Nous employons le caron souscrit pour signaler un hiatus ([aˬo], [eˬo], etc.), mais seulement là où nous éprouvons le besoin de souligner la réalité du hiatus à cause des malentendus quant à la transcription des diphtongues descendantes. Sinon, nous sommes tout-à-fait d’accord avec l’opinion du linguiste américain Eric P. Hamp (1988: 13) que l’emploi d’un symbole pour montrer un hiatus est à éviter (“Pour rien du tout je préfère ne rien transcrire du tout. / For nothing at all I favour nothing at all.”). Néanmoins, puisque beaucoup de phonéticiens s’acharnent à employer des symboles vocaliques pour marquer des semi-voyelles non-syllabiques dans les diphtongues descendantes (du type [ao-au-aʊ] pour [aw], etc.), il peut s’avérer utile d’avoir une symbolisation pour souligner le fait qu’un hiatisme est bien un hiatisme et pas une diphtongue. Le symbole API pour montrer ceci est [a‿o] avec le symbole du tirant inversé [◌‿◌] (Unicode 203F ou HTML ‿ pour l’internet). Nous trouvons ce symbole trop lourd et préférons l’emploi d’une brève souscrite comme le fait le phonéticien anglais John Wells pour transcrire l’anglais ruin ˈruːˬɪn (qui n’est pas l'équivalent des diphtongues coin kɔɪn, main meɪn)6Les ‘autorités’ phonétiques anglaises qui ont précédées cette convention récente de Wells (et qui continuent à faire autorité dans beaucoup de dictionnaires) se contentaient de transcrire ruin phonétiquement simplement comme ˈruːɪn que seul la marque d’accentuation donnait aux lecteurs l’indice qu’il s’agissait d’une disyllabe. ; mais, faute de pouvoir trouver le symbole pour la brève souscrite, nous avons dû employer ici un caron souscrit [◌ˬ◌]. |
[ ◌-◌ ] | ÉTIQUETTE. trait d’union. DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Le trait d’union n’a pas de statut reconnu en API mais nous trouvons un contexte où son emploi s’avère utile : pour lier un morphème consonantique à un noyau syllabique contenu dans un autre morphème, p. ex. : ˈn-ɑ͂mzᵊꝛ pour an amzer | ˌn-e·vɑ͂ŋ ˈke pour n’evañ ked | ba-n ˈti pour ba'n ti | ga-j ˈvɑ͂m pour ga i vamm (plutôt que n ˈɑ͂mzᵊꝛ | n ˌe·vɑ͂ŋ ˈke | ba n ˈti | ga j ˈvɑ͂m). |
[ ◌ˑ ] | ÉTIQUETTE. demi-chrone (point triangulaire). CODAGE. Unicode 02D1 = [ ◌ˑ ] (ou HTML · = [ ◌· ], en caractere léger – pas gras – pour l’internet) DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Nous employons de préférence le demi-chrone [ · ] plutôt que le chrone [ ː ] pour signaler une voyelle longue en breton simplement parce que la voyelle longue en breton tend à être sensiblement plus court que ses équivalents longs dans les autres langues celtiques (le gallois et les langues gaéliques). Pour les consonnes longues – pour des raisons d’esthétique et de lisibilité seulement – nous préférons utiliser le dédoublement de la consonne. En breton moderne, les consonnes longues sont assez marginales : on ne trouve que des sonantes longues [mm-nn-ll-rr] et cela seulement en position médiale dans l’ouest Finistère. |
[ ◌ː ] | ÉTIQUETTE. chrone (deux-points triangulaires). CODAGE. Unicode 02D0 = [ ◌ː ] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Nous avons expliqué, ci-dessus, notre préférence – pour le breton – d’employer le demi-chrone [ · ] plutôt que le chrone [ ː ] pour signaler une voyelle longue. Nous gardons le chrone pour signaler une voyelle très longue dans des contextes emphatiques. |
[ ˈ◌ ] | ÉTIQUETTE. accent intensif primaire. CODAGE. Unicode 02C8 = [ˈ◌] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Nous employons une marque verticale suscrite pour signaler l’accent intensif primaire. Il vaut la peine ici de parler de la différence contextuelle entre l’emploi de l'accent intensif primaire en breton et en français. Le français porte l’accent intensif primaire sur la syllabe finale en toute circonstance mais surtout en contexte pausal, ce qui fait que l’accent intensif à tendance à ne pas se réaliser s’il n’est pas en position pausale. Par contre, l’accent intensif en breton KLT se porte aussi bien là où il n’y a pas de pause qu’en contexte pausal (en ceci il est plus semblable à l’allemand et à l’anglais). Pour illustrer cette différence nous pouvons transcrire la phrase française il dansait la java de ces façons : • il ˈdɑ͂·se la ˈʒa·va (prononciation bretonne à accentuation pénultième) ; • il dɑ͂ˈse· la ʒaˈva· (prononciation bretonne adaptée à l’accentuation finale du français) ; • il dɑ͂ˌsɛ la ʒaˈva (prononciation française typique). (Nous prévenons les lecteurs que ces contrastes proviennent d’une introspection due à notre mémoire vécue depuis la fin des années 1960 qui tente de schématiser l’accent breton du français des vieux bretonnants du centre Cornouaille avec lesquels on était familiers). L’adaptation d’une prononciation bretonne du français à l’accentuation finale du français montre une intéressante étape intermédiaire entre une accentuation bretonne et française où l’accentuation était bien finale mais avec un transfert de la longueur à cette syllabe finale. Gary German m'a communiqué une prononciation bretonnante intermédiaire du point de vue intonation que sa mère de Saint-Ivy (née 1922) connaissait puisque son grand-père à elle (né dans les annéés 1880) la lui chantait en dansant, et que je présente comme on me l'a fournie : Il dansait la java et le rouli-rouli il ˈdãsẹ la ʒaˈva ɛ ˈlø ʁuˈli ʁuˈli (chanson connue aussi sous le nom de 'La java des pompons rouges'). La prononciation de l’emprunt français parapluie en breton cornouaillais central est, soit paꝛˈply·, soit paꝛˈply, et le nom d’homme plutôt exotique de Humphrey – que nous avons eu maintes occasions d’entendre puisque c’était le nom de notre père Humphrey Humphreys – se réalisait ɛ͂mˈfxe· chez les bretonnants plus agées et même fxe· chez un individu (la prononciation anglaise d’origine est ˈhəmfri, mais il était toujours présenté aux gens en France sous sa forme francisé comme soit ɛ͂ˈfxe, soit ɛ͂mˈfxe). CHK aussi généralement : Favereau, German, Madeg, Cheveau. Pour montrer la syllabe accentuée dans l'usage supermimétique du breton, voir le tiret souscrit simple <◌̲> ou double <◌̳>, ci-dessous. |
[ ˌ◌ ] | ÉTIQUETTE. accent intensif secondaire. CODAGE. Unicode 02CC = [ˌ◌] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Nous employons une marque verticale souscrite pour signaler l’accent intensif secondaire. L’emploi de l’accent intensif secondaire est moins systématique chez plus ou moins tous les phonéticiens qui ont décrit le breton, surtout si la syllabe concernée est précédée dans la transcription d’un espace ‘intermorphémique’, p. ex. : ba Kroasann Mây Jaoer ‘à Kroasann Mây Jaoer’ qui se transcrirait aussi bien ba kxasᵊn majˈʒawᵊꝛ que ba ˌkxasᵊn majˈʒawᵊꝛ sans qu’on se tromperait trop quant à l’accentuation là où une transcription bakxasᵊnmajˈʒawᵊꝛ pourrait facilement occulter l’accent intensif secondaire. L’existence réelle d’une accentuation intensive secondaire est bien démontrée dans les dialectes KLT par la tendance des syllabes antépénultièmes (immédiatement prétoniques) à se réduire et de s’amuïr plutôt que la syllabe précédente qui elle porte l’accent intensif secondaire, comme l’illustrent ces réalisations tirées du breton central : anaoudegez ˌɑ͂nɔwˈde·gᵊz > an’degez ˌɑ͂nˈde·gᵊz | interamant ˌintɛˈɣɑ͂mᵊn > int’ramant ˌinˈtxɑ͂mᵊn. |
[ "◌ ] | ÉTIQUETTE. accent intensif emphatique. CODAGE. Unicode 0022 = ["◌] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Nous employons deux marques verticales (ou plutôt – en l’absence de ce symbole exact – des guillemets verticaux) pour signaler une accentuation intensive emphatique. Nous avons entendu récemment chez une femme de Cléden-Poher la forme emphatique de gwenn – normalement ȡʑɥɛn – réalisée comme gwenn ! "ȡʑɥɛnˀ ! (avec un accent intensif emphatique accompagné de l’éclosion d’une occlusive glottale sourde qui explique les graphies tant, ont, sont pour tann, onn, sonn qu’on trouve parfois dans la toponymie). L’accentuation intensive emphatique – plus forte que l’accentuation intensive primaire – est courante en breton cornouaillais (nous ne savons pas s’il existe dans les autres aires dialectales bretonnes). |
[ ◌̆ ] | ÉTIQUETTE. brève (diacritique philologique). CODAGE. Unicode 0306 = [◌̆] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce diacritique n’est pas à strictement parler un symbole phonétique mais plutôt un d’ordre mimétique. La brève suscrite fut employée par les philologues (pratiquants de la linguistique historique issus de la tradition de la linguistique comparatif indo-européen du XIXe sìecle) pour indiquer une voyelle longue. Les études majeures de Kenneth Jackson sur l’évolution historique du brittonique (1953) et du breton (1967) sont des exemples marquants de l’emploi de la brève pour la brévité vocalique. |
[ ◌̄ ] | ÉTIQUETTE. macron (diacritique philologique). CODAGE. Unicode 0304 = [◌̄] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce diacritique n’est pas à strictement parler un symbole phonétique mais plutôt un d’ordre mimétique. Équivalant mimétique du chrone et demi-chrone phonétique (voir ci-dessus), le macron (suscrit) fut employé par les philologues (pratiquants de la linguistique historique issus de la tradition de la linguistique comparatif indo-européen du XIXe sìecle) pour indiquer une voyelle longue. Les études majeures de Kenneth Jackson sur l’évolution historique du brittonique (1953) et du breton (1967) sont des exemples marquants de l’emploi du macron pour la longueur vocalique. Madeg (2010a: 49) suggère l’utilité de l’emploi du macron pour indiquer une voyelle longue en usage mimétique. Nous signalons que le HLBI emploie le macron dans ses conventions mimétiques pour montrer un a- ou un o-non-nasalisé dans des contextes accentués devant n-m où on s'attendrait à une a- ou un o-nasalisé, exx. : Kerānna kɛˈɣana au lieu de Keranna kɛˈɣɑ͂nᵊ | br-léonard justāmant ʒyˈstamɑ͂n contre le br-cornouaillais justamant ʒyˈstɑ͂mᵊn | Kerivōnn kɛꝛiˈvɔn avec le nom de femme français Yvonne contre Kerivon kɛˈɣi·vo͂n avec la version bretonne du nom d'homme français Yvon. Rappelons que la tendance majoritaire dans les pays KLT est de ne pas nasaliser les a devant n-m dans les positions antépénultièmes inaccentuées, donc on trouvera plutôt des a-non-nasalisés devant n-m dans la syllabe prétonique des mots suivants : amânn, amezeg, anoued, kamion. Ceci est vrai aussi pour l'allomorphe an de l'article défini qui se prononce plutôt an que ɑ͂n en registre posé puisque c'est un clitique qui n'est jamais accentué (la prononciation expansive ɑ͂n, plus commun vers le Léon, est due à l'influence d'une prononciation mécanique issu de la lecture et a sans doute été propagée par la prêche). |
[ ◌̲ ] | ÉTIQUETTE. tiret souscrit simple (diacritique mimétique). CODAGE. Unicode 0332 = [◌̲] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce diacritique n’est pas à strictement parler un diacritique phonétique mais plutôt un d’ordre mimétique (plus précisément ‵supermimétique′). L’emploi d’un tiret souscrit simple sous une voyelle ou un digraphe vocalique peut être utile en usage mimétique breton pour indiquer une syllabe accentuée. Il peut servir pour indiquer l’accent intensif primaire là où seulement l’accent intensif primaire sera indiqué (exx. di̲bri, po̲u̲llou pour ˈdiˑbi, ˈpulu) mais là où les accents intensifs primaires et secondaires sont de mises le tiret souscrit simple pourrait indiquer un accent intensif secondaire (exx. mi̲line̳rez pour ˌmiliˈneˑꝛəz) contre un accent intensif primaire qui lui serait indiqué à ce moment là par un tiret souscrit double (exx. di̳bri, po̳u̳llou pour ˈdiˑbi, ˈpulu) (notez que nous ne pouvons pas montrer les tirets souscrits continus – simple ou doubles – pour les digraphes vocaliques sur une page internet). |
[ ◌̳ ] | ÉTIQUETTE. tiret souscrit double (diacritique mimétique). CODAGE. Unicode 0333 = [◌̳] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce diacritique n’est pas à strictement parler un diacritique phonétique mais plutôt un d’ordre mimétique (plus précisément ‵supermimétique′). Madeg (2010a: 49) suggère l’utilité de l’emploi du tiret souscrit double pour indiquer un accent intensif primaire en usage mimétique breton. (notez que nous ne pouvons pas montrer le tiret souscrit double continu pour les digraphes vocaliques sur une page internet). Si l’accent intensif secondaire n’est pas de mise dans la transcription mimétique voulue, nous ne voyons aucun inconvénient à employer le tiret souscrit simple (voir ci-dessus) pour indiquer l’accent intensif primaire. |
[ ◌̯ ] | ÉTIQUETTE. brève inversée souscrite (diacritique philologique). CODAGE. Unicode 032F = [◌̯] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Ce diacritique n’est pas à strictement parler un diacritique phonétique mais plutôt un d’ordre mimétique (plus précisément ‵supermimétique′).. La brève inversée souscrite fut employée par les philologues (pratiquants de la linguistique historique issus de la tradition de la linguistique comparatif indo-européen du XIXe sìecle) pour indiquer une ‘voyelle’ avec une qualité consonantique. Les symbolisations < i̯-u̯-ü̯ > sont donc équivalents aux symboles phonétiques [j-w-ɥ]. Les études majeures de Kenneth Jackson sur l’évolution historique du brittonique (1953) et du breton (1967) sont des exemples marquants de l’emploi de la brève inversée souscrite pour indiquer la qualité consonantique de symboles essentiellement vocaliques. |
CONTEXTES SANDHIS ET PRAGMATIQUES
[ ◌# ] | ÉTIQUETTE. croisillon. CODAGE. Unicode 0023 = [◌#] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Le croisillon sert à indiquer la prononciation d’un mot qui est spécifiquement en fin d’énoncé et donc devant une pause dans le discours. C’est un fait commun qu’il existe assez souvent un contraste entre une forme pausale et une forme non-pausale d’un mot, p. ex. : br-fanch pennaou ‘têtes’ qui est ˈpɛnʌ́w# devant pause avec la montée du ton (mélodie) de la syllabe (Humphreys 1995: 58, 60, 66–67), contre ˈpɛnʌw en position non-pausale sans montée du ton, comme dans pennaou braz ˌpɛnʌw ˈbraˑz ‘grandes têtes’. D’autres formes pausales qui se distinguent des formes non-pausales sont : 1. l’occlusive glottale sourde [ˀ] suivant un [n-m-ŋ-ꬼ] final qui représente ce qui reste d’une occlusive sourde <p-t-k> d’origine qui suivait une consonne nasale, p. ex. : an hent ˈn-ɛ͂nˀ# contre un hent all oˌn-ɛ͂ndˈɛl | un hent ledan oˌn-ɛ͂n(d)ˈlɛˑdᵊn | an hent-praz əˌn-ɛ͂mˈpxaˑz̥ | un hent glaz oˌnɛ͂ŋˈklaˑz̥ | an hent-treuz ˌn-ɛ͂nˈtxøˑz̥ (d’autres mots qui montrent des variations contextuelles semblables sont pemp | stank | hint (litt. int ‘ils, eux’)). 2. les occlusives et certaines fricatives dans une monosyllabe à vocalisme long devant une pause ont tendance à être réalisés médius [b̥-d̥-g̊-z̥] tandis que leurs formes non-pausales sont, soit lénis [b-d-g-z] devant voyelles, consonnes sonores et consonnes lénis non-homonymes, soit fortis [p-t-k-s] devant consonnes fortis ou consonnes lénis homonymes, donc, p. ex. : ur haz oˈhaˑz̥# contre ur haz all oˌhaˑzˈɛl | ur haz bian oˌhaˑz ˈbijᵊn ‘un petit chat’ | ur has-pian oˌhasˈpijᵊn ‘un chaton’ | ur haz-koad oˌhasˈkwat (notez que du point de vue des parlers centraux – du moins – la réalisation médius [z̥] est assimilée au /z/ plutôt qu’au /s/ et que des transcriptions de la prononciation de kaz comme kaˑs sont fautives). Dans les monosyllabes à vocalisme brève on trouve plutôt la forme fortis [p-t-k-s] plutôt que la forme médius (p. ex. tud tyt, porz pɔꭗs, etc.) mais dans les polysyllabes où on trouve une réalisation médius [b̥-d̥-g̊-z̥] l’assimilation d’une occlusive finale médius au lénis est moins évidente que dans les monosyllabes, donc on notera que zotred (litt. saotred) se réalise devant pause ˈzɔtᵊd̥# mais s’assimile tout aussi bien au fortis /t/ qu’au lénis /d/ (le HLBI favorise une assimilation au lénis – /d/ dans ce cas – mais cela relève un peu du fait que les participes passés sont le plus souvent suivis de voyelles ou de consonnes sonores (ex. zerred eo ˌʒɛˑꝛᵊd ˈe ‘c’est fermé’) contre le deuxième personne plurielle de l’impérative qui est suivi de la deuxième personne des personnelles ho ‘votre’ (ex. zerret ho peg ! ˌʒɛꝛt o ˈpeg ! ‘fermez votre bouche !’). (La différence vocalique-syllabique entre ˈʒɛˑꝛᵊd et ʒɛꝛt est due au fait que le zerret impérative est clitique et n’a donc pas de forme pausale. Notez que dans le Poher – contrairement aux attentes d’une conception tout-à-fait mécanique du fonctionnement du sandhi – on peut contraster (me meuz) zerred ’ney ˌʒɛˑꝛᵊd ˈnɛj ‘(je) l’ai fermée’ de zerret ’ney ˌʒɛꝛt ˈnɛj ! ‘fermez la !’ – on remarquera que de telles différences contextuelles font en sorte qu’il devient utile de distinguer mimétiquement la forme impérative écrite avec un -t contre le participe passé écrit avec un -d. De plus, notez que la forme -it du deuxième personne plurielle de l’impérative qui bénéficie d’un statut littéraire est une dérivation secondaire de la forme historique -et qui s’est conservée dans l’Est bretonnant). Les exemples que nous avons donnés reflètent le breton central en général et plus spécifiquement le breton du Poher autour de Carhaix. Il est évident que le jeu du sandhi en breton est très complexe et compte tellement de sous-règles sans compter les exceptions qu'il peut devenir fastidieux d'énoncer les principes gouvernants. Ce qui importe pour le lecteur c'est de digérer la complexité réelle du phénomène et de ne pas appliquer mécaniquement les rouages du sandhi que nous avons décrites pour le breton central à tout autre dialecte léonais, trégorrois, basse-cornouaillais, vannetais avant d'avoir – au préalable – soigneusement observé et étudié ces dialectes. |
[ ♪ ] | ÉTIQUETTE. note simple CODAGE. Unicode 266A = [♪] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Nous utilisons le symbole d’une note simple pour signaler que la prononciation provient du registre emphatique cadencé au niveau de la phrase (déclamation, discours scandé, discours martelé, psalmodie, poésie, rimaille, devinette, proverbe), cf. le registre chanté. |
[ ♫ ] | ÉTIQUETTE. note double CODAGE. Unicode 266B = [♫] DISCUSSION ET EXEMPLIFICATION. Nous utilisons le symbole d’une note double pour signaler que la prononciation provient du registre chanté (chanson, berceuse, comptine, ritournelle, refrain) ; cf. le registre emphatique cadencé au niveau de la phrase. |
POSTÉ juin 2020.
Notes
↑1 | Des telles confusions entre dentales et vélaires ne sont pas réservées aux occlusives palatalisées en position finale mais aussi aux dentales et vélaires non-palatalisées en position finale quand elles ne sont pas sous l’accent, donc nous entendons chez certains informateurs du Poher des variantes comme : Skrinyed < Skrinyeg (= Scrignac, Finistère) ; Speyeg < Speyed (= Spézet, Finistère). |
---|---|
↑2 | J’adhère à priori aux conventions établies par Geoff Lindsey pour transcrire les voyelles anglaises (voir ses blogs ‘Standard Southern British: vowel symbols’ datant de 2015 et The British English vowel system’ datant de 2012). |
↑3 | En regard de ses conventions phonémiques pour /nt/ et /mp/ en finale accentuée, Plourin précise [1982: 6–7] que “la plosive finale ne s’entend habituellement pas, surtout à Langonnet, mais réapparait lorsque l’on rajoute une désinence;” et de conclure “[qu’]il vaut donc mieux la maintenir dans la transcription phonémique.” |
↑4 | Les transcriptions dans les conventions API des langues gaéliques sont respectivement (liŋgˊə) et (lˊiɴˊə). |
↑5 | En français, l’existence autrefois d’un r-battu [ɾ] vs r-roulé [r] explique l’amuissement d’-er dans certains cas mais pas dans d’autres (Y.-C. Morin 2005: 13). |
↑6 | Les ‘autorités’ phonétiques anglaises qui ont précédées cette convention récente de Wells (et qui continuent à faire autorité dans beaucoup de dictionnaires) se contentaient de transcrire ruin phonétiquement simplement comme ˈruːɪn que seul la marque d’accentuation donnait aux lecteurs l’indice qu’il s’agissait d’une disyllabe. |